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Harold Pinter
(Londres, 10/10/1930 - Londres, 24/12/2008)


harold pinter  


Né dans une famille juive d'origine russe.
"Pendant sa jeunesse, l'auteur a souvent été confronté à l'antisémitisme ce qui, selon ses dires, a largement contribué à nourrir sa vocation de dramaturge. Durant la Seconde Guerre mondiale, il quitte à 9 ans la capitale britannique et n'y revient qu'à ses 12 ans. Plus tard, il avoue que l'expérience des bombardements ne l'a jamais lâché."
Il publie des poèmes et sa première pièce – The Room - est montée par des étudiants en 1957.
1958 : The Birthday Party. Intérêt critique, mais le public ne suit pas pour le moment.
Son premier grand succès est Le Gardien (The Caretaker) en 1960.

Il est dans sa première période dont les pièces, partant d'une situation banale, virent rapidement à l'absurde menaçant. On peut alors le rapprocher de Beckett.
Sa deuxième période est plus lyrique (Landcape, 1967, Silence, 1968).
Sa troisième période est plus politique (One for the Road, 1984).

Mais il ne faut bien sûr pas établir de cloisonnement étanche.

Il obtient le prix Nobel de Littérature en 2005. L'Académie dit que, dans ses œuvres, il « découvre l'abîme sous les bavardages et se force un passage dans les pièces closes de l'oppression. »

Il est également largement connu comme scénariste, et notamment sa collaboration avec Joseph Losey (The Servant, Accident, Le Messager). Il a écrit le scénario de La Maîtresse du Lieutenant Français (1981), de Karel Reisz, d'après le roman de John Fowles.

Merci wikipedia.

le retour

Le Retour (The Homecoming, 1960). Pièce en deux actes traduite de l'anglais par Eric Kahane. Gallimard. 87 pages.

La trame est très simple : Au cours de son voyage de noces en Europe, Ted, un professeur d'université américaine, retourne avec sa femme, Ruth, dans sa maison d'enfance à Londres. Il présente à cette occasion sa femme à sa famille, qui habite la maison. Il y a son père, Max, son oncle, Sam, et ses frères, Lenny et Joey.
Au début de la pièce, on voit la vie quotidienne de la famille. Ce n'est pas triste ou bien, si, plutôt.

Tout le monde traite tout le monde comme de la merde.
Par exemple, Max saoule un peu son monde en parlant du passé, et notamment de sa femme, dans l'extrait suivant :

"Remarque, ce n'était pas une si mauvaise femme. Même si ça me rendait malade de voir sa sale gueule pourrie, ce n'était pas une si mauvaise garce. En tout cas, je lui ai donné les meilleures années de ma putain de vie.

Lenny : Ferme ta gueule, tu veux bien, vieille loque, j'essaie de lire le journal.

Max : Je vais te fendre les os si tu me parles comme ça ! C'est compris ? Parler à ton vieux salaude de père comme ça !" (page 11).

L'oncle travaille comme chauffeur ; ça parle course de chevaux. Joey veut devenir boxeur...

A un moment, Max tente de calmer le jeu. Il s'adresse à Sam :

"Je veux que tu envoies promener toute cette rancune que tu as contre moi. Je voudrais pouvoir la comprendre. Honnêtement, est-ce que je t'en ai donné un motif ? Jamais. Quand Papa est mort, il m'a dit : Max veille sur tes frères. Voilà exactement ce qu'il m'a dit.

Sam : Comment a-t-il pu dire ça puisqu'il était mort ?

Max : Quoi ?

Sam : Comment pouvait-il parler, puisqu'il était mort ?" (page 43).

Ruth n'est tout d'abord pas spécialement bien accueillie.

"Ils reviennent d'Amérique, ils apportent le seau à ordures avec eux ! Ils apportent le pot de chambre avec eux ! (A Joey.) Enlève-moi cette vérole d'ici. Ote-la d'ici.

Teddy : C'est ma femme.

Max, à Joey : Fous-les dehors." (page 46).

Finalement, Ruth est un beau brin de fille, tout le monde le reconnaît. Drôlement sympa, aussi, la donzelle.
L'atmosphère se détend un peu, ou plutôt elle change. Il y a une sorte de regroupement des forces face à Ted.

Lenny s'intéresse au travail de Ted, qui est professeur de philosophie. Il lui pose des questions :

"Lenny : Comment ce qui est inconnu peut-il mériter le respect ? En d'autres termes, comment peux-tu respecter ce que tu ignores ? Parallèlement, il serait ridicule d'avancer que ce qu'on connaît mérite le respect. Ce qu'on connaît peut mériter beaucoup de choses, mais il est évident que le respect n'en fait pas partie. En d'autres termes, en dehors du connu et de l'inconnu, qu'est-ce qu'il y a ?

