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Lope de Vega
(Madrid, 25/11/1562 - 27/08/1635)


Lope de Vega

 

"Félix Lope de Vega y Carpio est un dramaturge et poète espagnol (25 novembre 1562 - 27 août 1635), considéré comme l'un des écrivains majeurs du Siècle d'or espagnol. Surnommé par Miguel de Cervantes « le Phénix, le monstre de la nature », il est le fondateur de la Comedia nueva ou tragi-comédie à l'espagnole à un moment où le théâtre devenait un phénomène culturel de masse.
Lope de Vega a été un auteur extrêmement prolifique : il aurait écrit environ 3 000 sonnets, 9 épopées, des romans, 1 800 pièces profanes, 400 drames religieux, de nombreux intermèdes. Il a cultivé tous les tons et abordé tous les thèmes.

Ami de Quevedo et de Juan Ruiz de Alarcón, ennemi de Luis de Góngora et envié par Cervantes, sa vie a été aussi extrême que son œuvre.
" (source Wikipedia, où l'on pourra lire le récit mouvementé de sa vie : vie amoureuse, vie en exil, mais aussi aventures maritimes puisque, engagé dans l'Invincible Armada, il a survécu miraculeusement au naufrage de son galion. Cervantes avait perdu une main lors de la bataille de Lépante... les auteurs espagnols de cette époque avaient vraiment de quoi s'inspirer pour alimenter leurs oeuvres d'aventures trépidantes).

le chien du jardinier

- Le Chien du jardinier (El Perro del hortelano, 1613). Texte présenté, traduit et annoté en par Frédéric Serralta (il s'agit de la traduction de La Pléiade). Folio théâtre. 254 pages.
Teodoro est le secrétaire de Diana, comtesse de Belflor. Cette dernière n'est pas mariée, mais elle a bien sûr de nombreux prétendants. C'est une femme de caractère.
Teodoro est bien de sa personne, et c'est un secrétaire extrêmement compétent... mais il n'est bien sûr pas de la condition de Diana.

Dans l'Acte I, Diana (la comtesse, donc) se rend compte que Teodoro fréquente en douce Marcela, une de ses femmes de chambre.

"DIANA
Le mariage comme objectif est une honnête cible de l'amour. Veux-tu que je m'en occupe ?

MARCELA
Que puis-je espérer de mieux ? En effet, puisque je vois, Madame, tant de modération dans ta colère et tant de noblesse dans ton coeur, je t'assure que je l'adore, car c'est le jeune homme le plus sensé, le plus sage et capable, le plus amoureux et spirituel qu'il y ait dans toute la ville.

DIANA
Je connais son intelligence, grâce à la fonction qu'il exerce à mon service.
" (page 49).

Tout cela et bel et bon... À un détail près : à y bien réfléchir, finalement cela l'ennuie quelque peu que Teodoro se marie avec sa femme de chambre. Parce qu'il est quand même plus que pas mal, le secrétaire...
Pendant ce temps, Teodoro, lui, craint la réaction de Diana puisqu'il lui semble bien qu'elle a découvert sa liaison avec la femme de chambre... Sera-t-il chassé ? Faut-il qu'il renonce à son amour pour elle ?

Diana convoque son secrétaire. Elle lui parle de choses et d'autres, et en vient à une soi-disant amie qui est dans une situation singulière.

"DIANA
C'est là ce que je pense de cette dame, car elle m'a dit n'avoir jamais éprouvé envers ce gentilhomme autre chose que de l'inclination ; et, dès qu'elle l'a vu aimer, mille désirs, tels des brigands, ont bondi sur le chemin de son honneur et ont dépouillé son âme des honnêtes pensées dont elle pensait faire sa règle de vie.
" (page 61).


Teodoro n'est pas idiot : il pense comprendre que Diana lui faire des avances mais sans jamais le dire ouvertement. Et, de fil en aiguille, il se dit que, finalement, il a le droit d'avoir un peu d'ambition, et que épouser la comtesse, ce serait quand même mieux que la femme de chambre.
Ah, l'amour, ça va et ça vient, très vite, en fonction du droit à espérer, des ambitions...

Diana vient de laisser Teodoro tout seul.
Il gamberge :

"TEODORO
[...]
Mais tout n'est que babillage, et la femme en question, c'est elle-même... Mais non, pourtant, car la comtesse est si avisée et si imprévisible que c'est là la chose la plus contraire à l'ambition qu'elle professe. Elle est aujourd'hui courtisée à Naples par des princes dont je ne peux même pas être l'esclave. J'ai peur, car je cours un grave danger. Elle sait que je courtise Marcela : c'est sur cela qu'elle a fondé sa supercherie, et elle s'est moquée de moi. Mais c'est en vain que mes craintes s'émeuvent, car jamais lorsqu'on se moque les couleurs ne montent au visage.
" (page 74).

