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SETOUCHI Harumi (Jakuchô)

(Tokushima, 15/05/1922 - )

setouchi harumi


Setouchi Harumi (ou Jakuchô) est n ée dans la préfecture de Tokushima en 1922, Setouchi écrit surtout des biographies de femmes célèbres.
Elle est devenue religieuse bouddhiste en 1973, ce qui ne l'empêhce pas de continuer son activité littéraire. Comme d'autres, elle a également publié une version modernisée du Dit du Genji.

 

La fin de l'été

La Fin de l'Eté (natsu no owari, 180 pages, Picquier poche, traduit du Japonais par Jean-François Gény)
C'est l'histoire (on a presque envie de dire la non-histoire) de Tomoko, une pauvre fille qui gagne néanmoins pas mal sa vie en pratiquant la teinture de tissu, qui est tiraillée entre deux pauvres types : Shingô, un écrivain raté qui partage son temps libre entre sa femme et Tomoko (qui est donc sa maîtresse), et Ryota, un nullard complet - et nettement plus jeune qu'elle - qui travaille vaguement dans une agence publicitaire au bord de la faillite.

Tout ça la fait beaucoup pleurer, toutes les deux ou trois pages à peu près. Parfois, elle est malheureuse d'être malheureuse (ce qui, en soi, est une raison bien valable), ou bien alors elle est heureuse, mais être heureuse avec un de ses deux pauvres types, cela signifie être éloigné de l'autre, et ça, c'est vraiment trop triste ; elle s'imagine que l'autre, loin d'elle, est pitoyable : "
Ou bien il était en train de laver ses chaussettes dans son minuscule lavabo ou encore elle l'imaginait errant dans les parages. Solitude pitoyable de Ryota qui ébranlait Tomoko, allongée tranquillement contre Shingo. Un tristesse vive lui déchirait le corps et son amour pour Ryota ressurgissait alors, plus intense encore que lorsqu'ils venaient de faire l'amour" (page 61).

Elle se dit que tout ça, ce n'est pas bien. Mais qui doit-elle quitter : l'écrivain raté ou bien le publicitaire nullard ? Ou les deux ? Choix on ne peut plus difficile, quasi cornélien.
Elle tergiverse donc (ce qui se traduit concrètement par quelques torrent de larmes), elle veut en quitter un mais sans oser vraiment aller jusqu'au bout, alors elle se contente de demi-vérités (il faut bien faire durer un peu le livre). "
Elle découvrit ainsi que l'on pouvait faire des aveux sans pour autant révéler la vérité" (page 75).
Ryota est un pauvre type, mais il faut lui reconnaître cette qualité : il ne fait pas les choses à moitié. "
Sans compter ses appels en soirée, il téléphonait maintenant en pleine nuit pour décrire à Tomoko les progrès de son insomnie" (page 76), mais Tomoko l'imagine alors baignant dans son propre sang (page 78), loin d'elle, et ça la rend... très triste.

Tout ceci ne ferait qu'un livre conventionnel (ce qu'il est tout de même au bout du compte).
Alors, pour être un peu scandaleux (pour l'époque), on a droit à quelques détails : "
A un certain point de leur relation, Shingo avait commencé à se soucier de sa santé et pour l'épargner il avait limité leur activité sexuelle" (pages 61-62) ; ou bien encore, sans doute par souci d'exactitude, au milieu d'une conversation dans un restaurant, "un petit renvoi lui était venu sans prévenir du fond de la gorge" (page 29). Dans cette catégorie du pas ragoûtant, Shingo ne se lave pas lorsqu'il est chez Tomoko, car il n'y a pas de baignoire et que Monsieur n'aime pas les bains publics. Lorsqu'il revient chez sa femme (où il y a une baignoire), il ne sent donc pas très bon.

Pour faire bonne mesure, on nous précise aussi (pour le cas où cela intéresserait le lecteur, ou bien y aurait-il la révélation de quelque profondeur psychologique ?), que "
Tomoko se glissait en ronronnant à ses côtés pour, après une course bruyante comme celle d'un enfant, aller s'engouffrer dans les toilettes : Tomoko ne voulait jamais utiliser celles des autres" (page 59).
C'est vrai que, outre pleurer, elle sait également ronronner, se comporter comme un enfant un peu irresponsable ("
elle s'en remettait à lui jusque pour ses règles", page 60), se pelotonner ou se blottir contre ses bonshommes, etc.
En fait, ce qui rassemble ces trois toquards, c'est le goût du malheur. Tomoko aime se sacrifier : "
sa manière de l'aimer consistait à sacrifier ses propres désirs dans le seul but d'épargner les siens" (page 154).
A propos de Shingo : "
Quelques annnées auparavant, l'écrivain malchanceux avait vu un de ses livres, qu'il n'aimait pas beaucoup, jouir d'un bref succès, ce qui lui avait miraculeusement rapporté de l'argent. Il avait vécu cette période comme un cauchemar puis retrouvé des temps d'une misère encore plus terrible" (page 159).

La quatrième de couverture dit : "
C'est un célèbre roman autobiographique, scandaleux, éblouissant de sensibilité". Comme quoi il ne faut pas toujours croire ce qu'on lit (et donc, ma critique).
Il n'y avait pas de prozac à l'époque. Dommage, car Setouchi n'aurait peut-être pas écrit ce livre.

Alors, in fine, pourquoi peut-on tout de même se procurer ce livre ? Deux raisons. Une bien jolie couverture à la dominante rouge, et surtout le fait que le prochain livre que vous lirez vous paraîtra d'autant meilleur.

 

Adaptation cinématographiques
- Tsuma to onna no aida (1976), réalisé par Ichikawa Kon (le réalisateur de la Harpe de Birmanie) et Toyoda Shirô.



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