Un temps.

Teddy : j'ai bien peur de ne pas être qualifié pour te répondre.

Lenny : Mais tu es un philosophe ! Allons,sois franc ! Comment vois-tu toute cette affaire de l'être et du non-être ?" (page 56).

Le retour de Ted permet bien sûr d'évoquer le passé. Ca papote, ça se chamaille, qui est-ce qui a mangé mon sandwich au fromage, ça parle filles...

Une pièce de théâtre verbeuse, qui vers la fin part en vrille, et c'est là que c'est (un peu) rigolo tellement c'est absurde.

le gardien

Le Gardien. (The caretaker, 1960). Gallimard. Nouvelle traduction de l'anglais par Philippe Djian. 92 pages.

Il n'y a que trois personnages dans cette pièce : Mick, Aston, et Davies, un vieil homme.

Un seul lieu : une pièce avec un bric-à-brac pas possible : évier de cuisine, escabeau, seau à charbon, tondeuse à gazon, boîtes, tiroirs de buffet, une cuisinière à gaz (qui ne marche pas), une statue de Bouddha, un seau suspendu au plafond. Bref : mon appart, à côté, est vraiment nickel.

Davies a été pris dans une bagarre, et Aston l'a sorti de là. Il l'a amené chez lui, enfin dans cette pièce.

Davies profère rapidement des propos racistes : Noirs, Grecs, Polonais, tous dans le même panier. Il a laissé ses affaires lors de la bagarre, ça l'embête bien. Et il faut qu'il récupère ses papiers, tiens. Ah, et puis s'il pouvait se procurer des chaussures, ce serait pas mal, aussi.

Mais les papiers, ouais. Sans eux, il est coincé, Davies. Il l'explique bien :
"Vous voyez, le nom que je porte, aujourd'hui, c'est pas mon vrai nom. Mon vrai nom n'est pas celui que j'utilise, vous comprenez. C'est pas le même. Vous voyez, le nom sous lequel je me présente aujourd'hui, c'est pas mon vrai nom. C'est un nom d'emprunt." (page 53)

Il doit le dire encore plus clairement, au cas où on n'aurait pas tout à fait bien compris, mais je crois que là, quand même, on l'a compris.

Alors, on peut d'ores et déjà citer Beckett, comme influence, ou bien, au choix les Schtroumpfs ("C'est encore loin ? / Non, plus maintenant... C'est encore loin ? Non, plus maintenant... / C'est encore..."), mais ça fait moins chic.

Enfin voilà.

Aston est sympa, il lui propose de l'héberger. Ca tombe bien, il y a un deuxième lit dans le capharnaüm de la pièce.
Mais voilà que le troisième personnage apparaît. C'est Mick. Mick regarde Davies :
"Tu me rappelles un frère de mon oncle. Cet homme-là, il ne tenait pas en place. Jamais sans son passeport." (page 38).

Une page plus loin, on peut lire - et c'est toujours Mick qui parle :

"Ma chambre te plaît ?

Davies : Votre chambre ?

Mick : Oui.

Davies : C'est pas votre chambre. Je sais pas qui vous êtes. Je vous ai encore jamais vu.

Mick : Tu sais, crois-le ou non, mais tu as une sacrée ressemblance avec un type que j'ai connu à Shoreditch, autrefois. A vrai dire, il vivait à Aldgate. J'habitais avec un cousin à Camden. Ce type, il avait un terrain à Finsbury Park, près du dépôt d'autobus. Quand je l'ai connu un peu mieux, j'ai appris qu'il avait été élevé à Putney. Pour moi, ça ne faisait aucune différence. Je connais pas mal de gens qui sont nés à Putney. S'ils sont pas nés à Putney, ils sont nés à Fulham. Le hic, c'est qu'il était pas né à Putney, il avait seulement été élevé à Putney. Il s'est avéré qu'il était né dans Caledonian Road, juste avant d'arriver à Nag's Head. Sa vieille maman habitait toujours à l'Angel. Tous les bus passaient juste devant sa porte. Elle pouvait prendre le 38, le 581, le 30 ou le 38A, descendre Essex Road en direction de Dalston Junction et y être en moins de deux." (pages 39-40).

A ce propos, je pourrais vous parler de la ligne 7 du métro, qui passe vraiment pas loin de chez moi, même que je suis à Gare de l'Est en moins d'un quart d'heure. C'est drôlement pratique, non ? D'ailleurs, l'autre jour, alors que j'en parlais à quelqu'un, j'ai vu un gars, pas possible, il ressemblait comme deux gouttes d'eau à un mec que j'ai bien connu. C'est pas possible, j'ai pensé.

