,Livre.gif (217 octets) Littérature Japonaise Livre.gif (217 octets)



-
dictées

- listes
- liens recommandés


Papillon.gif (252 octets)

-> retour Japon <-

retour
page d'accueil

 


INABA Mayumi (稲葉真弓)

(08/03/1950 - Tokyo, 30/08/2014)

inaba mayumi

"Née en 1950, Inaba Mayumi gagne à seize ans un concours de poésie organisé par l’influent magazine Bungei Shunjû, et remporte un prix à vingt-trois ans pour son premier récit. Depuis elle publie romans et nouvelles, qui ont entre autres été couronnés par le prix Kawabata et le prix Tanizaki [en 2011, pour Hantō e, 半島へ]. " (Site de Philippe Picquier)
Valse sans fin (Endoresu warutsu, エンドレス・ワルツ, 1980) a été adapté par Kôji Wakamatsu en 1995.

Elle est décédée le 30 août 2014, d'un cancer du pancréas.

Son site officiel : http://inabamayumi.web.fc2.com

 

20 ans avec mon chat    couverture japonaise
La couverture française me paraît meilleure, même si je suppose que le chat de la couverture japonaise est le chat de Inaba Mayumi...

- 20 ans avec mon chat (Mi i no inai asa, ミーのいない朝, 1999). Traduit du japonais par Elisabeth Suetsugu. Editions Philippe-Picquier. 198 pages.
Il s'agit d'un texte autobiographique, et pas d'un roman.

"Année 1977, dans l'été finissant. Oui, je suis presque certaine que c'était à la fin de l'été. J'ai fait la rencontre d'un chat, ou plutôt d'une boule de poils, toute vaporeuse, comme une pelote de laine. C'était un chaton, un tout petit bébé chat.
La tête était de la grosseur d'une pièce de monnaie, la bouche fendue jusqu'aux oreilles. L'animal se balançait dans le vide teinté d'une lumière incertaine. [...]
Qui avait bien pu le coincer ainsi dans un interstice ?
" (page 7)

Inaba Mayumi sauve la petite chatte et l'amène chez elle (enfin, chez son mari et elle).
Le texte, de temps en temps, est entrecoupé d'un poème. Il y en a une dizaine en tout. En voici un, le premier :
"Le chat
minuscule
Les griffes
transparentes et nacrées
Les oreilles
mobiles il écoute ma voix
Les yeux
humides et clairs
Un soir où le quartier avait une légère odeur mentholée
Tu es venu de loin
Viens ! Bonjour !
Je suis un être humain et toi tu es un chat
" (page 14)

A partir de là, le bien-être de la chatte, qu'elle va appeler Mî, va devenir le sujet de préoccupation principal d'Inaba Mayumi.
"Nous travaillions tous les deux [son mari et elle] mais nous arrivions juste à joindre les deux bouts. Nous n'avions pas d'économies et l'idée d'acheter une maison dans un endroit d'où nous pourrions nous rendre au travail dans la capitale ne nous effleurait même pas. A cela s'ajoutait cette fois la question de Mî. Passe encore si nous avions été seuls, mais la présence du chat compliquait les choses. Tôkyô est un endroit intraitable quand il s'agit de vivre avec un chat, c'est le moins qu'on puisse dire." (page 39).
La hasard faisant bien les choses, ils trouvent à louer une vieille maison avec jardin.
Même si elle prend progressivement de l'assurance, la chatte reste une petite craintive.
"Ce printemps-là, Mî avait appris à goûter le plaisir des roulades sur les pierres ou le sable du jardin, à grimper sur les branches du pêcher aussi. [...] Il arrivait qu'une fois sur l'arbre, elle ne puisse plus redescendre, et elle poussait des miaulements désespérés.
Viens à mon secours ! m'appelait-elle. Je restais imperturbable. Au secours ! Mine de rien, je jetais un coup d'oeil en haut des branches, et je la découvrais dans une fourche, agrippée de toute la force de ses griffes. [...] La plupart du temps, c'est mon mari qui venait à son aide sans rechigner, à condition bien entendu qu'il se trouve à la maison. Quant à moi, je considérais le spectacle du couloir, prenant un cruel plaisir à la détresse de Mî, qui lui faisait pousser des cris si touchants que j'aurais voulu les prolonger. [...]
Si personne ne venait à son secours, elle n'avait d'autre solution que de descendre d'elle-même, mais je devrais dire plutôt qu'elle se laissait carrément tomber, tant elle était maladroite. Et à chaque fois, elle accompagnait sa chute d'un miaulement auquel se mêlait une sorte de grognement qui me faisait rire. Escalade du pêcher d'un bond vif. Miaulements de détresse. Bruit d'une chute. Grognement.
" (page 48).

Puis viennent les difficultés économiques. Inaba Mayumi est licenciée de son travail. Elle ne gagnait pas sa vie grâce à l'écriture : elle n'écrivait que le soir et la nuit.
Elle va trouver un autre emploi, et parvenir à publier, mais elle ne parle que très peu de ce qui touche à sa production littéraire. On la voit travailler le soir, mais on ne sait pas vraiment ce qu'elle écrit : ce n'est pas le sujet du livre.
Elle parle en passant de quelques auteurs : Nakagami Kenji qu'elle aperçoit souvent dans un café ; et puis Uchida Hyakken :
"Quand le chat d'Uchida Hyakken a disparu (il s'appelait Nora ! [note de la traductrice : Nora signifie en japonais chat errant, chat libre qui n'a pas de maison, souvent chat de gouttière], il paraît que l'écrivain l'a cherché partout, devenu fou, en pleurant sans pouvoir s'arrêter. Il a relaté l'événement en détail dans son roman Nora de mon coeur, où il est intéressant de voir qu'un être humain peut perdre la raison ou presque, simplement à cause de la disparition d'un chat. [...]" (page 115)

Comme l'annonce le titre français, on suit donc vingt ans de la vie de l'auteur avec son chat. Bien sûr, le début est plus amusant que la fin...
Quel dévouement de l'auteur envers son chat les dernières années !
Le livre fini, on se pose une question : a-t-elle adopté un autre chat ? Vu son attachement à Mî, je suppose que non, mais je n'en sais rien. Les deux positions peuvent se comprendre.

