Livre.gif (217 octets) Littérature Japonaise Livre.gif (217 octets)



-
dictées

- listes
- liens recommandés


Papillon.gif (252 octets)

-> retour Japon <-

retour
page d'accueil

 


MUKÔDA Kuniko

(Tôkyô, 28/11/1929 - Taiwan, 22/08/1981)

mukoda kuniko

Mukôda Kuniko a fait carrière de scénariste pour la radio et la télévision. En 1978, elle se lance dans la littérature, et obtient le prix Naoki en 1980 pour un recueil de nouvelles.
Malheureusement, elle meurt l'année suivante dans un accident d'avion.


couverture (c) Mitsuyuki Tuji.

Menteur ! (Omoide toranpu, 1980). Traduit du japonais par Louise Boudonnat et Harumi Kushizaki. 97 pages. Editions Philippe-Picquier. Prix Naoki 1980. En fait, c'est un ensemble de trois nouvelles qui a obtenu le prix : La Loutre et deux autres nouvelles, dont je n'ai que les titres en anglais : "The name of the flower" et "I doubt it", et dont je ne sais même pas si elles font partie du présent recueil.

Ce livre comprend cinq nouvelles. Or, le recueil original qui portait le nom Omoide toranpu en comportait treize. Il s'agit donc d'une traduction partielle. 97 pages pour six nouvelles... le lecteur français aurait pu avoir la totalité des treize.
Enfin...

1- La Loutre commence ainsi :
"C'était un lundi dans la soirée, ma cigarette m'avait glissé des doigts.
A ce moment-là, Takuji était assis sur la véranda et fumait en contemplant le jardin. Atsuko, sa femme, pliait le linge à l'intérieur, ressassant la même histoire que d'habitude. Le couple n'était pas d'accord : devait-il oui on non faire construire sur les six cents mètres carrés du jardin ?
" (page 9). Ne vaut-il pas mieux attendre que Takuji soit à la retraite, dans trois ans ?

Deux pages plus loin :
"Sept jours après l'épisode de la cigarette, Takuji alla prendre au saut du lit l'édition du matin. Mais au moment où il regagnait le salon , se retenant vainement aux montants des shôji, il s'écroula, victime d'une hémorragie cérébrale.

Un insecte bourdonnait dans ma tête. Cela faisait maintenant un mois depuis ma chute, et juste à l'endroit de la nuque, de temps à autre l'insecte entamait ses stridulations.
" (page 11).
Il est handicapé, mais son état va peut-être s'améliorer.
"Atsuko mange une glace au soda de couleur rouge. Comme une enfant, elle souffle dans la paille et le soda rouge se mélange à la glace, une mousse blanche recouvre la surface du verre. La paille qu'elle serre entre ses lèvres est déchirée sur la longueur. Un filet de liquide écarlate s'écoule de la fente. Arrête ! arrête de respirer ! Qu'un vaisseau cède encore une fois sous la pression du sang, et pour moi tout serait fini ! J'aurais voulu hurler, mas mon cri se perdait dans ma gorge. Atsuko m'avait réveillé en me secouant. Rêve ou réalité ? La frontière était devenue floue. Cette scène du soda suintant abondamment de la paille, j'avais l'impression de l'avoir déjà vécue." (page 13).
Le lecteur va en apprendre plus sur la vie du couple, ses drames. Une nouvelle très sombre. Le va-et-vient de la première à la troisième personne et inversement contribue à créer une impression curieuse, une sorte de malaise.

2 - La longue pente. Shôji a une relation avec une jeune femme, Tomiko. "Tomiko était taciturne, ses gestes lourds, même son rire avait quelque chose de gauche. Elle était sans charme, les traits quelconques. Elle semblait se forcer à sourire. Elle ouvrait la porte, accueillait Shôji sans dire un mot et, comme ploie un grand arbre, elle abattait contre lui son corps moite. Mais cela aussi, il le lui avait appris. Auparavant, elle restait plantée devant lui avec son visage maussade. La fraîcheur des vingt ans et la blancheur de la peau étaient les seuls attraits de ce corps massif, imposant. [...]
Tomiko était sans aucune volonté, elle faisait tout ce qu'on lui demandait. Mais c'était précisément cela qui avait attiré Shoji, et les choses s'étaient installées d'elles-mêmes. Il venait d'avoir cinquante ans.
" (page 23).
Une très bonne histoire, pas gaie du tout.

3 - La lucarne. "Eguchi n'avait jamais pensé que les maisons aussi avaient un visage et qu'il se fanait au fil des ans. Il s'était fait cette réflexion à l'automne, après sa mutation à ce poste où il n'avait plus grand-chose à faire" (page 37).
Bref, côté carrière, ce n'est pas vraiment ça.
Eguchi est marié à Mitsuko. "Elle était maigre, la peau noiraude jusqu'à la moelle, semblait-il. Mais son sentiment d'infériorité, d'absence de charme plaisit à Eguchi. La vie à ses côtés était un peu terne, mais il était sûr au moins que cette femme ne le trahirait jamais. Il ne voulait pas réitérer l'erreur de son père : très fier de la beauté de sa femme, il avait aussi souffert toute sa vie de jalousie." (page 44-45).
Une nouvelle assez sombre, sans doute la plus ironique du recueil. Très bien.

3 - Graisse de boeuf. Hanzawa et sa femme Mikiko vont assister à un mariage. La mariée a été la secrétaire de Hanzawa... Comme pour les autres nouvelles, les souvenirs, le passé, les tromperies... Pas la meilleure du recueil, mais bien quand même.

4 - Le Manhattan. "Depuis que sa femme l'a quitté, Mutsuo a appris pas mal de choses sur la vie.
Le pain rassit en trois jours. Le pain de mie moisit en un semaine. Au bout d'un mois, une baguette devient dure comme du bois. Et après huit jours, même en le conservant au réfrigérateur, le lait se transforme en aliment dangereux.
" (page 69). Un restaurant, dans lequel il avait l'habitude d'aller, est en travaux. Un nouveau magasin va semble-t-il s'ouvrir : Le Manhattan... mais qu'est-ce donc ? Nouvelle assez terrible et désespérante.

5- Menteur ! (Omoide toranpu). Le père de Shiozawa est à l'hôpital, mourant.
"Ma place était à son chevet. Mais rester dans cette pièce m'était insupportable.
A cause de la puanteur.
Elle s'échappait d'entre les lèvres de père.
" (page 86). Il meurt. Il faut organiser les funérailles. Shiozawa va voir revenir son cousin Norio, un homme vraiment pas sympathique, mais qui plaît aux femmes...

Le titre français de cette dernière nouvelle a donné son titre au recueil. Et c'est bien de cela qu'il s'agit : des mensonges, surtout conjugaux.
Un très bon recueil de nouvelles, auquel on pourrait peut-être reprocher un léger excès de noirceur : deuil, couples malheureux, tromperies, mensonges... et une structure narrative souvent semblable : présentation du personnage principal (un homme), afflux des souvenirs.
Pas à lire pour se remonter le moral.



A noter que les traducteurs, Louise Boudonnat et Harumi Kushizaki, ont également écrit Au fil du pinceau, La Calligraphie Japonaise, au Seuil.




- Retour à la page Littérature japonaise -

 

Toutequestion, remarque, suggestion est la bienvenue.MAILBOX.GIF (1062 octets)