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NASHIKI Kaho
(梨木香歩)

(Préfecture de Kagoshima, 1959 - )
nashiki kaho


"NASHIKI Kaho, née en 1959 à Kagoshima, dans le Kyûshû, écrit pour la jeunesse et pour les adultes. Son intérêt pour l’histoire des religions, sa connaissance des plantes, son goût pour les voyages alimentent ses écrits, romans, essais, récits de voyage... Elle a reçu de nombreux prix littéraires, notamment pour Nishi no majo ga shinda (La sorcière de l’Est est morte) également adapté au cinéma. Un album illustré dont elle a signé le texte, Le peintre, est paru en France (éditions nobi nobi !, 2014)." (Site de Picquier)


les mensonges de la mer   couverture japonaise
A gauche, couverture de Naoya Hatakeyama, "Okushiri 12 juillet 2016" ; à droite, la couverture japonaise

- Les Mensonges de la mer (海うそ, Umiuso, 2014). Traduit par Corinne Quentin. Editions Philippe Picquier, 199 pages.

Nous sommes au début des années 1930. Le narrateur, un jeune homme, vient de connaître des drames personnels : ses deux parents, ainsi que sa fiancée, sont décédés en peu de temps.
Pendant des vacances d'été, il se rend sur une île en forme d'hippocampe, au sud de Kyûshû : Osojima ("l'île lente"). On en trouve une carte avec légende à la fin du livre.

"Dans le passé, avec le Shugendo, l'île avait connu un développement remarquable. Jusqu'à la première année de l'ère Meiji, en 1868, un important monastère y était installé. Sous l'influence des croyances liées aux divinités gongen, il avait prospéré pendant plusieurs siècles et, à son apogée, il comptait près d'une vingtaine de bâtiments, si bien qu'à cette époque il pouvait s'enorgueillir d'être appelé le mont Kôya de l'Ouest." (page 20). Plusieurs notes expliquent tous les termes peu connus du lecteur français.
Le narrateur appartient à "un département de géographie humaine" (page 11), dans lequel sont étudiées de nombreuses sciences : l'archéologie, la flore, le climat, l'histoire, le folklore... Il a commencé à s'intéresser à cette île en lisant le rapport du professeur qui dirigeait son laboratoire de recherche.
Les noms qu'il lit ou dont il entend parler excitent son imagination : "Gongengawa (rivière des dieux gongen), Taizosan (mont de la Matrice), Yakushidô (temple du Bouddha Guérisseur). [...] J'avais envie de me tenir dans un endroit maintenant silencieux mais où s'était passé quelque chose de décisif. Là où il me serait possible de sentir, ne fût-ce qu'un peu, le sens de la vie humaine ou ce que peut être le temps." (page 22).
Il va explorer l'île, parcourir des montagnes, s'attacher à la faune et à la flore, et le lecteur aura souvent l'impression de faire de belles randonnées avec lui, dans une nature préservée et presque hors du temps.
"C'était le lac. Il était bordé de roseaux. Comme pour me guider, une libellule des îles Ryûkû aux ailes ambrées voletait juste devant moi. Quand elle se posa sur une plante, je n'en crus pas mes yeux. Trois feuilles, comme une main, semblaient pointer quelque chose en l'air. La période de floraison était déjà loin, mais il ne pouvait s'agir de rien d'autre que d'un trèfle d'eau. Jamais je n'aurais pensé voir sur cette île cette plante censée avoir résisté à la période glaciaire." (page 49)
Depuis une hauteur, le narrateur verra des mirages qui apparaissent au-dessus de la mer : les Umi-so, les mensonges de la mer qui donnent le titre au livre.
Il va rencontrer quelques habitants, approfondir sa connaissance de l'île, de son histoire parfois violente.
"Le gouvernement de Meiji a seulement déclaré l'interdiction de mélanger kamis et bouddhas, il n'a pas ordonné l'abolition du bouddhisme. Pour faire du shintô le fondement du régime, il voulait séparer les divinités shintoïstes et bouddhistes qui avaient été amalgamées par la théorie honjisuijaku et se débarrasser du syncrétisme entre les deux religions, mais les shintoïstes qui se sentaient humiliés depuis de longues années parce qu'ils étaient rejetés par les bouddhistes ont profité de la situation et agi d'une façon incontrôlable. [...]
Les autorités avaient absolument besoin de faire du shintoïsme un élément fort de l'identité nationale. Pour affronter les pays étrangers qui, avec la religion chrétienne, faisaient pression sur lui, le gouvernement voulait disposer d'une religion forte, parfaitement défendable théoriquement. En réalité ce qu'il voulait éliminer, c'était autre chose que le bouddhisme. [...] Les croyances populaires. Sur cette île par exemple, les monomimi ont été leur première cible. [...] Dans ce pays, ce qu'on appelait le shintoïsme comportait un nombre infini de dieux, plus ou moins étranges. Mais pour renforcer les bases de la nation, il fallait que ce soient les divinités de la lignée impériale et les loyaux sujets morts pour la famille impériale qui soient vénérés, il fallait que le peuple japonais se dévoue entièrement à ces dieux officiellement reconnus comme une « légitime lignée ». Les autres divinités, on n'en avait pas besoin." (pages 66-67)

Les monomimi sont des médiums "qui soignent les maladies, cherchent les objets perdus, transmettent les messages des morts" (page 33). On entendra aussi parler des funadama - les esprits du bateau -, ainsi que des moines de la pluie : des marins qui ont fait naufrage les jours de tempête ; certains jours de pluie, ils arrivent par la mer, s'asseyent le long d'une véranda et pleurent très fort...

Après un début parfois un peu "théorique", s'installe progressivement une bonne atmosphère de mystère, entrevu mais pas percé, et une méditation sur le temps qui passe.
Très bien.

Mais cette île existe-t-elle vraiment ? Est-elle le double littéraire d'une île existante, et si oui, laquelle ? Je n'en sais rien.



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