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L'Histoire

l'iran

L'Iran. Des Perses à nos jours. 255 pages. Pluriel.
Il s'agit d'un recueil d'articles parus dans la revue l'Histoire entre 1979 et 2009 et qui, ensemble, retracent l'histoire de l'Iran, des Perses à nos jours. On y voit la rivale de la Grèce et de Rome, puis le grand empire musulman, et on finit par les XIX° et XX° siècles.

"D'où viennent les Perses ?
Concernant les débuts de l'Empire perse, l'historien manque singulièrement de sources. Les Perses n'ont pas transmis d'annales royales, à l'exception du récit (réélaboré) de son propre avènement par Darius le Grand sur le roc de Béhistoun, vers 520 av. J-C. Dans ces conditions, nous n'avons accès à aucune vision perse de l'histoire achéménide.
" (page 11).

"Les Athéniens ont volontiers présenté les Perses comme les ennemis invétérés des Grecs. [...]
Le Perse ne fut pas seulement présenté comme l'adversaire invétéré : il devint aussi le Barbare. À l'origine étymologique du concept de « barbare » se trouve le terme barbaros qui ne possédait, au départ, qu'un sens linguistique : il désignait, à travers une onomatopée méprisante, celui dont le langage est incompréhensible, celui qui ne parle pas grec. C'est seulement après les guerres médiques que le mot fut employé pour désigner les Perses, puis, par extension, tous les non-Grecs.
Le Barbare devint dès lors un sujet central dans les discours.
" (pages 15-16)

"Dans son récit sur l'empire, le médecin grec Ctésias de Cnide, qui avait pourtant vécu à la cour à la fin du V° siècle, av. J.-C., manifeste constamment la volonté de suprednre, de choquer et d'émouvoir ses lecteurs. Donnant l'image d'un pouvoir arbitraire et cruel, qui n'a que mépris pour la vie des subalternes et se laisse absorber par des histoires d'alcôves, il multiplie les descriptions de supplices, met en scène des deuils et des amours pathétiques. Et fait ressort deux points qui nourrirent la thématique de la faiblesse perse : d'une part, l'influence des femmes et des eunuques, thème appelé à marquer pour des siècles l'image de l'Orient en Occident ; d'autre part, les multiples révoltes et révolutions de palais, signes, aux yeux des Grecs, de la fragilité politique de l'empire." (page 17-18).

Il faut donc faire la part des choses et se méfier de la vision véhiculée par les Grecs.

Un article parle des rois, des banquets, cérémonies... et du paradis.
"Le « paradis » - terme grec hérité du perse qui désigne un vaste espace clos et planté - est ainsi le lieu par excellence où se donnent à voir les vertus royales. Immenses espaces verdoyants et bruissants d'eaux courantes au milieu de terres désertiques, ces extraordinaires jardins sont une manifestation éclatante, aux yeux de tous, des capacités surhumaines du roi à dompter les forces hostiles et à permettre la croissance de la végétation." (pages 34-35).

saadi
Saadi : La Roseraie. Boukhara (Ouzbékistan), milieu du XVIe siècle.

Dans un article sur le mazdéisme et de Zarathoustra (dont le nom ne signifiait pas "étoile d'or" comme l'a cru notamment Nietzsche, mais "qui a des chevaux desséchés") :
"[...] le mazdéisme est la religion de la bonne vie : le célibat et l'ascèse y figurent l'horreur. Hérodote raconte que les Perses étaient très adonnés au vin, ce qui est sûrement exact - le roi, quand il avait pris une décision à jeun, se saoulait pour vérifier qu'il restait du même avis en étant ivre." (page 52)

En voilà une bonne idée !

zarathoustra
Raphael, l'Ecole d'Athènes, détail (Fresque du Vatican). On y voit Zarathoustra (ou Strabon ?) et Ptolémée (de dos).

"Mais c'est une civilisation où le rire n'avait pas de place sociale. Les Perses avaient en revanche le goût de l'apparat et de la beauté, à travers lesquels il rendaient hommage à l'ordre de la création d'Ahura Mazda : quel choc cela a signifié, pour les Romains, de les voir venir au combat couverts de bijoux ! Le mazdéisme est une pensée admirable, mais qui manque, quand on fréquente les textes, de légèreté.
Un exemple : Pline rapport que Zarathoustra a ri à sa naissance, ce qui est connu des textes mazdéens. Mais ce n'est pas de la gaieté. Zarathoustra a ri parce qu'il a compris la cosmologie et su que viendrait la fin du temps. Il a su qu'il était né non pour mourir, mais pour être éternel. C'est le seul point de rencontre entre « l'homme aux vieux chameaux » et le Zarathoustra de Nietzsche : ils pratiquaient le rire philosophique.
" (page 53).


Un article traite de l'Anabase de Xénophon.
"Si l'on peut faire confiance au témoin Xénophon, en revanche on doit rectifier la perspective dans laquelle il a situé son récit. Pourquoi reprend-il la plume, après avoir laissé dormir ses notes pendant dix ou quinze ans ? Pour rappeler aux Grecs, grâce à un exemple frappant, qu'ils sont militairement supérieurs aux Barbares et qu'ils auraient la possibilité de vaincre le roi perse, qui, pour l'instant, leur dicte sa loi [...]. De là l'inlassable litanie des premiers livres, égrenant les qualités militaires des Grecs, la couardise des soldats barbares, l'absolue supériorité des premiers sur les seconds dans les batailles rangées." (page 64).


Puis viennent Alexandre le Grand, avec un "zoom" sur le jour où il fit brûler Persépolis "un geste sans aucune signification miliaire que les historiens, aujourd'hui encore, cherchent à comprendre" (page 87), les Sassanides, la prise de Jérusalem par les Perses (elle eu lieu en 614 et fit entre 33 000 et 67 000 morts... et la Vraie Croix fut emportée vers la capitale, Ctésiphon).
Après, l'Iran devient musulman. Un article parle de Tamerlan, de la prise d'Ispahan... et des "tours de crânes"...

tarmerlan
La conquête de Bagdad par Tamerlan (1435-1436), extrait du Zafarnameh.


Un article fait un zoom sur "Le persan, « perle parmi les langues »", et parle un peu du Livre des Rois, de Ferdowsi (940-1020). Attar (fameux notamment pour La Conférence des Oiseaux), Rumi, Saadi, Hafez... (bizarrement, l'article ne cite pas Nezami).

le livre des rois     hafez
Ferdowsi : Le Livre des rois, 1615-1618 ; Hafez : Recueil des œuvres poétiques, vers 1570.


"Perle, sucre, miel, musc, soleil, ou chant du rossignol, le persan sera changé en métaphores diverses par les poètes qui le considèrent comme la langue de la poésie par excellence. C'est sans doute aussi pour cette raison que son usage s'est étendu jusqu'en Inde dès le milieu du XI° siècle, où il devient la langue administrative et littéraire." (page 152).


Puis viennent les nationalistes du XIX° siècle, Naser al-Din Shah, Reza Shah, Mossadegh, ... Khomeyni... la guerre avec l'Irak...


Un recueil intéressant, qui ne peut bien sûr pas parler de tout vu l'ampleur du sujet, et dont l'inconvénient est bien sûr la vue en peu un pointillée de l'Histoire, mais qui donne des références et ouvre des perspectives pour des gens qui, comme moi, seraient assez ignares sur ce sujet.

On trouvera plus de reproductions de miniatures persannes sur : http://expositions.bnf.fr/splendeurs/index.htm

 


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