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Stanisław Przybyszewski

(Łojewo, Royaume de Prusse, 07/05/1868 - Jaronty, Pologne, 23/11/1927)

przybyszewski

A Berlin, "[...] il fut successivement étudiant en architecture, puis en médecine. Fasciné par Nietzsche et par le satanisme, il se plongea dans la vie de bohème de la ville. En 1892 il devint rédacteur de l’hebdomadaire socialiste polonais de Berlin, Gazeta Robotnicza.

Stanisław Przybyszewski est le célèbre chef de file de l'école moderniste de la Belle époque, directeur de la revue littéraire Zycie. Spécialiste de Chopin, thème sur lequel il a prononcé de nombreuses conférences, Stanisław Przybyszewski est également pianiste (il y jouera souvent au Petit Cochon Noir, à Berlin). Strindberg dira de lui dans son récit autobiograhique "L'abbaye" (1898) : Il improvisait sur des thèmes connus, mais seulement dans le grand style et il dominait à tel point ses auditeurs que toute résistance était vaine. [...] (A. Strindberg, L'abbaye, éd. mercure de France, 1965, p. 25).

De 1893 à 1898, il vécut alternativement à Berlin et à Kongsvinger, ville natale de Dagny [sa femme], en Norvège. À Berlin, Stanislaw était un habitué de la taverne du « petit cochon noir » (Zum schwarzen Ferkel), qui était alors un lieu de rencontre d’écrivains et d’artistes allemands, mais aussi des pays nordiques comme August Strindberg, Edvard Munch ou Richard Dehmel.

munch    litho
Munch : portrait de Pzybyszewski. A droite : lithographie (1895)

Homme à l'esprit torturé, et également morphinomane, il écrit dans ses mémoires : J'ai toujours aimé les aliénés, les psychopathes, les dégénérés, les râtés, les anormaux, les infirmes, ceux qui cherchent la mort et que celle-ci évite, en un mot, les fils pauvres et déshérités de Satan, et ceux-ci, à leur tour, m'ont aimé." (source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Stanisław_Przybyszewski).

 

de profundis

- De Profundis (1893). Traduit (de l'Allemand, vraisemblablement - Przybyszewski a réécrit en polonais un grand nombre d'oeuvres écrites en allemand) par Félix Thumen. Préface de Claude-Louis Combet. José Corti. Collection romantique. 111 pages.
Au début du texte, un homme est en proie à une maladie.
"Il rentrait à grands pas, brisé, anéanti. Malgré une chaleur accablante, il frissonnait. La douleur tordait chacune de ses fibres. Une sueur froide couvrit son front, un serpent de feu sillonna son corps, et sa gorge fut traversée d'aiguilles brûlantes.
Plus de doute. La maladie le guette. Et quelle chose pénible, dans une ville inconnue ! Saisi de peur, il se mit à courir.
" (page 35).
Il rentre pour se jeter sur son lit. Une lettre de sa femme l'y attend. Il se force pour la lire. Elle lui demande combien de temps il va rester dans cette ville, car cela fait déjà une semaine qu'il est parti. Elle parle aussi d'Agaï, la soeur de son mari.
"Et Agaï, tu la rencontres souvent, n'est-ce pas ? [...] je pense souvent à son amour pour toi. Il est si étrange, son amour ! Elle ne t'aime pas comme une soeur. Je n'ai jamais rien vu de semblable entre frère et soeur. Restez-vous beaucoup ensemble ? [...]
Sais-tu une chose ! Je suis parfois jalouse d'Agaï ; j'ai peur que tu ne l'aimes plus que moi. Mais c'est stupide, n'est-ce pas ?
" (pages 38-39).
Une brusque lueur traverse l'âme de notre héros.
"Agaï lui apparut. Une robe de soie noire étreignait d'une chaude caresse son corps svelte et délicat.
Tremblant, épouvanté, il arpentait la chambre. Mais l'image loin de disparaître, restait devant lui. Des yeux, il dévêtait Agaï, il la buvait, s'enivrait de sa beauté. Tout à coup, un désir sauvage, passionné s'empara de lui, enflamma ses sens, qui commencèrent à se brouiller.
- Mais Agaï est ma soeur ! s'écrièrent en lui la crainte et l'épouvante. Ce qu'il ne se serait pas avoué quelques heures auparavant lui devenait clair.
" (page 39-40)

S'ensuit une scène onirique : feu follet, marais, immense cercle de feu, gerbes de flammes...
"Alors, de ce tourbillon brûlant, surgit un chant terrible. Les sépulcres s'ouvrirent, et du ciel le fils de l'homme descendit sur la terre pour juger les justes et les pécheurs. Des milliers de mains se dressèrent fébrilement dans la terreur de l'agonie, des mains implorant grâce, pitié.
Un rugissement bestial monta vers le ciel, comme une mare de sang s'exhale avec des fumées de geyser.
" (pages 41-42)

Przybyszewski ne fait pas les choses à moitié.

jalousie
Munch : Jalousie (1896). On voit Przybyszewski à droite.

Quelques pages plus loin, la fière a dû passer. Le frère rencontre la soeur.
Il la veut. Elle ne le veut pas.
"
Elle s'arrêta et, froide, résolue, le toisa.
- Je te jure que si tu prononces un mot encore, je te quitte.
Il éclata de rire bruyamment.
- Essaie donc, essaie ! [...] Tu ne peux pas te détacher de moi ? Oh ! comme tu es belle ! Comme ton visage frémit et flamboie ! Ah ! Ah ! Où s'en est allée ma soeur !
" (page 64).

Puis il la rejette. Puis il la veut de nouveau.
"Tu ne railles plus, tu n'es plus sarcastique, et je redeviens ton esclave, ton chien. Tu peux faire de moi ce qu'il te plaira, m'arracher l'âme du corps, et je te serai reconnaissant, parce que c'est toi, toi !" (page 80). Puis... ça continue...

Que veut dire tout cela ? Extrait de la préface à l'édition de 1922 de Felix Thumen :
"L'amour est pour Przybyszewski une puissance cosmique dont la femme est l'instrument et l'homme la victime (ici, une parenté avec Strindberg). On peut considérer Freud comme un effort scientifique greffé sur la conception métaphysique que Przybyszewski fut le premier à esquisser sous cette forme nette. [...]
Sous une forme artistique saisissante, les préoccupations métaphysiques de l'auteur apparaissent. Przybyszewski a choisi l'amour entre un frère et une soeur pour monter avec plus d'énergie la lutte entre l'instinct sexuel, dans le sens métaphysique du mot, et les résistances sociales et morales les plus violentes. Il montre toute la puissance de cet instinct dans la lutte contre les principes sanctionnés par des siècles de culture et les obstacles dressés par la société.
" (pages 32-33).

C'est donc très signifiant, mais passé les premières pages qui semblent annoncer un texte halluciné et potentiellement intéressant, le reste est malheureusement très répétitif. Heureusement, il n'est pas très long.

 

 

 

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