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ICHIKAWA Takuji

(Tokyo, 07/10/1962 - )

ichikawa takuji

Ichikawa Takuji est né à Tokyo en 1962. Son roman Je reviendrai avec la pluie (2003) a été un best-seller au Japon, avec plus de trois millions d'exemplaires vendus.
Il a écrit d'autres romans depuis.

je reviendrai avec la pluie       version japonaise   version anglo-saxonne  version espagnole
Couverture française : Liu Xiaofang (née en 1980), I remember series No.4 (détail), photo que l'on pourra voir en entier sur http://www.798photogallery.cn/EN/photographer/photographer_78.html ; puis couverture japonaise, anglaise et espagnole.


Je reviendrai après la pluie (Ima, ai ni yukimasu, 2003). Roman traduit par Mathilde Bouhon en 2012. 321 pages. Flammarion. (Mathilde Bouhon, qui traduit habituellement de l'anglais, a-t-elle vraiment travaillé à partir du texte japonais, ou bien d'une traduction anglaise ?)
La photo de couverture française ne fait vraiment pas penser à un livre japonais : on n'imagine pas une petite Japonaise habillée ainsi. Sans compter que, dans l'histoire, il n'y a pas de petite Chinoise, ni de petite Japonaise, d'ailleurs. Le choix d'une couverture résulte d'une étude marketing, j'imagine.

3 millions d'exemplaires vendus, proclament le bandeau et la quatrième de couverture, qui ajoute : "le livre a inspiré un film et une série télé encensés par la critique, ainsi qu'un manga sacré best-seller". Existe-t-il une cérémonie de sacrement pour les mangas "best-sellers" ?

Passons à l'histoire.
Le narrateur, Takumi, est veuf. Mio, sa femme adorée, est morte il y a quelques mois à peine. Ils ont un fils, Yûji, six ans. Avant de mourir, Mio a fait une prédiction :
"« Je ne serai bientôt plus de ce monde, mais lorsque la saison des pluies sera de retour, je reviendrai sans faute voir comment vous vous débrouillez, tous les deux. »" (page 32)

Entre-temps, la vie continue.
"J'ai enfourché mon vieux vélo garé sous l'escalier et me suis mis à pédaler en direction du cabinet juridique où je travaille, qui n'est qu'à cinq minutes. J'ai de la chance que la distance soit courte, car je supporte mal les transports." (page 12).
On verra que le narrateur a de nombreux problèmes psychiques, qui seront explicités.
"C'est pourquoi Laïka, la chienne qui a fait le tour de la Terre à bord du Spoutnik, est mon idole. J'aimerais avoir ne serait-ce qu'une fraction de son courage." (page 42).
Personne n'a sans doute dit à Takumi que Laïka ne s'est pas portée volontaire.

En revenant des courses, Takumi passe souvent par un parc avec son fils, et il papote avec le professeur Nombre, pendant que Yûji joue avec le chien, Pooh. Takumi dit au professeur qu'il a songé à écrire un roman, sur sa femme, tout ça.
"Merveilleux ! C'est absolument merveilleux.
- Vous trouvez ?
- Mais oui. Les romans sont la nourriture du coeur. Ce sont les lampes qui illuminent les ténèbres, la joie qui surpasse l'amour.
- Ce n'est rien d'aussi exceptionnel. Disons plutôt que j'envisage d'écrire notre histoire, à Mio et moi, afin de permettre à Yûji de la lire un jour.
" (page 24).
On est presque chez Coelho, d'autant que s'ensuit une discussion café du commerce.
" « C'est bien triste d'oublier. Moi aussi, j'ai déjà oublié tellement de choses, hélas. Les souvenirs nous permettent de revivre l'instant. Dans notre tête », a dit Nombre en désignant son crâne." (page 24).
Ben oui, les souvenirs, ça consiste à se rappeler, et ça se passe généralement dans notre tête.
On a aussi droit à une petite apologie du "bonheur modeste" (page 23), tendance "petits riens". Ce n'est pas bien neuf, et pas très intéressant, juste la routine des livres qui se veulent sages.

