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LENZ Siegfried
(Lyck, 17/03/1926 - Hambourg, 07/10/2014)


siegfried lenz

 

Siegfried Lenz est un romancier, nouvelliste, essayiste très prolifique.
Fils d'un officier de la douane, il est enrôlé dans la marine allemande à la fin de ses études en 1943.

Après la guerre, il étudie la philosophie, l'anglais et l'histoire de la littérature à l'Université de Hambourg. Il interrompt ses études et est engagé par le quotidien Die Welt.
Il en est le rédacteur en chef de 1950 à 1951.

Parmi les très nombreux prix qu'il a reçu, on peut citer le Prix de la paix des libraires allemands en 1988 et le Prix Goethe en 1999. (merci wikipedia).

 

le dernier bateau

- Le dernier bateau (Arnes Nachlaß, 1999). 171 pages Editions Robert Laffont. Traduit de l'allemand par Odile Demange.

Le roman commence ainsi :
"
Ils m'ont chargé d'empaqueter les affaire d'Arne. Ils ont attendu qu'un mois entier se soit écoulé – un mois de perplexité et de faux espoirs -, avant de me demander, un soir, si le moment n'était pas venu de les trier et de les ranger." (page 7)

Que s'est-il passé ?

Le narrateur va ranger les affaires d'Arne, et les souvenirs reviennent, souvent par le biais d'un objet, d'une possession d'Arne qu'il met dans un carton.


"Ce jour-là, Arne, ce jour d'hiver, nous t'avons vu pour la première fois, nous n'avions d'yeux que pour toi, debout dans la neige sale devant le hangar, résigné, perdu, comme si tu t'étais égaré dans notre univers. Pour mon petit frère Lars, toujours prêt à se moquer des autres, tu étais un point d'interrogation. Méprisant, il a déclaré qu'il n'y avait sans doute pas grand-chose à tirer de toi, pas ici, où nous nous amusions si bien, dans ce bassin portuaire reculé où de vieux navires réformés venaient finir leurs jours." (page 10).

Arne a douze ans, il est orphelin, le seul survivant de sa famille (on apprendra les circonstances du drame).
Il vient vivre dans la famille du narrateur – Hans, dix-sept ans - dont le père était un ami du père d'Arne.
Il partage la chambre de Hans.
"Tu n'es pas le seul, Arne, à t'être arrêté sur le seuil, figé d'étonnement, en découvrant ma chambre ; elle était aménagée comme une cabine de bateau. Les étroites couchettes avec leur planche de sécurité relevée, les fauteuils capitonnés à trois pieds pour limiter l'encombrement, les tables de bois tropical et les deux cloches de laiton ballantes : tout provenait de navires dégréés, tout avait été mis à l'abri, réparé, astiqué et transporté chez nous sous la surveillance de mon père- c'était le patron, c'était à lui de décider – pour m'installer, à bon compte, une chambre où soufflait le vent du large. […] on pouvait voir tout le chantier naval, le bassin portuaire et, le soir, la voûte lumineuse de Hambourg." (page 16).

Hans et Arne deviennent rapidement amis, alors que les relations avec le frère cadet, Lars, et la sœur, Wiebke, sont plus problématiques. Arne voudrait s'intégrer dans la bande ("to be part of", en quelque sorte, si l'on pense à Frankie Addams, de Carson McCullers), mais il est différent, d'une manière indéfinissable : il est plus intelligent que les autres, et extrêmement doué pour les langues.
Il est prêt à beaucoup pour se faire des amis, et être accepté par une bande de gosses qui le maintiennent à l'écart (la relation la plus ambiguë est celle qu'il entretient avec Wiebke ; elle lui plaît visiblement, mais qu'est-ce que, elle, pense de lui…).

Arne est très intelligent pour son âge, et en même temps un peu bébé (il se fait border par le narrateur, il aime bien se blottir contre lui ; à la plage, il met sa tête sur son ventre : "Ensuite, il n'a plus rien dit, il est resté couché paisiblement, la tête sur mon ventre", page 102 ; "[…] Arne s'est raproché et s'est blotti contre moi", page 104).

Parmi les personnages secondaires, on trouve Kalluk, un homme peu bavard qui a fait de la prison et qui est le gardien du chantier. Et puis, bien sûr, il y a les enfants, qui sont cruels comme peuvent l'être les enfants…

Il y a tout à la fois - et c'est ce qui fait l'intérêt de ce roman - une grande clarté et une grande opacité, à l'image du mélange d'intelligence et de naïveté de Arne.

Une des rares traces de datation du roman est trouvée page 145, où il est fait mention des Backstreet Boys. L'histoire est donc contemporaine du roman, écrit en 1999.

