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MORIYAMA Takashi

( 1931 - ? )

Moriyama Takashi a été ancien haut fonctionnaire de l'Unesco à Paris, il a travaillé en France chez Sony, il a également été secrétaire général du Pen Club Japon. Il connaît le Japon et l'Occident (et notamment a France) de l'intérieur.
Il s'est amusé à écrire un livre très sympathique sur les divers aspects du Japon : l'Abécédaire du Japon.

abécédaire


L'Abécédaire du Japon
(1997, 171 pages, Editions Philippe Picquier ; directement écrit en Français, il me semble).
Le livre, comme son titre l'indique, se présente sous forme d'un abécédaire et présente notamment les entrées suivantes : Adresses, Alcool, Alimentation, Bain, Bureau, Congés annuels, Coréens, Discriminatoires (mots ou expressions), Femme,Français, Humour, Informer (Rage d'), Littérature, Politesse, Riz, Sceau, Séismes, Tabous, Voitures, Yakuza, Zen...
Il est destiné à un public Français. Moriyama utilise des comparaisons et des références qui nous "parlent".

Moriyama commence par quelques "généralités" pour bien faire comprendre au lecteur le contexte de la société japonaise.
Par exemple, la densité de la population : "En termes de densité au km2, la proportion est de 328 pour nous, contre 104 pour vous. [...] Notre fichu territoire national est assez peu propice à l'habitat humain car il compte moins de 20% de plaines, le reste étant totalement inhospitalier et inhabitable. [...] Ainsi, si vous considérez uniquement la partie habitable du Japon, vous constaterez que les 124 millions de Japonais vivent sur un territoire grand comme le Benelux ! Essayez d'imaginer un instant la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg avec 124 millions d'habitants, dont environ 30 millions aglutinés autour de Bruxelles ou d'Amsterdam. Vous avouerez que s'il en était ainsi, nos amis Belges, Hollandais et Luxembourgeois devraient adopter un mode de vie quelque peu différent de celui dans lequel il se complaisent actuellement, sans se douter de la chance qu'ils ont." (pages 14-15).
Sur le risque sismique : "[...] mais avouez tout de même que si RTL ou Antenne 2 vous expliquait froidement et régulièrement que « selon des spécialistes généralement dignes de confiance, un séisme de magnitude 7 ou 8 sur l'échelle de Richter devrait toucher le bassin parisien dans les dix années à venir », vous seriez sans doute amené à revoir un peu vos jugements de valeur." (page 18). On notera que le livre date de 1997... Le séisme de magnitude 7 a attendu un peu plus longtemps que dix ans.

Ensuite, Moriyama Takashi aborde différents sujets, par ordre alphabétique, ce qui permet de lire les articles dans le désordre si l'envie nous en prend.
Voici quelques extraits, représentatifs de l'ensemble :

Alcool : "Un très grand nombre de mes compatriotes souffrent d'une déficience génétique qui les rend allergiques à l'alcool, et même ceux qui le supportent ne peuvent pas en boire de très grandes quantités. Or, le problème est que même lorsqu'ils ne supportent pas bien l'alcool, ils en boivent bien au-delà de leur capacité d'absorption, entraînés par l'environnement de leur lieu de travail et surtout pour faire « comme tout le monde  ». " (page 35).

Automobiles : "Normalement, un Japonais, qui ne part pas en vacances (surtout pas en voiture), n'a pas de caravane ni de bateau ni de résidence secondaire, ne devrait posséder que des véhicules utilitaires : or les rues de Tôkyô sont pleines d'énormes 4 x 4 équipés comme pour un Paris-Dakar (avec le jerrycan de carburant et la pelle accrochée à la roue de secours, le super-pare-chocs pour protéger le radiateur contre les kangourous rôdeurs, etc.), de grosses voitures allemandes haut de gamme [...]. Eh bien, je crois que les Japonais les achètent un peu comme un jouet, pour s'offrir une part de rêve ! Le plus étonnant, ce sont les 4 x 4, souvent achetés par des jeunes qui y mettent tout leur argent [....]. Ils y installent tous les accessoires possibles et imaginables, se créant un « chez-eux » de luxe... qui remplace le studio qu'ils ne peuvent pas s'offrir. Certains se déchaussent même avant de monter dans leur 4 x 4 et obligent les passagers à en faire autant." (pages 45-46).

