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E.M. Forster
(Londres, 01/01/1879 - Coventry, 07/06/1970)


forster
 

"Il est le fils d'Edward Morgan Forster, architecte, et de son épouse, née Alice (« Lily ») Whichelo (cousine du peintre Philip Whichelo). Son grand-père paternel, le révérend Charles Forster (vers 1787-1871) était recteur de la paroisse anglicane de Stisted (à Braintree dans l'Essex) et spécialiste des langues sémitiques.[...]

Son père meurt jeune de la tuberculose. Edward Morgan fait ses études secondaires à Tonbridge, une école privée dans le Kent, dont il a gardé un mauvais souvenir, puis au King's College de l'université de Cambridge, où il trouve plus de compréhension et de liberté. À partir de 1901, il fait partie des Cambridge Apostles, connus aussi sous le nom de Cambridge Conversazione Society, dont nombre de membres ont ensuite fait partie du groupe de Bloomsbury. Durant cette période, Forster est également en relation avec Siegfried Sassoon, J. R. Ackerley, et Forrest Reid ; il voyage en Égypte, en Allemagne et aux Indes avec l'humaniste G.L. Dickinson en 1914.

Après ses études universitaires, Forster voyage en Europe en compagnie de sa mère avec qui il a vécu jusqu’à la mort de celle-ci en 1945. Il publie son premier roman à 26 ans ; ses livres sont appréciés des critiques, et il connaît le succès avec Howards End (1910).

Travaillant pour la Croix-Rouge en Égypte durant l’hiver 1916-1917, il tombe amoureux d’un jeune Égyptien de 17 ans, Mohammed el-Adl, mort prématurément en 1922. Après un second séjour aux Indes dans les années 1920, il écrit son roman le plus célèbre qui étudie les rapports entre Occidentaux et Indiens, La Route des Indes. Dans les années 1930 et 1940, il devient une figure populaire de la radio par ses interventions à la BBC.

Après la mort de sa mère, Forster est élu membre honoraire du King's College en janvier 1946 où il accepte un poste honorifique et où il passe le reste de sa vie, sans produire de nouvelles œuvres notables. [...]
Il meurt [...] d’un accident vasculaire cérébral, le 7 juin 1970 à l'âge de 91 ans, chez Buckingham à Coventry.

La publication de Maurice et de ses nouvelles explicitement homosexuelles ont été source de controverses après sa mort." (Wikipedia)

 

route des indes
En couverture : photo extraite du film de David Lean : A passage to India (1984).

- Route des Indes (Passage to India, 1924). Traduit de l'anglais par Charles Mauron en 1927. Christian Bourgois Editeur. 407 pages.

"Route des Indes fut immédiatement un gros succès de vente et de critique. C’est de beaucoup le meilleur roman de l’auteur, qui a su, cette fois, faire abstraction de soi et laisser vivre ses personnages hors de lui-même. L’ouvrage provoqua en outre de furieuses discussions en posant d’une façon objective tout le problème anglais aux Indes. Les sympathies de l’auteur étaient acquises aux indigènes sans qu’il se dissimulât la difficulté de trouver une solution." (introduction, page 10).

Le début du roman présente les lieux.
"Hormis les grottes de Marabar - et elles sont à vingt milles de distance - la cité de Chandrapore n’offre rien d’extraordinaire. Bordée plutôt qu’arrosée par le Gange, elle s’étire pendant deux milles le long de la rive, à peine discernable des débris qu’elle y dépose si généreusement." (page 15).
Chandrapore est une ville inventée par l'auteur, contrairement aux grottes de Marabar.

grottes de marabar
Extérieur des Grottes de Marabar

Le thème principal du roman est l'incompréhension réciproque des Anglais et des Indiens.

Voici le Dr Aziz, un des protagonistes principaux du roman, qui mange avec des amis :
"Ils discutaient pour savoir s’il était possible, oui ou non, de lier amitié avec un Anglais. [...]
- Je soutiens seulement que c’est possible en Angleterre, répondit Hamidullah qui l’avait habitée autrefois, avant la grande poussée, et avait été cordialement accueilli à Cambridge.
- C’est impossible ici, Aziz ! [...]
- En effet, il n’y a rien à faire ici pour eux, voilà mon avis. Ils arrivent avec l’intention d’être gentlemen, puis on leur dit que ça n’ira pas. [...] Ils deviennent tous exactement les mêmes, ni meilleurs ni pires. Je donne deux ans à n’importe quel Anglais [...]. À une Anglaise quelconque, je lui donne six mois. Elles sont toutes exactement semblables
." (pages 19-20).
La bonne volonté, les belles idées cèdent tôt ou tard (et plus tôt que tard) devant les opinions de la majorité. Car, même si certains Anglais, individuellement, ne sont pas forcément d'accord avec la façon de considérer les Indiens, il y a l'instinct grégaire qui va faire qu'un Anglais préférera toujours avoir tort avec un Anglais que raison avec un Indien.

lean
Aziz (Victor Banerjee, à gauche) avec ses amis, dans le film de David Lean adapté du roman (1984)

Il arrive à Aziz de prendre la vie du bon côté :
"Lorsqu’il était de belle humeur, les Anglais lui apparaissaient comme une invention comique et il se réjouissait de n’en être pas compris." (page 72).

