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Le Conte du coupeur de bambous



le conte du coupeur de bambous

- Le Conte du coupeur de bambous (Taketori Monogatari, X° siècle). Traduction de René Sieffert, Publications Orientalistes de France, 94 pages.
"
Le Conte du Coupeur de Bambous, Takétori-monogatari, est généralement considéré comme le plus ancien des monogatari. Ce terme, qui désigne parfois de véritables romans au sens moderne du mot, doit être pris dans le cas présent dans son sens propre de « récit », « chose contée ». En l'occurrence, il s'agit même d'un véritable conte de fées." (René Sieffert, commentaire, page 75).
Il daterait vraisemblablement de la fin du IX° siècle-début du X° siècle. "[...]
il est clair que ce récit est formé par la combinaison de trois contes, dont on peut retrouver des variantes dans le folklore.
Le premier est fondé sur le thème de l'enfant merveilleux découvert par un vieillard et adopté par lui. Ce thème revient dans un grand nombre de contes japonais, parmi les plus populaires. Et il faut noter que c'est généralement dans une plante ou un fruit qu'est découvert l'enfant.
" (page 77).
René Sieffert cite l'enfant de la pêche, Momotarô (dont on peut trouver une parodie écrite par Akutagawa dans le recueil Jambes de cheval), et Urikohimé, l'enfant du melon.

Voici le début du conte :
"Voilà déjà longtemps, il était un homme qu'on appelait le vieux coupeur de bambous. Il allait par monts et par vaux chercher des bambous qu'il employait à mille usages. Son nom était Sakaki no Miyatsuko.

sakaki no miyatsuko
Photo tirée du film de Takahata Isao, Le conte de la princesse Kaguya (2013)

Or, parmi ces bambous, il y en eut un dont le pied jetait un vif éclat. Intrigué, le vieillard s'approcha et vit que la lumière provenait de l'intérieur de la tige. Il l'examina : il y avait, assise là, une personne humaine, haute de trois pouces, d'une extrême beauté.

kaguya

Et voici ce que dit le vieillard :
- Puisque vous vous trouvez dans ce bambou que je vois matin et soir, voici ce qui est clair : sans doute êtes-vous destinée à devenir mon enfant !
Cela dit, il la prit dans le creux de sa main et la rapporta chez lui.

kaguya
Affiche du film de Takahata Isao.

Et de la confier à la vieille son épouse afin qu'elle la soignât. Sa beauté était infinie. Et, comme elle était minuscule, ils la couchèrent dans un panier." (pages 9-10)

Taketori Monogatari    taketori monogatari
Tosa Horomichi-Tosa Hirosumi, circa 1650 ; à droite : fin du XVII°. (source : http://www.metmuseum.org/collection/the-collection-online/search/45361 )


Mais ce n'est pas tout : notre brave homme trouve également de l'or dans les bambous... Il a désormais de quoi établir la petite fille, Kaguya.

La petite Kaguya grandit très vite, de façon surnaturelle. Rapidement, la nouvelle de son incroyable beauté se répand.
Les prétendants se pressent, et parmi eux cinq, plus motivés encore que les autres. Les voici :

les pretendants

Nous arrivons ainsi dans la deuxième partie du conte : comment départager les prétendants ?
"Et Kaguyahimé de dire :
- Je ne prétends point mesurer la profondeur de leurs sentiments. Je me contenterai juste d'une petite épreuve. Leurs intentions à tous me paraissent également respectables. Comment saurais-je comparer leur valeur ? Veuillez donc annoncer à ces hommes que je serai à celui des cinq qui me prouvera l'excellence de ses intentions en me présentant l'objet dont je lui aurai exprimé le désir.
" (page 15).
Bien sûr, ce sont des objets extrêmement difficiles à se procurer... Il faudra du courage, du temps, de l'argent... et puis aussi une échelle, ou un bateau, et dans chacun des cas, le danger sera là !

coquillage    quete   kaguya
(Rouleau du XVII° siècle, voir http://www.wdl.org/fr/item/7354/ ) ; à droite, présentation de la toison du rat-du-feu, dans le film de Takahata.


"Or, si la première partie, qui raconte la naissance de Kaguyahimé, est brève et assez maladroite, proche sans doute de la version populaire japonaise dont elle s'inspire, l'histoire des prétendants et de l'Empereur est longuement développée, et fait montre de recherche littéraire. Des poèmes, détestables d'ailleurs, y sont insérés." (page 80).
Isao Takahata, dans son film, a eu le bon goût de ne pas les reprendre (il a aussi changé l'histoire du bol de pierre du bouddha).

A propos de Kaguya : "On reproche souvent à ce personnage de manquer d'humanité. Mais c'est précisément dans la mesure où elle serait humaine qu'elle serait fausse. Et c'est une des meilleures réussites de l'auteur que d'avoir fait d'un personnage de conte de fées cette belle et distante figure." (page 87).
Suit une analyse intéressante de la façon qu'ont les différents prétendants de tenter de se procurer les objets que réclame la belle Kaguya pour accepter le mariage (chacun agit en fonction de sa nature : l'homme d'affaires agira en homme d'affaires, le militaire en militaire...).
Dans le film de Takahata, contrairement au conte, Kaguya ne manque pas d'humanité, elle est au contraire très humaine, touchante. Si elle lance les prétendants dans des quêtes périlleuses, ce sont les prétendants eux-mêmes qui avaient évoqué les objets en question : ce sont donc eux qui ont cherché les problèmes, et Kaguya est en quelque sorte innocente.

Dans la troisième et dernière partie, on apprendra quelle est l'origine de Kaguya. Cette partie est spectaculaire, mais m'a paru un peu accolée au reste de l'histoire, un peu tirée par les cheveux, et pas très logique.

fin  fin    gekkyu no mukae
(Rouleau du XVII° siècle, voir http://www.wdl.org/fr/item/7354/ ) ; à droite : Gekkyu no mukae, Yoshitoshi Tsukioka. 1888.

 

Un conte qui se lit avec grand plaisir, intéressant et souvent surprenant.

 

Voici la bande-annonce du très beau film de Takahata Isao :

 

Kon Ichikawa a également réalisé un Taketori Monogatari en 1987.
princess from the moon 

Voici une scène du film, qui se situe vers la fin (Kaguya y révèle ses origines) :

 

 

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