Le professeur Nombre dit aussi : "Après tout, ce que l'on considère comme le meilleur de la littérature du XX° siècle est né de la transmission des souvenirs d'enfance." (page 24).
C'est extrêmement discutable. (et d'ailleurs qu'en est-il du meilleur de la littérature du XIX° siècle ?)
Enfin, revenons à l'histoire, ou à ce qui en tient lieu. Le narrateur a du mal à écrire son livre. Le professeur lui donne alors un conseil, fruit de sa sagesse :
"- Vous pourriez simplement attendre que le moment vienne.
- Le moment ?
- Oui, le moment où les mots qui emplissent votre coeur se déverseront d'eux-mêmes.
" (page 38).
Au-delà de l'extrême banalité un peu consternante du conseil, on a un dialogue typique, avec question d'explicitation, répétition. Ces dialogues abondent.
Par exemple, page 39, Yûji parle avec son père, de retour des courses :
"« Dis...
- Qu'y a-t-il ?
- Ça a ce goût-là, le chou farci ?
- Non, je ne pense pas.
- Mais...
- Hmm ?
- Enfin, c'est super mauvais.
- Je suis bien d'accord. »
Vinrent cinq secondes de silence.
« Tu sais, je...
- Oui ?
- J'ai remarqué quelque chose.
- Quoi donc ?
- On dirait qu'on s'est trompés en faisant les courses.
- A quel sujet ?
- Je crois qu'en fait j'ai peut-être acheté une laitue au lieu d'un chou...
- Ah bon. »"
(page 39).

Etc. C'est très long, et très ennuyeux. On attend avec impatience le retour de Mio, en espérant une amélioration.

A un moment, le narrateur fait une citation : "Comme l'a dit quelqu'un, il n'y a pas pire que le désespoir." (page 175).
Tu parles d'une phrase mémorable !
Jean-Louis Trintignant, dans une interview à Télérama il y a quelques années, disait : "Je n'aime pas le mot tristesse. En revanche, « désespoir », ça me plaît, car cela implique de la lucidité. Pour moi, être triste, c'est mal vivre le désespoir. Mais est-il possible de vivre gaiement son désespoir ?"
Bref, Trintignant dans une interview, c'est beaucoup plus subtil que Ichikawa dans un roman.

Dans sa postface, l'auteur parle de livre autobiographique, mais rassurons-nous, sa femme n'est pas morte.
"
Lorsque mon roman a atteint le million d'exemplaires vendus au Japon, la plupart des questions que l'on me posait tournaient autour de deux points : « Quels passages du livre sont véridiques ? » et « Que pensez-vous du grand amour ?»" (page 320).

Pour qu'on lui demande ce qu'il pense du grand amour, j'imagine qu'il n'était pas invité dans une émission littéraire.

A propos de son roman, Ichikawa écrit : "pour tout dire, il est sentimental" (page 321).
C'est ça : sentimental.

Pour résumer : un livre souvent ennuyeux, vraiment pas bien écrit ("sensibilité rare", dit pourtant la quatrième de couverture), sentimentalo-lacrymal, aux dialogues vraiment pas bons et telllllement longs.
Cela s'améliore un tout petit peu dans la deuxième partie (et la fin est inattendue, il faut reconnaître ça au bouquin), mais globalement on se fiche pas mal de Takumi et Mio, de comment ils se sont rencontrés, comment ils se sont plu, tout ça.
Je n'ai jamais lu de Marc Lévy, mais ça ne m'étonnerait pas que ça y ressemble.
Ce roman, "coup de coeur du libraire" d'un grand magasin culturel de la Défense, est-il pire qu'Un Cri d'amour au centre du monde, le best-seller de Katayama Kyoichi ? Sans doute pas, quand même.

A noter que, vers la fin (page 306), les relecteurs, sans doute fatigués, ont laissé passer un "six mois", alors qu'il s'agit de semaines. Mais c'est vrai que le temps peut paraître bien long, parfois.


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