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FUJIMORI Asuka

(Tokyo, Japon, 1978 - )

Fujimori Asuka est une jeune auteure, qui vieillira comme tout le monde.
Elle a publié Nekotopia en 2003, dont on avait pas mal parlé à l'époque. Elle a aussi publié Mikrokosmos : Ou le théorème de Soga en 2004, dont on a moins parlé.
Depuis, on n'en parle plus.

Normal, vous me direz. En fait, ce n'est même pas une fille, elle écrit depuis sous le nom de Thomas Taddeus, et aurait publié sous ce nouveau nom, des livres comme La Corde aux jours impairs (2006) et La dernière lueur du diamant (2008).



Nekotopia (Flammarion, 2003, 397 pages).

Tout d'abord, il y a une couverture plutôt chouette.



Ensuite, ça commence bien. Une citation de Céline ("avec les mômes tout est possible", mais c'est tiré de quel bouquin ? est-ce même de Céline ?) suivie d'une phrase latine pompeuse "omne necessarium debitum est", non traduite, parce que, c'est vrai, tout le monde connaît le latin. De même, chacun aura compris que le "neko" du titre, ça veut dire "chat" en nippon.

Puis les lumières s'éteignent et le livre commence vraiment.
"Le crime c'est comme le piano, faut commencer tôt si on veut parvenir à une certaine virtuosité. Pas encore dix ans, et déjà mon premier chat vient d'y passer. Couic - ou plus exactement, glou glou !' (page 13).
C'était pour rendre service à sa mère : la chatte était enceinte et il aurait fallu noyer les chatons, paraît-il. Ce n'est évidemment qu'un prétexte. Se débarrasser des chatons et zigouiller la chatte, ce n'est pas pareil.
On fait ainsi la connaissance d'Asuka (tiens, comme le prénom de l'auteur du bouquin), une chieuse de première. La page suivante arrive, et le deuxième chat y passe.
"Je l'ai soulevé par la peau du cou, baptisé Imin Dada et envoyé de toutes mes forces sur les pointes bien verticales du grillage barbelé. Transpercé net. Mais il lui a fallu un sacré bout de temps avant de crever pour de bon." (page 14).

Le chat suivant, Lavrenti Pavlovitch Beria, elle le balance dans les chiottes et tire la chasse. "Drôlement coriace le vieux birman tigré... j'ai dû le finir en vidant deux litres d'alcool à brûler dans la cuvette et y craquer une allumette - wouf !" (page 15).

Jusqu'à quelle hauteur peut-on lâcher un chat sans qu'il s'écrase ? C'est Michelangelo Merisi di Caravaggio qui fait l'objet de cette expérience. "Il est désormais prouvé qu'après une chute de soixante mètres, il importe peu de savoir si le chat retombe sur ses pattes ou non. C'est tout de même très pratique d'habiter au vingt-cinquième étage." (page 16).
Ca devient de plus en plus gore, les parents de la petite (surtout la mère) commencent à se poser des questions. Non, non, ce ne sont pas des accidents, la petite est un monstre. Les chats ont tous des noms de tueurs en masse ou d'artistes. Cela crée un effet burlesque.
Après vingt-quatre pages du journal de la gamine, et autant de chats trucidés, la police de caractères change, on est dans le monde "objectif". Un monde futuriste dans lequel un "Maître" a mis fin à une guerre qui opposait quatre collines. On pense à Rome, tout ça.
Et là, c'est la catastrophe.
Autant le journal de la peste était rigolo (il ne faut quand même pas trop aimer les chats), autant là, c'est mal écrit, mal construit, les dialogues surtout sont effroyables. Cela se voudrait sans doute une caricature, mais c'est juste caricatural. Les personnages parlent tous de la même façon, un peu dans le style Jap'animation traduit en français : "voui", disent parfois le Président, ou le psychiatre. Tu parles. Parfois, c'est "Mouais".
A un moment, page 71, le psy entre dans le bureau du Maître, un personnage vénéré.
"- Ouh, la jolie veste, sifflait le psy en arrivant dans le bureau. Encore un choix de votre domestique ?
- Cette maniaque.... Vais lui faire la peau, un de ces quatre...
- Aujourd'hui rose avec des étoiles vertes. Et des paillettes sur les revers ! Je crois bien que je la préfère à celle aux losanges mauves qui... vous vous souvenez ?
- Pitié, parlons d'autre chose, voulez-vous...
"
C'est oiseux et ça sonne tellement faux !

Ensuite, ouf, on a la suite du journal de la peste. Encore des chats trucidés, de façon de plus en plus extravagante et sophistiquée (ce qui finira par lasser, on croirait voir Coyote qui parviendrait à massacrer bip bip à chaque coup... mais quand on en arrive à l'ogive nucléaire, bon....).
Il y aura ainsi, en alternance, des extraits du journal de la peste - plein de trucidages de chats et de goût pour les bonbons engloutis par tonnes - et la "réalité".

Pour bien montrer qu'elle est japonaise, Asuka Fujimori aime bien affubler ses chats de noms japonais (Tojo Hideki, Kobayahi Takiji, Nishida Kitaro, Watanabe Kazan...) mais comme elle n'est pas sectaire, on a aussi Lu Xun, Marc Dutroux, Mark Rothko, Primo Levi, etc. (oui oui, elle a dix ans, la petite... quelle érudition, pourtant ! Ce qui est étonnant, c'est qu'elle ne lit pas de livres. L'origine de sa culture est un mystère.).

La chieuse ne tue pas les chats pour le plaisir. "Elle les jette dans le congélateur... Elle les noie au vitriol... Elle les repasse au fer brûlant... Elle les trépane à la perceuse... Elle les éventre au cutter tout rouillé... Elle les écrase au pilon... Le plus vicelard dans tout ça, c'est qu'elle ne le fait même pas par plaisir. Elle expérimente." (page 75).

Soit. Mais quand elle en arrive à l'ogive nucléaire, franchement... Eh oui, le scénario, totalement tiré par les poils de chats, permet de relier l'histoire du Maître et celle d'Asuka.

A part ça, pour faire genre, on a droit à de l'humour très très drôle. Ainsi, dans une discussion :
"- Si tu ne me crois pas, tu n'as qu'à relire la page 151.
- Effectivement, fit le père d'Asuka après avoir vérifié.
"

Ha ha, funny, yeah.
Manque de bol, c'est la page 150 qu'il fallait relire, pas la page 151. Chez Flammarion, le livre a dû les saouler, ils n'ont même pas pris la peine de vérifier, eux (pas comme votre serviteur).
Du coup, on a parfois un doute. "Assitant social" (page 377), "Voila" (page 297), etc. : ces fautes dans le journal de la chieuse sont-elles volontaires ou non ? On se demande. C'est à peu près la seule question que le livre nous fait nous poser.

Et voilà. 397 pages en très gros caractères. Le livre fini (40 pages de Kawabata, ça prend plus de temps à lire que les 397 pages de Nekotopia), on se pose tout de même une question : si vous ou moi avions envoyé le manuscrit à Flammarion sans être une japonaise de 25 ans écrivant en français et ayant une photo sur laquelle nous baissons modestement les yeux, aurions-nous été publiés ?

Mais comme en fait, l'auteur serait un homme, on se demande qui est photographié (homme ou femme), mais tout ça, au bout du compte, ce n'est vraiment pas important.

Bah, allez, ce n'est pas tout ça, mais je vous laisse : j'ai un matou à balancer de mon douzième étage. Ce n'est pas vrai ! J'ai jamais tué de chats. Ou alors il y a longtemps... ou bien j'ai oublié... Ou ils sentaient pas bon...







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