Il ne sait plus qu'elle position prendre. Faut-il temporiser par rapport à Marcela ? Diana se fiche-t-elle de lui ? Il semble avoir des preuves qui vont dans les deu sens, c'est à n'y plus rien comprendre...

Comme le dit une femme de chambre dans l'acte III : "Diana est devenue le chien du jardinier." (page 185).

Le chien du jardinier, c'est celui qui "ne mange pas les choux et ne les laisse pas manger" (préface, page 13).

Comment cet imbroglio va-t-il évoluer et finir ?


C'est une pièce très sympathique, amusante (mais moins quand les plaisanteries intraduisibles doivent être expliquées, bien sûr), et le lecteur ne sait jamais exactement comment les rapports Teodoro-Diana vont évoluer.
Mais, une fois la pièce lue, pense-t-on être en présence d'un chef-d'oeuvre d'un des plus grands écrivains espagnol ?
Pas sûr.
A ce propos, Frédéric Serralta, dans sa préface, écrit :
"Le chien du jardinier est en effet à nos yeux la pièce de Lope de Vega la plus magistralement orientée vers la production exclusive d'un immédiat, intense et durable plaisir théâtral. Rien que cela, mais tout cela." (préface, page 10).
Voilà. C'est déjà bien.
D'ailleurs, sur wikipedia, Le Chien du jardinier est classée parmi les oeuvres de premier plan, mais pas parmi les oeuvres majeures.


De plus, le plaisir doit être plus important à voir la pièce qu'à la lire. En effet, il y a beaucoup de notes qui partent d'un bon sentiment : faire comprendre au lecteur français le jeu de mots espagnol intraduisible, donner la traduction littérale de certains passages, etc.
Le problème habituel de ce genre de notes, c'est qu'elles coupent souvent trop la lecture. Mais je les lis toujours, de peur de perdre quelque chose d'important...

le chevalier d'olmedo   la maison   la maison
A gauche, Le Chevalier d'Olmedo photographié à Madrid le 21/05/2015 à l'une des fenêtres de la maison où Lope de Vega vécut et mourut (1610-1635). Au milieu, la façade de la maison (Calle Cervantes, 11), à droite l'entrée. La maison se visite sur réservation. On pourra voir des photos de l'intérieur (on notera que les meubles ne sont pas ceux de l'auteur), ainsi qu'une vidéo sur : http://casamuseolopedevega.org/en/house-museum

- Le Chevalier d'Olmedo (El caballero de Olmedo, première publication en 1641, mais il existe une copie manuscrite de 1606). Comédie dramatique en trois journées. Texte français d'Albert Camus (1957). nrf, 204 pages.
Dans son introduction, Camus insiste sur le fait que sa traduction a été faite pour être dite (il a d'ailleurs mis en scène la pièce).
"N'importe quel acteur sait qu'il est difficile de dire une réplique qui commence par un participe présent ou par une subordonnée. Une telle phrase, courante dans les traductions dont nous disposons, manque de ce qu'on appelle au théâtre l'attaque. Une proposition principale, le verbe actif, le cri, la dénégation, l'interrogation, le vocatif sont au contraire les éléments d'un texte en action, qui exprime directement le personnage en même temps qu'il entraîne l'acteur. La nécessité de ces formes s'impose plus encore lorsqu'il s'agit du théâtre espagnol du Siècle d'Or qui donne la primauté à l'action et à la rapidité du mouvement. Lope de Vega [...] sacrifie presque toujours la psychologie au mouvement et justifie avec éclat ce que Meredith disait du grand théâtre espagnol qu'il définissait d'abord comme « un battement précipité de pieds ». [...] J'espère que l'on sera sensible en tout cas à la jeunesse et à l'éclat de cette pièce, une des plus réussies de Lope de Vega et qui rappelle souvent Roméo et Juliette par l'entrecroisement des thèmes de l'amour et de la mort." (pages 9-10). Il parle aussi de "l'héroïsme, la tendresse, la beauté, l'honneur, le mystère et le fantastique qui agrandissent le destin des hommes" .

