Livre.gif (217 octets) Littérature Japonaise Livre.gif (217 octets)



-
dictées

- listes
- liens recommandés


Papillon.gif (252 octets)

-> retour Japon <-

retour
page d'accueil

 


SHISHI Bunroku
(Yokohama, 01/07/1893 - 13/12/1969)

 Shishi Bunroku

 

De son vrai nom Owata Toyō, Shishi Bunroku séjourne à Paris de 1922 à 1925, où il étudie le théâtre moderne avec les Pitoëff et dans l'atelier de Jacques Copeau. Il se marie avec une Française, avec qui il repart au Japon.
Il a une petite fille. Mais sa femme, malade, rentre en France où elle décède en 1933.
"Iwata Toyō, qui gagne sa vie comme metteur en scène et traducteur de théâtre français contemporain (Knock de Jules Romains), se retrouve donc veuf avec une petite fille d'une dizaine d'années, et pas très riche." (Jean-Christian Bouvier, Un Papa poète, page 357)
Il devient l'auteur de romans à succès.

un papa poète    

En couverture : « La mort et la jeune fille», tableau de Dorothea Tanning, 1953. (c) Spadem, Paris, 1991.

- Un Papa poète (Etchan, 悦ちゃん, 1936) roman traduit en 1991 par Jean-Christian Bouvier. Medium Poche (L'Ecole des Loisirs). 357 pages.

L'histoire se situe en 1936, l'année de sa rédaction.

Roku, le "papa poète" est veuf. Il a une fille de dix-douze ans. Il gagne à peine sa vie en écrivant des paroles pour des chansons à la mode. Nonchalant, il se laisse porter par la vie. Il aurait tendance à vivre de l'air du temps, mais avec une fille très vive ("un peu Zazie" comme l'écrit le traducteur), ça n'est pas toujours possible.

Roku a une soeur qui est mariée avec un type riche.
"Depuis longtemps déjà, elle le poussait à se remarier. Elle s'était opposée à son mariage avec Akiko parce que celle-ci n'était qu'infirmière. Ce beau métier qui exige tant de dévouement ne trouvait pas grâce à ses yeux d'épouse d'administrateur général. En tout cas, depuis la disparition de sa belle-soeur, elle était décidée à lui trouver elle-même « une jeune fille dont la famille n'aurait pas à rougir ».
« Cela ne fait même pas encore deux ans de veuvage », avait jusqu'ici répondu Roku pour gagner du temps face aux sollicitations de sa soeur.
" (page 18).
Finalement, il donne son accord.

Sa soeur lui montre alors plusieurs photos de candidates pré-sélectionnées, comme cela se faisait à l'époque (avant l'invention de Meetic, donc).
Au début, c'est bof :
"La photo lui rappelait le jour où on lui avait servi une bière tiède alors qu'il avait très soif." (page 20).
Heureusement, une photo le branche bien.
"- Schön ! approuva-t-il en utilisant le mot allemand à la mode. Mais... elle porte des lunettes ?...
- Précisément, c'est parce qu'elle a poussé très loin des études, jusqu'à l'université d'où elle est sortie avec une licence de littérature anglaise.
" (page 22).

Quelques pages plus loin, la papa fait des courses avec sa fille, Etchan (le titre original nippon). Comme ils vont passer quelques jours dans la résidence secondaire de la soeur, il faut acheter un maillot de bain à la petite.
"Où veux-tu aller, Etchan ?
- Aux « Grandes Galeries », bien sûr.
- Pas question. Nous allons au marché couvert.
- Tu ne sais donc pas qu'au marché ils ne présentent pratiquement que les invendus de l'année dernière ?
Si, il le savait, et c'était justement en pensant à son portefeuille qu'il avait décidé de se rabattre sur les soldes. Malheureusement, Etchan était une vraie gamine de Tokyo, et on ne la dupait pas si facilement...
" (page 27).
Ils achètent le maillot de bain et, ce faisant, font la connaissance d'une jolie et bien gentille vendeuse. La petite Etchan se dit qu'elle pourrait faire une chouette maman de remplacement.

Page 30, surprise : le maillot de bain est livré à domicile !

C'est un des nombreux intérêts de ce livre que de montrer l'organisation des grands magasins, la discipline attendue des vendeuses, la livraison à domicile d'un maillot de bain... Et on est bien dans la description d'un phénomène contemporain :
" - ... Fixe ! crie une voix mâle et imposante.
Au signal, tout le monde s'incline poliment dans une brève prière collective à l'intention des dieux du commerce.
" (page 84).

Parenthèse. Photo prise peu après l'ouverture d'un grand magasin à Kyoto, un dimanche, en 2008. Après l'hymne du magasin, les vendeuses saluaient les premiers clients.
kyoto

Fin de la parenthèse, retour au livre.

Cela va même extrêmement loin : "[..] un article du règlement interne des « Grandes Galeries de Ginza » prescrivait aux employées de céder leur place dans le tramway aux passagers portant des sacs et des paquets aux couleurs du magasin. C'était pousser un peu loin le sens du devoir et du service après-vente !" (page 92).
Il y a même un "Carnet de correspondance familiale" (page 151) qui signale aux parents des employées (non mariées) leurs horaires, écarts de conduite, etc.

Mais revenons à notre sympathique petite famille sans mère, et surprenons Roku en train de faire les valises.
C'est du boulot !
"Le livre d'arithmétique, de lecture, les cahiers, les crayons... ensuite les caramels, les chewing-gums, les ballons, les "grignotes de riz"... Ah ! J'allais oublier les médicaments pour le ventre ! Ouf, ça y est ! »
Il était en nage et épuisé.
C'était vraiment là le travail d'une maman japonaise et Roku aspirait à retrouver la vie normale du mâle japonais qui se contente de grommeler des ordres à son épouse. Il ne se sentait plus la patience d'attendre.
" (page 34).

On retrouve souvent cette notation distanciée et humoristique des moeurs japonaises, presque comme si l'auteur n'était pas lui-même Japonais. Le résultat de son séjour en France, ou bien la vision de sa femme.

Etchan va jouer avec ses cousins Kingo et Haruyo. "[...] dans la petite confiserie des tempéraments, si Etchan était un bonbon acidulé, Kingo était un caramel mou et Haruyo une guimauve." (pages 39-40). C'est joliment écrit.
Bien sûr, le père va rencontrer sa promise, qui ne va pas être du goût de la petite Etchan, mais alors vraiment pas.

Etchan parviendra-t-elle à faire capoter ce mariage ? Pourra-t-elle se choisir sa maman à elle ?
Tadaaam !


Le livre, qui n'est pas autobiographique mais qui présente des similitudes avec la vie de l'auteur, a donc été publié dans un grand quotidien japonais en 1936. L'auteur "utilise toutes les ficelles et toutes les péripéties du roman-feuilleton" (page 357).

Un roman très bien mené, vraiment intéressant (ce n'est pas roman-feuilleton pour rien !), et en même temps instructif sur pas mal d'éléments de la vie de cette époque.
Pour tout dire, un bien chouette bouquin.

Il a été porté à l'écran dès l'année suivante (1937), par un certain Kurata Fumindo.

 

Autre livre traduit en français :
- L'Ecole de la liberté.

 

 

- Retour à la page Littérature japonaise -

Toute question, remarque, suggestion est la bienvenue.MAILBOX.GIF (1062 octets)