Enfin, voilà, il doit s'agir d'une illustration de ce que l'Académie Nobel disait à propos de Pinter, à savoir qu'il « découvre l'abîme sous les bavardages et se force un passage dans les pièces closes de l'oppression. »

C'est vrai, je l'avais déjà écrit dans la petite bio, mais moi aussi, j'aime bien répéter. D'ailleurs, ma mère me dit toujours que la répétition, c'est la base de l'enseignement. Dommage que je fasse de l'informatique, ça m'aurait bien plu, répéter, c'est plus sympa qu'une boucle "for...next", enfin, c'est une question de goût, quoi.

Et la pièce, me direz-vous ? Ah oui, on propose un boulot de gardien à Davies. C'est pour ça que la pièce, elle s'appelle Le Gardien. A part cette chambre bordélique, tout est à refaire dans la baraque. Une fois que tout sera refait, ce sera super bien, trop la classe. Mais bon, il faut s'y mettre. Et en attendant, il y a un de ces courants d'air, dans c'te chambre.

Tiens, ça me rappelle qu'il faut que je récupère mes papiers, et puis que je trouve une bonne paire de grolles, pour aller à Sidcup. Et puis, vous savez quoi ? Si j'avais pris un pseudo, ça n'aurait pas été mon vrai nom, qui n'aurait pas été le même que mon pseudo. Et j'aurais dit que, vous voyez, le nom que je porte aujourd'hui, c'est pas mon vrai nom. Mon vrai nom n'est pas celui que j'utilise, vous comprenez. C'est pas le même.


Paysage (Landscape, 1967). Adaptation française d'Eric Kahane. NRF Gallimard. 20 pages.
Il s'agit d'une pièce de sa deuxième période, celle censée être plus lyrique.

Elle a été créée à la BBC en 1968, puis jouée à Londres en 1969.

Deux personnages : un homme, Duff, qui a un peu plus de 50 ans, et sa femme, Beth, qui a un peu moins de 50 ans.
"Duff s'adresse normalement à sa femme mais ne semble pas entendre sa voix. Beth ne le regarde jamais et ne semble pas entendre sa voix. Tous deux restent immobiles mais à l'aise, en aucune façon rigides." (page 150).
On est dans la cuisine d'une maison de campagne ; c'est le soir.

"Beth : Je voudrais être devant la mer. Elle est là.
         Un temps.
Je l'ai fait. Souvent. C'est quelque chose qui me plaisait. Cela je l'ai fait.
         Un temps.
J'irai à la plage. Debout sur la plage. Bien sûr… il faisait très frai. Mais il faisait chaud, dans les dunes. Mais… il faisait si frais, au bord de l'eau. J'aimais beaucoup cela.
         Un temps.
Beaucoup de gens…
[…]
J'ai marché de la dune jusqu'au bord de l'eau. Mon homme dormait au bas de la dune. Il s'es retourné quand je me suis levée. Ses paupières. Son nombril. La sieste, si adorable.
         Un temps.
Voudrais-tu un bébé ? ai-je dit. Des enfants ? Des bébés ? Tout à nous ? Ce serait bien.
         Un temps.
[…]
Duff : Le chien a disparu. Je ne t'en ai pas parlé.

J'ai dû m'abriter vingt minutes sous un arbre hier. A cause de la pluie. Je voulais t'en parler. Avec des gamins. Je ne les connaissais pas.

Et puis ça s'est calmé. Une averse. J'ai marché jusqu'à l'étang. […]
Beth : Il a senti mon ombre. Il a levé les yeux. J'étais au-dessus de lui, debout.
Duff : J'aurais dû emporter du pain. Pour nourrir les oiseaux.
"

A part ça, le chien et tout, on apprend que nos trépidants héros sont un couple de domestiques qui s'occupe d'une maison. Voilà.

Alors, que signifient ces deux soliloques alternatifs ? Qu'on ne connaît pas vraiment l'Autre, qu'on est tous seuls, quoi qu'il arrive, même en vivant avec quelqu'un ? Qu'on a tous nos petits secrets ?
Cette pièce relève de la deuxième période Pinterienne. Plus lyrique, tout ça.
Que me faudrait-il pour trouver ce lyrisme ? Peut-être…
         Un temps.



Globalement, j'attendais beaucoup des pièces de Pinter, à cause des films réalisés par Joseph Losey (The Servant, 1963 ; Accident, 1967 ; The Go-between, 1970). Mais qu'en reste-t-il, une fois les textes lus ? Vraiment pas grand chose.
Peut-être qu'avec un grand metteur en scène de théâtre, le résultat serait inoubliable...
Je ne sais pas.






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