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LIU Xinglong (刘醒龙)

(Hangzhou, 10/01/1956 - )

liu xinglong


"Liu Xinglong est né en janvier 1956 à Hangzhou dans le Hubei.
Après ses études secondaires, en 1973, il travaille dix ans comme ouvrier ; il est ensuite employé au département de la Culture de la ville de Huanggang (Hubei).
Il commence à publier en 1984, des nouvelles et des romans ; deux de ses romans font l'objet d'adaptations cinématographiques, l'une primée en Chine, l'autre, au Japon. En 1994, il devient écrivain professionnel et, comme tel, est admis à la Fédération des Hommes de Lettres et Artistes de Chine à Wuhan (Hubei).
La critique chinoise unanime le reconnaît comme le "porte-drapeau" du renouveau du réalisme en littérature romanesque.
" (site des Editions Bleu de Chine).

Il est l'auteur de 11 romans et 12 novellas (source : http://www.china.org.cn/arts/citc/2013-08/29/content_29862358.htm )

 

du thé d'hiver pour pékin
Couverture : (c) Tang Zhigang. Galerie Loft.

- Du Thé d'hiver pour Pékin. (Tiaodan chaye shang Beijing, 1997). Traduit du chinois par Françoise Naour en 2004. Bleu de Chine. 118 pages. Prix Lu Xun de la novella.

Après une courte introduction et une liste des personnages (dont on n'aura finalement pas forcément besoin, il n'y en a pas tant que cela, et on n'est jamais perdu), ce court roman (une novella) commence ainsi :
"
Le vent du Nord, la première vraie giclée de l'année, avait commencé à souffler la veille, à la tombée du jour, et ça avait duré toute la nuit ; le lendemain, au réveil, on entendait sur la terre nue la cavalcade exténuée des feuilles mortes, un galop grêle et désolé." (page 13).
L'histoire se déroule dans la campagne chinoise profonde du Hunan, dans les années 1990. On est loin des buildings et d'un quelconque boom économique.
Notre héros, Shi Debao, est chef d'un petit village. Ça n'est pas facile, il faut en passer par les caprices des supérieurs, ceux du Bourg, dont le chef s'appelle Ding.
Shi Debao se rend au bourg où a lieu une réunion des chefs de villages des alentours.
"
Tandis que, du haut de son perchoir, Ding abordait maintenant les questions diverses, Shi Debao, lui, au pied de l'estrade, écoutait en rêvassant. Désormais, disait Ding, les semailles d'hiver étaient faites, le moment était venu de s'occuper du programme d'aménagement hydraulique." (page 26).
Puis vient la question des tâches assignées à chaque village. Shi Debao apprend que son village doit "
remettre au Bourg deux à trois livres de feuilles de thé" (page 27). Pourquoi tant de battage pour si peu ?
"
Les feuilles de thé en question devaient être cueillies cet hiver, aux premières neiges, et le choix du moment était capital, ne pouvait être discuté ! L'énoncé de telles exigences sema la stupeur dans l'assistance, on se regardait, sidéré. Quelqu'un osa pourtant poser la question qui les tourmentait tous : le thé, on l'avait toujours cueilli au printemps et en été ; si on se mettait à le cueillir l'hiver, est-ce qu'on risquait pas de violer les lois de la nature ? Ding alors expliqua que ces dispositions avaient été prises, non par lui, mais par le District, qu'il s'agissait d'une tâche politique et que, pour cette raison, elle devait être accomplie intégralement, à cent pour cent et même davantage ! Il lui restait encore, en tant que chef du Bourg à exprimer une recommandation qui les concernait tous : l'affaire ne devait pas être ébruitée, de peur que des éléments extérieurs malintentionnés n'en donnent une image défavorable !" (pages 27-28).
Comment les chefs de village vont-ils pouvoir annoncer une telle nouvelle chez eux ? Au prochain tour, ils perdront aux élections, ça ne fait pas de doute !
Perturbés, songeurs, les chefs de village partent manger ensemble.

"Le feu commençait tout juste à prendre et le charbon de bois puait la pisse de chat à plein nez, odeur que tous s'accordèrent à trouver appétissante - Shi Debao, pour sa part, y était accoutumé vu que, chez lui, le chat ne pissait jamais ailleurs que sur la réserve de charbon de bois ; sans doute en allait-il de même dans chaque maison du village puique, dès que l'hiver arrivait, dès que les gens commençaient à se chauffer et que s'allumaient les feux du charbon de bois, cette odeur, dense et fétide, envahissait tout." (pages 29-30).
Ils discutent.
"
On râlait ferme : c'est pas parce qu'on léchait les bottes des dirigeants qu'il fallait maintenant cracher sur les tombes des ancêtres ! D'autant qu'on était bien placé pour savoir que, l'hiver venu, les théiers sont intouchables : sans parler de couper les petites feuilles en bourgeons, l'élément vital, même les vieilles feuilles, il faut pas y toucher ! Sinon, aux premières gelées, malheur ! Si les théiers ne mouraient pas, faudrait des années et des années pour qu'il se remettent à vivre comme avant..." (page 30).
On voit l'évolution de la société chinoise :
"
maintenant, le travail et la gestion, tout l'entretien des champs de thé dépendaient de la responsabilité des particuliers. Il leur était demandé de cueillir du thé en hiver, autant dire de casser de leurs propres mains leur propre bol de riz !" (page 31). Quand les champs appartiennent à la collectivité, on hésite moins...

Shi Debao doit faire preuve d'imagination pour éviter que son village se fasse exploiter par les dirigeants du Bourg et autres pique-assiette (par exemple la Délégation de membres du Bureau de la Culture du chef-lieu du District).... Outre la bureaucratie et le pouvoir des petits chefs, il est aussi parfois confronté au poids des traditions. Ainsi, son père l'empêche d'aller vider le seau hygiénique de sa femme malade : ce n'est pas le boulot d'un homme, ça !

Du Thé d'hiver pour Pékin est un excellent petit livre, très vivant et souvent amusant. Et, en même temps, on perçoit terriblement bien, sans aucun misérabilisme, les difficultés de la vie quotidienne dans cette campagne chinoise.


Films d'après son oeuvre :

- Feng Huan qin (1993), réalisé par Qun He. Plusieurs prix en Chine, notamment les Coq d'Or du meilleur film, meilleur acteur et meilleur scénario ; Prix des Cent Fleurs du meilleur film.
- Bei kao, lian dui lian (1994), réalisé par Jianxin Huang. Plusieurs prix et nominations, notamment aux Coqs d'or.

 


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