Mais il n'y a pas qu'un problème d'incompréhension entre Anglais et Indiens ; les Indiens eux-mêmes ne se comprennent pas toujours, ce qui est logique au vu de la diversité de l'Inde.
Les religions, les convenances imposées par la société constituent des obstacles, mais ce ne sont les pas seuls : de façon plus générale, le livre aborde le problème de la compréhension de tout individu par un autre. Quand Aziz fait une bonne action (le prêt d'un bouton), il finit par être mal vu d'un Anglais, et uniquement parce que ce dernier aura eu des préjugés : lorsque quelque chose va de travers dans la tenue d'un Indien, l'Anglais ne va pas chercher une excuse "positive" : c'est nécessairement dans la nature même de l'Indien que d'être fautif.

Il y a souvent de l'humour désabusé. Voici par exemple comment Forster parle d'un certain Mr McBryde :
"Mr McBryde, le surintendant de police du district, était le plus réfléchi et le mieux éduqué des fonctionnaires de Chandrapore. Il avait beaucoup lu et beaucoup pensé, et, grâce à un mariage assez malheureux, s’était construit une philosophie complète de l’existence." (page 213).

Voici le début de la trame de l'histoire :.
Adela Quested, une jeune femme, est arrivée d'Angleterre en compagnie de Mrs Moore, une dame d'un certain âge : il se pourrait fort qu'Adela épouse son fils, Ronny, qui travaille à Chandrapore comme magistrat. Elle le connaissait d'avant son départ en Inde.
Peu après leur arrivée, les Anglais du club jouent Cousine Kate.
"On avait fermé les contrevents des fenêtres pour éviter que les domestiques ne vissent jouer leurs maîtres, et la chaleur était devenue étouffante." (page 35).
Toujours les convenances... C'est vrai qu'une telle vision pourrait saper l'autorité britannique.

route des indes
Ah, Cousine Kate, un grand moment de musique et de bon goût anglais...

Adela s'imagine ce que serait sa vie si elle se mariait avec Ronny.
"Devant elle tomba comme une jalousie une vision de leur vie commune. Elle viendrait au club avec Ronny chaque soir, une voiture les ramènerait chez eux au moment de s’habiller ; ils verraient les Lesley, les Callendar et les Turton et les Burton qu’ils inviteraient et par qui ils seraient invités, cependant qu’à côté d’eux l’Inde vraie glisserait, inaperçue. La couleur resterait : le déploiement des oiseaux à l’aube, les corps bruns, les blancs turbans, les idoles à chair écarlate ou bleue ; et le mouvement resterait, aussi longtemps qu’il y aurait une foule aux bazars et des baigneurs aux citernes. Perchée sur le siège élevé d’un dog-cart, elle regarderait. Mais la force qui anime couleur et mouvement lui échapperait et même plus sûrement qu’aujourd’hui. Elle verrait l’Inde comme une frise, elle n’en connaîtrait jamais l’âme [...]" (pages 63-64) .

Est-ce parce qu'elles sont arrivées depuis peu de temps, ou bien parce qu'elles sont plus ouvertes d'esprit (qualité qui peut d'ailleurs se perdre), toujours est-il que Mrs Moore et Adela parlent correctement aux Indiens, s'intéressent à ce qu'ils ont à dire, et voudraient comprendre l'Inde.
De fil en aiguille, le Dr Aziz, qu'elles ont rencontré, va décider d'organiser pour elles une visite des grottes de Marabar... C'est alors que le livre bascule, avec l'irruption d'un événement mystérieux.

Il est clair que les fameuses grottes symbolisent quelque chose.
"Les grottes de Marabar représentent un endroit dans lequel la concentration peut prendre place. Une cavité. Elles étaient quelque chose qui concentrait tout, elles devaient engendrer un événement comme un oeuf." (cf une interview de l'auteur à lire - en anglais - sur http://losarciniegas.blogspot.fr/2012/12/em-forster-art-of-fiction.html ).

Il y a beaucoup d'interprétations possibles (une confrontation à soi-même, ou à l'univers primitif, aux forces telluriques...), c'est aussi ce qui fait la richesse du livre.
On doit pouvoir le relire, trouver des détails, réfléchir à sa construction en trois parties (thèse, anti-thèse, synthèse), l'influence des saisons sur l'histoire (printemps, chaleur d'été, mousson)... Et se dire que le titre anglais "A Passage to India" est meilleur que "Route des Indes", qui suggère une trop grande facilité (il n'y aurait en somme qu'à suivre la route).

Route des Indes est vraiment un excellent roman, profond, prenant.


La Route des Indes (1984), de David Lean est tiré du roman ainsi que de l'adaptation théâtrale de Santha Rama Rau. Il a remporté l'Oscar de la meilleure actrice de second rôle (Peggy Ashcroft, dans le rôle de Mrs Moore) et celui de la meilleure musique (Maurice Jarre). Il a également eu 9 nominations (meilleur film, réalisateur, etc.).
On notera que l'Indien Godbole est interprété par Alec Guiness.
L'adaptation est très bien faite. Il y a forcément quelques coupures, quelques ajouts ; des scènes difficilement adaptables ont été remplacées par d'autres scènes qui finalement signifient à peu près la même chose mais passent mieux au cinéma. David Lean n'a pas chercher à coller à tout prix au texte. C'est du très bon boulot. Evidemment, le livre reste meilleur, mais c'est quand même un très bon film.

 

 

 

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