Nous sommes à Medina del Campo. Don Alonso, également connu sous le nom de Chevalier d'Olmedo, est riche, beau, intelligent, courageux, considéré avec bienveillance par le roi, et célibataire. Le voici au début de la pièce :
"DON ALONSO, seul.

Aimer n'est rien, il faut être aimé ! L'amour solitaire n'est pas digne de son nom, l'amour sans réponse s'épuise en vain vers sa forme ! Mais qu'il soit réciproque, au contraire, et la loi de la nature le fera durable ! Y a-t-il sur toute la terre une seule créature parfaite qui n'ait été engendrée par les noces de deux désirs ?
Cet amour qui a pris feu en moi avec tant de violence s'est allumé à la flamme de deux beaux yeux. Ils ne me regardaient pas avec dédain, j'en suis sûr, et leur expression s'est altérée si doucement qu'une étrange confiance aussitôt m'est venue. Un changement si fugitif suffit à l'amour : il imagine qu'on lui répond et s'abandonne à l'espérance.
" (Première journée, scène 1 ; page 17).

Don Alonso est tombé amoureux de Doña Inés, qu'il n'a que vue. Mais cela tombe bien, dans les pièces, la beauté physique correspond souvent à la beauté morale (a-t-on souvent vu une Doña très belle mais très sotte, stupide et méchante ?). Son père souhaite la marier avec un bon parti, en l'occurrence un certain Don Rodrigo. Ce dernier, qui est loin d'avoir la vaillance et l'honnêteté de Zorro, est très amoureux d'elle et lui fait une cour assidue. Mais Doña Inés reste très froide à son endroit, alors que le bel étranger fait tout de suite battre son coeur... Voici Doña Inès qui parle à sa soeur Léonor :
"DOÑA IÑES

Réfléchis à cela : depuis deux ans que Don Rodrigo me fait une cour officielle, sa personne et ses manoeuvres m'ont laissée de glace. Mais à l'instant même où j'ai vu à la ville ce séduisant étranger, mon coeur m'a dit : « Voilà celui que je veux », et aussitôt je lui ai répondu : « Qu'il en soit ainsi. » Dis-moi donc qui dispose ainsi notre coeur pour l'amour, ou contre lui.


DOÑA LEONOR

L'amour lance ses traits en aveugle, il tombe rarement juste et manque souvent son but.
" (Première journée, scène 2 ; page 29).

Don Alonso a demandé à Fabia, une entremetteuse un peu sorcière, de faire parvenir une lettre à sa bien-aimée. Voici comment elle parle de Don Alonso :
"Tel un Hector, il combat les taureaux à la lance et l'épée. Il a fait hommage aux dames de trente prix gagnés dans les tournois et les courses de bagues. Armé, on dirait Achille contemplant les remparts de Troie. En habits de fête, on croirait voir Adonis. Que les dieux cependant lui donnent une autre mort ! Ah fillette, malheur à la femme mariée à un imbécile ! Toi, du moins, tu vivras comblée près de ce mari incomparable." (Première journée, scène XVII ; pages 75-76).

Arrivé à ce point, le lecteur se demande où va se situer le problème : elle l'aime, il l'aime. Il est noble et a de l'argent. Le père cherche un bon parti ? Mais Don Alonso en est un, certainement. Alors ?
Alors, nos deux amoureux, persuadés que le père veut absolument que Doña Iñès se marie avec Don Rodrigo, vont recourir à des astuces tarabiscotées, sans même s'assurer préalablement que le père ne consentirait pas à leur mariage.


C'est une pièce très plaisante à lire, avec un héros sans défauts et des méchants vils. Mais...
"Cette oeuvre est l'une des plus complexes de Lope : on remarque tout d'abord le matériel habituel de la comédie à intrigue, riche en situations comiques. Mais sur ce fond jaillit la statue équivoque et lubrique de Fabia, l'entremetteuse, soeur spirituelle de la Célestine (voir la Célestine, tragi-comédie de Calixte et Mélibée.)" (Dictionnaire des Oeuvres, Editions Robert Laffont) Sur la page de wikipedia, Le Chevalier d'Olmeda est classé comme une oeuvre majeure, ce qui confirme qu'il y a plus que les apparences...
Il est vrai que Fabia a un comportement parfois étrange. Je sens qu'il va falloir que j'aille voir dans d'autres éditions, avec notes (Théâtre espagnol du XVIIe siècle dans La Pléiade, par exemple, ou bien dans diverses éditions en poche), pour comprendre ce qui m'a échappé et qui fait la grandeur et la complexité de la pièce.

 



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