Livre.gif (217 octets) Littératures Grecque et Romaine Livre.gif (217 octets)



-
dictées
-
littérature
- listes
- liens recommandés


Papillon.gif (252 octets)

-> retour
Littératures grecque et romaine
<-


Autre littérature :

Littérature japonaise

retour
page d'accueil

 


Lucien de Samosate
(Samosate, vers 120 - Alexandrie (?) après 180)

 
lucien de samosate

(oeuvre de William Faithorne, 1626/27-1691)


"Lucien de Samosate, en grec ancien Λουκιανός / Loukianós (v. 120–mort après 180) était un rhéteur et satiriste de Syrie qui écrivait en grec, dans un style néo-attique.
Il naquit à Samosate, dans l'ancienne Syrie, et mourut en Égypte. Il fut sculpteur puis avocat et voyagea dans tout l'Empire romain.

Lucien naquit à Samosate, capitale de la Commagène, province de Syrie.
Ses parents le destinaient à la profession de sculpteur, mais il abandonna le maître à qui on l'avait confié, frère de sa mère, dès la première leçon. Il s'adonna tout entier à l'étude des belles-lettres, et il fut bientôt en état de tirer parti de ses talents.
Jusqu'à l'âge de quarante ans, il se borna à plaider ou à donner des leçons de rhétorique, d'abord à Antioche, puis à Athènes. C'est alors qu'il commença à écrire pour le public et à voyager. Il vint en Italie et y fit un assez long séjour. Il passa de là dans les Gaules, puis en Asie Mineure. Enfin, il se fixa en Égypte, où l'empereur Marc Aurèle lui assigna d'importantes fonctions administratives et judiciaires.
C'est à Alexandrie probablement qu'il mourut, dans les premières années du règne de Commode.

Avant d'arriver aux honneurs, il avait déjà acquis fortune et renom. Ses écrits rencontraient du succès, et il recevait des sommes considérables pour les leçons et les déclamations qu'il faisait sur son passage, à la manière des sophistes et des rhéteurs du temps. [...]

On lui attribue plus de 80 œuvres. [...]
Il a aussi écrit de nombreux dialogues pour ironiser en un style proche des cyniques contre les philosophes. Il se moquait de la naïveté des chrétiens dans La Mort de Pérégrinus. [...] Lucien est parfois considéré comme un des pères de l'esprit critique. Loin de s'en prendre aux seuls chrétiens, il démonte toutes sortes d'impostures magico-religieuses. [...]

Son Histoire véritable où le personnage voyage sur la Lune est parfois considérée comme une des premières œuvres de science-fiction, même si c'est plus un conte facétieux et qu'il n'y a aucune référence scientifique. Il influença les États et empires de la Lune de Cyrano de Bergerac, le Micromégas de Voltaire.

[...]
Son œuvre Les amis du mensonge ou L'incrédule, qui vise à ridiculiser la tendance des philosophes à croire au surnaturel, met en scène un scribe égyptien capable de donner vie à des objets inanimés, par des formules magiques, ce qu'il fait en transformant un balai en serviteur. Cette œuvre inspirera le poème de Goethe intitulé L'apprenti sorcier, publié en 1797
." (Wikipedia).

 

sur le deuil

Sur le deuil (Περί πένθους). Traduit du grec, préfacé et annoté en 2008 par Nicolas Waquet. Rivage poche. Petite Bibliothèque. 48 pages.

"L'univers satirique de Lucien nous plonge dans un monde où les défunts dialoguent, où les philosophes en quête de vérité s'engouffrent dans les Enfers et interrogent les ombres, où les rites funéraires sont une absurdité et où il faut envier les morts plutôt que de les pleurer." (Nicolas Waquet, préface, page 7).
Nicolas Waquet explique que Lucien, ici, se situe dans le prolongement des Tusculanes (de Cicéron) et de Crantor, auteur d'un traité intitulé Sur le deuil, et considéré comme une référence en matière de Consolation. On retrouvera les lieux communs de ce genre chez Plutarque (Consolation à Apollonios). "Mais Lucien choisit ici de les détourner. Ce n'est pas dans l'intention de consoler qu'il s'empare de l'argument consolatoire par excellence (qui consiste à considérer la mort comme un bien) ; c'est pour frapper d'absurdité, taxer de nullité le deuil dans son ensemble. Effectivement, si la mort est un bienfait, toutes ces coutumes et toutes ces cérémonies funèbres n'ont alors plus aucune utilité, plus aucune raison d'être.
L'athée et le rationaliste qu'est Lucien se propose donc - dès le premier paragraphe - de mener une exploration de l'inutile ; attitude déjà passablement paradoxale et volontiers provocante. En bon rhéteur, il va rentrer dans la logique de ce qu'il cherche à dénoncer.
" (page 16)

