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Gyula Krúdy

(Nyíregyháza, 21/10/1878 - Budapest, 12/05/1933)

gyula krudy

 

"Issu de la petite noblesse provincial désargentée, il publie son premier texte à quatorze ans et, lorsqu'il s'intalle quatre ans plus tard à Budapest, il a déjà derrière lui quatre-vingt-dix nouvelles, un duel, un diplôme de bachelier et un nombre respectable d'articles parus dans la presse régionale et nationale. Déshérité par son père, il va y mener une vie de bohême déjà mythifiée par ses contemporains ; fêtard turbulent, joueur prodigue, fin gourmet et Don Juan désabusé, il incarne le grand seigneur extravagant dans la pure tradition de l'Europe centrale. Toujours à court d'argent, il a beaucoup écrit et continuera jusqu'au bout, par goût, plaisir et nécessité - douze à seize feuillets chaque matin, ne corrigeant jamais rien, pas même les épreuves. Et, lorsqu'il mourra à cinquante-cinq ans, épuisé, pauvre et bientôt oublié, il avait quatre-vingt six romans et plus de deux mille nouvelles à son actif.
Plus tard, la Hongrie reconnaîtra en lui comme la substance même de son âme et de sa langue.
" (Présentation de Courses d'Automne).

courses d'automne
En couverture : János Vaszary, Femme au chapeau noir, 1894. Hungarian National Gallery, Budapest.


- Courses d'automne (Őszi versenyek, 1922). Récit traduit du hongrois en 1993 par Ibolya Virág et Jean-Pierre Thibaudat. Petite bibliothèque Ombres. 70 pages.
"Les courses d'automne étaient passées et Ben, le jockey renvoyé, se mit à penser à une petite vieille ratatinée, à coiffe blanche, qui toute sa vie avait emballé du tabac à mâcher chez Messieurs Sidney et Monkey, dans les profondeurs baignées de sueur, éclairées par des lampes à gaz, d'un magasin de Londres. Et Ben, le jockey renvoyé, fourra dans sa poche un licol qu'il irait se nouer autour du cou aux abords du château d'eau de l'avenue Stefánia, non loin de l'auberge du gros Karcsi Müller, à une palissade abandonnée [...]
Cela faisait deux ans environ que Ben, le jockey renvoyé, battait le pavé à Budapest, sans travail.
" (pages 9-10).

Sur le chemin, il rencontre une femme. "Ben tomba amoureux de l'inconnue dès qu'il la vit. Le destin comble parfois ainsi d'un nouveau malheur le sort des malheureux." (page 15).
Il la suit.
"Les arbres rouges et jaunes, les buissons verts ternis, les clairières aérées, le Bois qui se fanait, accueillirent amicalement dans leur giron la silhouette de la femme. Elle aussi se fanait déjà, pour aussi énergique qu'elle fut à aligner ses pas les uns après les autres. Le fil d'une toile d'araignée qui voletait dans l'air s'accrocha à son chapeau et se posa au milieu de ses cheveux crépus, comme un cheveu gris. Envoyé d'un lieu invisible, le cheveu gris semblait vouloir dire que les joies étaient en train de quitter la terre ; le soleil brille encore pendant que la dame se promène à pied, le chemin poudroie sous les talons agiles, la tête est encore haute, la bouche pleine de suaves soifs, l'appétit goulu de la guêpe d'automne chatouille le palais et les narines tremblent au parfum se répandant doucement du regain que des domestiques venus de la ville fauchent en bras de chemise dans les prés ; la poitrine restée ronde attend encore les baisers qui la rafraîchissent, les bras épanouis se fânant à peine promettent des étreintes plus brûlantes que ceux maigres comme une branche d'arbre des vierges, et la forme des hanches est encore semblable à l'abdomen du lascif hanneton qui se régale au printemps parmi les fleurs fraîches de l'abricotier - mais un vent d'automne silencieux souffle déjà autour de la robe de la dame, il fait flotter sa jupe roux renard, fait tournoyer autour de ses minuscules pieds la feuille morte, agite la plume sur son chapeau, dessine un trait amer le long de ses lèvres que les fards ne peuvent désormais plus camoufler. Et, pendant que la dame traversait le Bois, ses pas devenaient de plus en plus fatigués, comme si elle venait de très loin..." (pages 31-32).

Elle va faire des rencontres masculines, comme si le chemin retraçait sa vie. Il observe. Elle se sait regardée. Elle va lui parler.

Il ne faut pas attendre une véritable histoire. Il s'agit plutôt d'une rêverie, de rencontres, de fragments de vie racontés, avec des personnages irréels, un peu expressionnistes.
L'automne est là, il y a encore de jolies couleurs, mais on sait que l'hiver arrive...
Un beau texte, souvent très bien écrit.




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