Hiérarchie : "Les Japonais semblent éprouver de grandes difficultés à concevoir des rapports d'égal à égal dans la vie quotidienne : on y est presque toujours le supérieur ou l'inférieur de quelqu'un, et le niveau de la langue que l'on utilise traduit le respect ou la condescendance vis-à-vis de l'interlocuteur. [...]
Celui qui vend ou offre un service est toujours l'inférieur et l'obligé du client.[...] Lorsque les positions respectives sont incertaines, on fera assaut de formules respectueuses, utilisant d'humbles expressions d'autodénigrement. Ainsi l'on parlera de son cochon de fils, de sa stupide épouse, de son humble demeure, du misérable repas que l'on voudrait offrir. [...]
Cette manie de ne concevoir les rapports humains qu'en terme de hiérarchie fait partie de l'étiquette japonaise. Elle tire très certainement son origine du système de classes sociales, complexe à l'extrême, dans lequel a vécu le Japon pendant des siècles. Autrefois, même lorsqu'un samouraï déchu en était réduit à servir de garde du corps à un riche marchand, celui-ci était tenu de s'exprimer avec déférence envers son employé, qui ne se privait pas de parler à son employeur avec l'arrogance que lui permettait son appartenance à la classe des guerriers. [...]
Une hôtesse de l'air, si elle est japonaise, est très souvent considérée comme une simple servante, un passager mâle pouvant exiger d'elle des services aussi saugrenus que de lui recoudre un bouton de chemise.
" (pages 102-104).

Humour : "Les Japonais rient beaucoup mais n'ont guère d'humour. [...] L'humour fondé sur l'absurde, notamment, laisse de marbre la plupart des Japonais. [...]
Bien sûr, il y a aussi chez nous des raconteurs d'histoires drôles, genre chansonniers en France. J'avoue qu'en ce qui me concerne, leurs histoires, souvent scatologiques, ne m'amusent pas beaucoup. Mais mes compatriotes sont pliés en quatre en les écoutant. Ainsi celle du borgne :
« Un borgne va se coucher, et comme d'habitude met son oeil de verre dans un verre d'eau qu'il place à son chevet. Il se réveille en pleine nuit et comme il a soif, il prend le verre, boit l'eau et avale en même temps son oeil de verre. Affolé, il fait venir le médecin du quartier qui l'ausculte soigneusement et finit par examiner l'anus du patient. Terrifié, il tombe à la renverse en s'écrivant « Un oeil me fixe du fond du trou du cul ! » Euh... je ne sais pas si c'est très drôle. Peut-être est-ce dans la manière de raconter l'histoire. Pour ma part, je la trouve plutôt sordide. Je ne saurais pas vous expliquer à quoi il faut attribuer le manque d'humour de mes compatriotes, mais eux-mêmes en sont conscients. J'en veux pour preuve la publicité que j'ai vue l'autre jour dans le journal, où l'on proposait des « cours sur la façon d'acquérir le sens de l'humour » !
" (pages 107-108).
C'est étonnant... Chez Kitano, il y a certes de l'humour scato (dans Getting Any ?, par exemple, l'homme-mouche pris au piège dans un tas de merde), mais aussi beaucoup d'absurde !

Travail : "On dit que les Japonais travaillent comme des fourmis. Ce n'est peut-être pas faux, si l'on sait que les fourmis ne travaillent pas toutes comme des forcenées.
C'est ce que racontait avec beaucoup d'humour l'écrivain Ôe Kenzaburô lors d'un dîner offert en l'honneur de l'ambassadeur de France. Commentant les propos tenus par votre ex-Premier ministre Edith Cresson, Ôe confirma que chez les fourmis comme chez les Japonais, il y en a 20 % qui sont de véritables stakhanovistes, 50 % qui travaillent à leur rythme et 30 % qui font semblant de travailler !
" (page 161).

Vacances : "Imaginez que vous habitiez une île grande comme la Belgique et la Hollande en compagnie de 125 millions de compatriotes, où pourriez-vous passer vos vacances ?" (page 163)

Voilà... Un livre bien sympathique, qui se lit très facilement et rapidement, multiplie les anecdotes croustillantes, et dont l'une des grandes originalités réside dans les comparaisons avec la culture française.
De quoi passer un bon moment !

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