Un livre globalement intéressant, même pour un non fanatique des chats.
Je pense que je l'aurais trouvé encore plus intéressant si j'avais pu lire précédemment les romans de l'auteur... (qui ne sont pas traduits).

 

On pourra lire une cinquantaine de pages du livre sur le site de Philippe Picquier.

la péninsule xu 24 saisons
Couverture : Flora Waycott (son site)

- La Péninsule aux 24 saisons (Hantô e, 半島へ, 2014). Traduit du japonais par Elisabeth Suetsugu en 2018. Editions Philippe-Picquier. 238 pages.
Là encore, il semble bien qu'il s'agisse d'un texte au moins en partie autobiographique et situé après "20 ans avec mon chat" (période à laquelle il est fait explicitement mention à la page page 168 : on y apprend qu'elle a adopté un chaton alors qu'elle commençait à s'habituder "à l'absence du premier félin qui m'avait accompagnée pendant vingt ans")... mais finalement, rien ne me le prouve, et Picquier a écrit : "roman"...

Quand le livre commence, cela fait un mois que la narratrice a quitté Tôkyô pour s'établir dans un endroit assez reculé du Japon, en pleine nature.
"J'avais prévenu la petite maison d'édition avec laquelle j'étais en relation depuis de longues années, ainsi que le responsable éditorial qui s'occupait de moi, en disant avec nonchalance que « je ne partais pas à l'étranger, je n'allais pas bien loin ». De Tôkyô, il fallait environ cinq heures pour atteindre cette péninsule située dans la préfecture de Mie. Si un imprévu surgissait, je pouvais être de retour dans la journée." (page 16).

Elle parle de ses souvenirs (son père mort, sa mère malade...), de son chat (qui change ses habitudes citadines pour plus d'indépendance campagnarde, puisqu'il est maintenant libre de se promener comme il le souhaite), mais aussi de certains de ses voisins (au sens large, car il n'y a pas d'autre maison toute proche) :
"Le couple n'a pas d'enfants. Quant à leurs goûts, ils m'ont raconté un détail amusant : s'ils sont tous les deux apiculteurs, Kayoko aime les abeilles japonaises, tandis que son mari a une préférence pour les abeilles d'origine occidentale. Celles-ci ayant l'habitude de se déplacer pour butiner d'un champ à un autre, Yôji installe les ruches dans un camion et, du printemps à l'été, il parcourt tout le Japon à la recherche de fleurs pour ses abeilles. Les abeilles japonaises restent groupées et butinent sans opérer de choix, ce qui permet à Kayoko de s'occuper seule des ruches en l'absence de son mari." (page 43)

Le livre suit l'évolution de la nature, pendant un an.

"Je prête régulièrement l'oreille aux bruits de la forêt et je respire l'odeur fraîche qui émane du feuillage. Sur le calendrier de la semaine dernière, il y avait la mention shôman, ce moment où la nature semble prendre son élan. Quand on arrive à la fin du mois de mai, plantes et arbres se mettent à pousser d'un seul coup ensemble. A Tôkyô, j'utilise un calendrier de douze mois, mais ici, j'en ai accroché un au mur qui met en valeur les vingt-quatre moments des saisons de l'année. Chaque mois est divisé en deux avec une couleur différente. En petites lettres, on indique les particularités de chacune des saisons et ce qu'il convient de faire. Par exemple :

Entrée dans l'été. Tailler les arbres à fleurs. Mettre en terre les bulbes et les plants.Semer les graines de fleurs annuelles. [...]
Shôman. A Kagoshima, les hortensias sont en fleurs. Deuzias, azalées satsuji, trioles fleurissent. [...]

Comparé au calendrier qui divise les douze mois en trente ou trente et un jours, celui qui répartit les périodes de l'année en vingt-quatre saisons donnait du relief à la monotone répétition quotidienne et me causait une légère excitation. Ces saisons qui arrivaient tous les quinze jours étaient comme des gares où on montait et descendait. Telle petite gare montrait soudain son visage quand on sentait le changement de l'air.
C'est monsieur Tachibana, l'artisan spécialiste de la coloration naturelle, qui m'a fait connaître l'existence de ce calendrier à l'ancienne
." (pages 60-61)

On trouvera plus de détails sur ces 24 "saisons" (nijūshi sekki ; 二十四節気) sur https://www.aventure-japon.fr/index.php/274-japon-insolite/4-saisons-japon/97-les-24-periodes-solaires-nijushi-sekki ou encore sur http://allo-marcel.blogspot.com/2010/08/les-24-saisons-du-japon-24-sekki.html
(on notera que le titre original du livre parle bien de péninsule, mais pas de "24 saisons", ce qui est logique puisque ce n'est pas une spécificité de cette péninsule : c'est comme si on parlait d'une région de France en précisant qu'il y a quatre saisons... je suppose que le titre est juste plus attirant, plus intrigant pour le lecteur français).

Le livre est globalement agréable à lire, on apprend des petites choses ici et là, mais il est aussi parfois, m'a-t-il semblé, un peu long.

On pourra lire une vingtaine de pages du livre sur le site de Philippe Picquier.

 


- Retour à la page Littérature japonaise -

 

Toute question, remarque, suggestion est la bienvenue.MAILBOX.GIF (1062 octets)