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Anton Tchekhov

(Taganrog , Russie, 29/01/1860 - Badenweiler, Allemagne, 15/07/1904)

anton tchekhov


"Tout en exerçant sa profession de médecin, il publie entre 1880 et 1903 plus de 600 œuvres littéraires ; certaines pièces souvent mises en scène à l'heure actuelle - La Mouette, La Cerisaie, Oncle Vania - font de lui l’un des auteurs les plus connus de la littérature russe, notamment pour sa façon de décrire la vie dans la province russe à la fin du xixe siècle." (suite à lire sur Wikipedia).

 

 

comédie française     Le Sauvage
A gauche, affiche du spectacle de la Comédie Française constitué des deux pièces : Le Chant du Cygne et l'Ours.

- Le Chant du Cygne (1886 ; Лебединая песня). Etude dramatique en un acte. 15 pages (dans l'édition Folio classique). Texte français de Genia Cannac et Georges Perros.


"L'action se passe la nuit, après le spectacle, sur la scène d'un théâtre de second ordre." (page 518)

"À la suite d’une représentation, Vassili Vassiliévitch Svetlovidov, un vieil acteur comique, s'endort dans sa loge, ivre d’alcool. À son réveil, il découvre un théâtre vide et glacial [...] " (Maëlle Poesy, programme de la Comédie Française, page 9, voir http://www.comedie-francaise.fr/images/telechargements/programme_chantducygne1516.pdf )
Il se rend bientôt compte qu'il n'est pas tout seul, car le souffleur, Nikita Ivanytch, vit dans le théâtre.
"Porté à la confidence au cœur de la nuit dans ce théâtre vide, Vassiliévitch lui parle de son passé et de sa carrière sans complaisance aucune, et son évocation le conduit à jouer quelques morceaux choisis des grands rôles du répertoire." (Maelle Poesy)

"SVETLOVIDOV :
Mais je suis un être vivant, Nikitouchka, ce n'est pas de l'eau, c'est du sang qui coule dans mes veines. [...] Et si tu m'avais vu, quel gaillard ! Beau, honnête, courageux, ardent. Mon Dieu, où tout cela est-il passé ? Et après, Nikitouchka, n'ai-je pas été un acteur magnifique ? [...] Où est-il, ce temps-là ? Mon Dieu ! Tout à l'heure, j'ai jeté un coup d'oeil dans cette fosse, et tout m'est revenu, tout. C'est cette fosse qui a englouti quarante-cinq années de la vie, et quelle vie ! En la regardant, je revois chaque détail, comme je vois le moindre trait de ton visage. L'enthousiasme de ma jeunesse, la foi,l'ardeur, l'amour ! Les femmes, Nikitouchka !

NIKITA
Vassili Sassiliévitch, il est temps d'aller vous reposer.
" (pages 524-525)

L'acteur regrette sa jeunesse enfuie, fait la part des choses entre l'admiration qu'on lui a porté sur scène et la faible considération à laquelle il a eu droit en dehors, lui qui n'est qu'un acteur. Il récite des scènes de Pouchkine, Shakespeare et Griboïedov (c'est l'occasion, pour un acteur, de faire la démonstration de son talent, en passant d'un rôle à l'autre, en changeant de ton en un instant).
Et puis c'est tout.
Vu au Studio de la Comédie Française le 28 février 2015. La photo ci-dessous est reprise du programme.


Christophe Montenez et Gilles David dans Le Chant du cygne.

Il y a quelques bonnes idées de mise en scène, par exemple le souffleur qui ouvre et referme le réfrigérateur pour simuler les éclairs pendant une tirade de Svetlovidov (on notera que certains textes récités ont été changés par rapport à la pièce). Mais globalement, la représentation a manqué d'intensité. Peut-être était-ce un peu trop lent.

Le décor (qui n'est pas vide et glacial) est celui qui sera utilisé dans la petite pièce suivante, l'Ours, la musique de transition entre les deux pièces étant le très beau Keeper of the Flame, interprété par Nina Simone.

 

 

L'Ours. (1888, Медведь). Plaisanterie en un acte. Texte français de Genia Cannac et Georges Perros. 35 pages chez Folio.

Keeper of the flame, c'est la musique qu'écoute en se morfondant Eléna Ivanovna Popova, une jeune veuve vêtue en grand deuil. L'action se passe dans un salon de sa propriété (dans la mise en scène de la Comédie Française, nous sommes dans la cuisine, ce qui renforce le caractère burlesque).
Louka, le valet de chambre s'adresse à elle :
"LOUKA :
Ce n'est pas bien, madame... Vous finirez par dépérir... La femme de chambre et la cuisinière sont allées aux fraises, tout le monde est content, même le chat qui sait profiter de ce qui lui convient : il se promène dans la cour et attrape des oiseaux, mais vous, vous restez enfermée toute la sainte journée, comme une nonne ; vous ne prenez aucun plaisir. Enfin, c'est vrai ! Voilà bien un an que vous ne quittez plus la maison...

MADAME POPOVA
Et je ne la quitterai plus jamais... À quoi bon ? ma vie est finie... Lui est dans la tombe, moi entre mes quatre murs. Nous sommes morts tous les deux.
" (page 537)

Déboule bientôt Smirnov, un propriétaire foncier "encore assez jeune", qui n'attendra pas longtemps avant de demander de la vodka pour soigner son mal de crâne. C'est lui, l'"ours" du titre : le bonhomme est un peu brut de fonderie.

l'ours - comédie française
Benjamin Lavernhe et Julie Sicard dans L’Ours. Mise en scène de Maëlle Poésy. (photo reprise du programme)

"SMIRNOV
Votre défunt époux, que j'avais l'honneur de connaître, me doit toujours deux traites de mille deux cents roubles. Demain je dois payer des intérêts à la banque agricole, c'est pourquoi je vous serais très reconnaissant, madame, de me verser cette somme aujourd'hui même. [...]

MADAME POPOVA
Vous aurez votre argent après-demain.

SMIRNOV
Ce n'est pas après-demain qu'il me le faut, c'est tout de suite.

MADAME POPOVA
Excusez-moi, mais c'est impossible.

SMIRNOV
Et moi, il m'est impossible d'attendre jusque-là.
" (scène IV, page 542).

l'ours

Smirnov se fait une triste idée des femmes, et c'est très drôle : l'homme sait aimer et être fidèle, alors que la femme, non.
" SMIRNOV
[...] Quand elle aime, elle ne sait que pleurnicher et geindre. Là où l'homme souffre et se sacrifie, elle se contente de faire froufrouter sa jupe et de mener son partenaire par le bout du nez... Vous-même, Madame, qui avez le malheur d’être une femme, vous connaissez par expérience la nature de vos semblables... Dites-moi donc franchement : avez-vous jamais rencontré une femme sincère, fidèle et constante ? Non, n’est-ce pas ? Il n’y a que les vieilles biques et les laiderons qui sont fidèles et constantes. Vous dénicherez plus facilement un chat à cornes ou bécasse blanche qu’une femme fidèle.
"

La dispute va prendre des proportions considérables....

C'est une pièce au sujet et aux apparences moins "profonds" que Le Chant du Cygne, mais qui fonctionne très bien. Les acteurs étaient très bons, c'était un vrai plaisir (on en oubliait même les vibrations des métros/RER que l'on perçoit au Studio de la Comédie française)

 

 

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