Un excellent roman, très bien écrit sans pyrotechnie stylistique, avec des personnages très intéressants, compréhensibles et troubles en même temps, et une histoire marquée par des drames (économiques, familiaux) et l'impossible intégration d'un enfant, malgré (ou à cause ?) de sa volonté de se faire des amis.

siegfried lenz, 1973
Lors d'une séance de dédicace à Hambourg en 1973.

les vagues du balaton

- Les Vagues du Balaton suivi de Le Grand Wildenberg. Traduit par Carole Missmahl-Losfeld. Terrain vague. 61 pages.
L'introduction parle des Kurzgeschichte de l'après-guerre, les histoires courtes de Böll, Lenz, Bender, Schnurre : "la sobriété et la concision - certaines de ces histoires ne font que deux pages - permettent de renverser les priorités traditionnelles de la littérature en proclamant celle de la vérité sur la beauté, de la réalité sur la transposition des faits et enfin de l'engagement politique sur le seul plaisir esthétique de l'art pour l'art. Il faut ajouter à cela l'absence de héros exemplaire, de ton moralisateur et surtout une plongée au coeur de la crise sans préambule ni explication et qui ne s'attarde pas davantage sur la manière dont la crise se dénoue. Cette « fin sans fin » doit être entendue comme une question posée au lecteur : chaque mot revêt donc une importance particulière, chaque geste, chaque parole - en apparence anodins - sert à l'interprétation de l'énigme et prend une valeur symbolique." (pages 5-6)

1/ Les Vagues du Balaton (Die Wellen des Balaton, 1975). 41 pages. Il s'agit d'une nouvelle extraite du recueil Quand Einstein franchit l'Elbe près de Hambourg (Einstein überquert die Elbe bei Hamburg, 1975).
Le Balaton est un lac de Hongrie. Un couple, Berti et Judith, y attend un deuxième couple, Reimund et Trudi, qui doit arriver dans la journée.
Ils se baignent, regardent des photos qu'ils ont emportées avec eux.
"- Regarde donc, Judith, c'est Trudi et moi sur ce qu'on appelle un cyclorameur, elle devait avoir à peu près sept ans sur la photo ; tu as vu comme elle a un regard sérieux et raisonnable pour son âge ? Je suis sûr qu'à quarante ans, elle est toujours la même." (pages 12-13).
Trudi est la soeur de Berti. Ils ne se sont pas vus depuis des années. En effet, Trudi et son mari Reimund vivent en Allemagne de l'Est, alors que Berti et Judith sont partis en Allemagne de l'Ouest. Le frère et la soeur s'écrivent.
"- Au bout de treize ans, il s'en est passé des choses et on n'aura pas trop de temps pour tout se raconter." (page 19).
Sans doute... Mais il est parfois difficile de concilier les points de vue. Déjà, il vaut mieux éviter de parler politique.
Voici Reimund qui s'adresse à son beau-frère Berti :
"- Tu te trompes : aujourd'hui, il n'existe pas un seul pays au monde où l'on puisse vivre en totale liberté ; ce qui fait la différence, c'est seulement une bureaucratie plus ou moins souple. C'est elle, en effet, qui décide quelles pièces de rechange tu vas recevoir, quelles chances de promotion tu auras, dans combien d'organisations tu as le droit d'être actif pour garder leur confiance. Crois-moi : une meilleure bureaucratie, et je suis sûr que le socialisme se propagerait un peu partout dans le monde. Et je te le dis tout de suite : même après que cinq générations auront appris à vivre sous le régime socialiste, les gens n'auront toujours pas renoncé à réclamer ce dont on cherche à les priver, ces petites libertés si essentielles à chacun." (page 42-43)
Une bonne nouvelle.

2/ Le Grand Wildenberg (Der grosse Wildenberg, 1958). 9 pages.
La deuxième nouvelle du recueil commence ainsi :
"La lettre me redonna confiance. Elle était brève, sans en-tête ni formule de politesse, et visiblement dictée avec cette indifférence polie, ce manque total d'intérêt qui excluait toute intention, même involontaire, de me laisser comprendre que j'étais en droit d'espérer." (page 53). Il n'empêche que le narrateur se rend à l'usine. Peut-être aura-t-il un emploi ? Il lui faut rencontrer M. Wildenberg, le grand homme, si occupé, si plein de responsabilités... Y parviendra-t-il ?
C'est une bonne petite nouvelle. La quatrième de couverture parle de fable satirique. C'est bien ça.

 

Siegfried Lenz, 2007
Siegfried Lenz, acteur dans l'adaptation télé de son livre le Phare (Das Feuerschiff, 2007), téléfilm de Florian Gärtner.

 


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