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Jorge de SENA
(Lisbonne, 02/11/1919 - Santa Barbara, Californie, 04/06/1978)


jorge de sena

 

"Fils d'un commandant de la marine marchande, il s'engage à dix-sept ans comme cadet dans la marine de guerre. Opposant au régime salazariste sans être affilié à aucun parti politique, il doit s'exiler en 1959 pour avoir participé, aux côtés du général Delgado, au coup de force visant à renverser la dictature. Au Brésil, il enseigne la littérature portugaise. Après la prise de pouvoir par les militaires en 1965, il s'exile une nouvelle fois, s'installant aux Etats-Unis. Il sera jusqu'à la fin de sa vie professeur à Santa Barbara, Californie. Il meurt en 1978, laissant une oeuvre importante qui comprend des poèmes, des contes, des pièces de théâtre, des oeuvres de critique littéraire, des essais, des traductions, et un seul roman." (page 5 du Physicien Prodigieux).
Ce roman autobiographique, c'est Sinais de Fogo. (Signes de Feu)

 

- Le Physicien prodigieux (O fisico prodigioso, 1966, traduit du portugais en 1985 par Michelle Giudicelli). Editions Métailié,124 pages. Postface de Luciana Stegagno Picchio.

"Le Diable de Jorge de Sena participe également de cette réhabilitation aristocratique. Chez lui encore, nous sommes dans une tradition savante qui s'étend de la démonologie augustinienne avec son Diable à la sexualité déviée, incube et succube, jusqu'à sa récupération par tout un courant de sorcellerie ibérique et de satanisme médiéval qui rejoint, presque sans solution de continuité, au courant baroque de la chasse aux sorcières ; mais nulle trace ici du souffle humain sous l'arc en plein cintre de la rationalité de la Renaissance." (postface, pages 120-121).
Nous sommes donc dans un Moyen Age rêvé (ou cauchemardé).
Jorge de Sena s'est inspiré de deux textes du XV° siècle. Le "physicien" du titre (et donc du livre) est bien sûr à prendre dans le sens vieilli de "médecin".

La longue nouvelle, car il ne s'agit pas d'un roman, commence ainsi :
"Le corps bien droit se balançant au rythme du pas de son cheval, il descendait la colline. Le soleil, encore très haut, illuminait de crépitations la vallée qui s'ouvrait, sauvage, sous son regard absent qui errait, sans la voir, sur la lande en fleurs, le pierres luisantes brunes et grises, les petits animaux qui voletaient, couraient, rampaient ou restaient immobiles, sans crainte, regardant la masse énorme et cheminante que formaient le cheval et le cavalier. Au fond de la vallée, entre deux rangées de peupliers et de saules, apparaissait, hachurée, la plaque métallique et étroite d'une rivière. Ils descendirent vers elle, le cavalier toujours distrait et l'air absent ralentissant la marche maintenant plus rapide du cheval assoiffé dont les narines se dilataient." (page 9).

Le cavalier aussi a soif. Il se baignerait bien, également.
"Puis il se leva, défit sa large ceinture cloutée d'or et la posa à côté des bottes et du bonnet. Sa longue tunique pendit alors, flottante, blanche et recevant de l'ombre à travers laquelle le soleil filtrait de mouvants reflets tour à tour orangés et verts. [...] Ses longs cheveux blonds collés de sueur s'emmêlèrent dans un désordre flou ; il les recoiffa en y passant les doigts. [...] Il se dénuda alors entièrement. Mais, comme il se préparait à entrer dans l'eau et qu'il y avait déjà les pieds, il entendit un léger rire moqueur qui lui était familier depuis le berceau. Alors, levant les sourcils d'un air d'ennui, il recula vers l'herbe tendre et s'allongea mollement par terre. Patiemment, dans un abandon indifférent, la tête reposant sur ses bras, il laissa le Diable invisible se désespérer contre son corps." (page 11).
C'est le prix à payer, car en échange, il a reçu d'immenses pouvoirs, de guérison, mais pas seulement.
Parfois, le texte, une même scène, se trouve sur deux colonnes sur la même page. Les événements sont globalement identiques, mais sur deux niveaux de réalité. L'effet est très curieux.

Il y a de la magie, des miracles, des diableries, des demoiselles, des châteaux-forts; l'Inquisition et ses tortures ne sont pas loin, ni les maladies, les cadavres, les exécutions.
Le texte est sérieux, étrange, c'est beau et sinistre en même temps. Le temps se brouille, la réalité déraille (et la disposition du texte épouse parfois les deux niveaux de réalités concomitantes).

Un très bon livre, original, qui laisse une impression durable et - /mais/parce que - très curieuse.




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