Lucien commence ainsi :
"Il est tout à fait intéressant d'observer le comportement habituel des personnes en deuil, leurs propos, le discours de ceux qui sont censés les consoler, leurs lamentations, et leur façon de considérer ce qui leur arrive comme un insupportable malheur, pour eux et pour ceux qu'ils pleurent. Au fond, par Pluton et Perséphone ! ils ne savent pas exactement si cet événement est pénible et mérite que l'on s'afflige ou s'il s'agit, au contraire, d'un plaisir et d'un bienfait pour ceux qui en font l'expérience [...]" (page 23).
Il examine ensuite ce que l'on connaît du monde mystérieux où vont les trépassés : les sources en sont Homère, Hésiode, et d'"autres conteurs de fables, prenant pour lois leurs fictions poétiques." (page 24).
Il a beau jeu de démonter les absurdités colportées.
Les hommes vertueux sont envoyés en groupe, "comme une colonie, mener une vie meilleure dans les champs Elysées." (page 28). Les méchants subissent des châtiments effroyables.
Mais la plupart (probablement vous et moi) se retrouvent dans un entre-deux : " [...] leurs ombres dénuées de corps errent dans la prairie et se dissipent comme une fumée dès que l'on cherche à les toucher. Ils se nourrissent des libations et des sacrifices que nous leur offrons sur leurs tombeaux, dans notre monde, de sorte que le défunt qui n'a laissé sur terre ni parent ni ami se trouve privé de nourriture et vit parmi les trépassés en endurant la faim". (pages 28-29).
C'est dur ! Les ombres sans famille ont faim, elles doivent se serrer la ceinture !
Lucien raille la coutume qui consiste à mettre une obole "dans la bouche [des morts] pour payer le passeur" : quelle est la monnaie qui a cours aux Enfers ? Sans compter qu'"Ils ne pensent pas non plus qu'il vaudrait mieux ne pas avoir de quoi payer la traversée, car le nocher refuserait ainsi de recevoir les morts et les renverrait à la vie." (page 29). Effectivement !

Quant au survivant qui gémit, qui se lamente si fort : "il sait bien que le défunt ne l'entendra pas, même s'il criait plus fort que Stentor. Il ne le fait pas non plus pour lui-même, car il suffit de ressentir cette douleur, de la connaître, sans devoir la crier pour autant : nul n'a besoin de hurler pour s'entendre ! C'est donc pour l'assistance qu'il profère ces sottises [...]" (pages 32-33).

Lucien fait parler le fils mort que son père pleure, et énumère toutes les calamités auxquelles il va échapper grâce à son trépas... "Par Zeus ! si le défunt, accoudé, se tournait vers eux et se mettait à discourir ainsi, ne penserions-nous pas qu'il parle d'or ?" (page 37).

On finit par le banquet funéraire. "Ils se mettent donc à table, un peu honteux d'abord, avec la crainte de se montrer assujettis aux appétits terrestres après la mort des êtres qui leur étaient les plus chers." (page 40).


Un court texte sur le deuil souvent instructif (grâce aux notes, aussi), mais également souvent très amusant. Bien sûr, on pourra penser que la critique est parfois un peu facile (quasiment toute croyance, prise de façon rationnelle, a sa part de ridicule), mais Lucien fait souvent mouche (il en a d'ailleurs fait l'éloge, de la mouche, mais il s'agit d'un autre texte).
Et, finalement, se moquer ainsi d'un sujet aussi grave, on se dit qu'il fallait oser.

"[...] on l'a souvent comparé à Voltaire et, comme Voltaire, il détestait la superstition. Son petit traité Sur le deuil flétrit les rites funéraires et les croyances qu'elles impliquent. Et la façon irrévérencieuse dont il met en scène les dieux est, précisément, d'un esprit que nous appellerions voltairien." (Jacqueline de Romilly, Précis de littérature grecque, Puf, page 242).


- Retour à la page Littératures Grecque et Romaine -

Toute question, remarque, suggestion est la bienvenue.MAILBOX.GIF (1062 octets)