PHOTOS --->  Un peu de thé à Guimet

 

Un samedi au Musée Guimet.

Samedi 3 novembre 2012 à 14h00, au grand salon du panthéon bouddhique : "le sencha (démonstration-dégustation)"

"Le sencha est un thé vert infusé qui se prépare d'une manière assez différente du chanoyu (le thé fouetté de la cérémonie du thé japonaise). Avec lui s’est élaboré un second type de cérémonie, moins connue mais tout aussi vivant. Cette démonstration est organisée par l’école Shofūryū et son association Sengetsu-kai présidé par Nabeshima Michio.

Sylvie Guichard-Anguis, chargé de recherche au CNRS appartient au laboratoire Espaces, nature et culture (ENEC) de l’université de Paris-Sorbonne. Membre associé au CREOPS, géographe et japonologue elle travaille sur la notion de patrimoine culturel matériel et immatériel au Japon. Elle enseigne également la cérémonie du thé selon la tradition Urasenke en Ile-de-France."

(source : http://www.guimet.fr/fr/activites-culturelles/adultes/autour-des-expositions-temporaires ).


Je n'ai flouté que les personnes de ma connaissance. Pour les autres, eh bien... Internet est grand, mon site est tout petit, la probabilité que cela les dérange est minime. Et je peux toujours les flouter après coup, s'il y a besoin.


Seule une dizaine de personnes pourront s'asseoir sur le tatami. Les autres auront droit à des chaises.

À l'extrémité de la salle, bien sûr, le kakemono :

Deux filles se font remarquer. Elles utilisent les chaises pour poser leurs affaires, sans vouloir comprendre qu'il y a des gens qui voudront s'y asseoir. De plus, s'habiller en kimono, c'est très bien, elles se sentaient visiblement toutes fières, mais si on les regardait, ça n'était pas forcément parce qu'on les trouvait jolies ainsi vêtues. En effet, celle en kimono à rayures ne savait manifestement pas qu'il y a un sens. Aïe. Lisons wikipedia (http://fr.wikipedia.org/wiki/Kimono ).
"Le kimono se porte toujours côté gauche sur côté droit : d'une part cela permettait de cacher une arme (tanto), d'autre part, les morts sont habillés en croisant dans le sens inverse."
Grosse boulette. Ça ne sera pas la seule : outre le fait qu'on doit se tenir correctement et pas affalé, être en chaussettes sur le tatami, c'est bien, mais marcher par terre et remonter ensuite sur le tatami toujours en chaussettes, ça ne se fait pas. La chaussette ne doit pas toucher le sol ! Comment veut-on que le tatami soit propre, après ?
Heureusement, les Japonais sont tolérants vis-à-vis des étrangers qui voudraient bien avoir l'air, mais qui n'ont pas l'air du tout. Bien sûr, on a le droit d'ignorer ces détails, mais alors, pourquoi venir en kimono ? Pour se faire remarquer. De ce point de vue, c'était très réussi.

Mais on n'est pas là pour dire du mal des gens.
Commençons donc la démonstration.

On voit le brasero, en blanc, sur la droite, avec la théière dessus.
Ce que notre Maître tient à la main lui a permis de mesurer la bonne quantité de thé à mettre dans la théière.

On trouve des braises dans l'espèce de petit panier (décidément, il me manque du vocabulaire) en bas à droite.
Gros plan sur cette sorte de panier :

Parmi les nombreux récipients à sa disposition, il y en a un qui contient de l'eau froide, ce qui lui permet bien sûr de diminuer la température si elle est trop élevée, sans avoir besoin d'attendre.

Le Maître de thé ne verse qu'une petite quantité dans chaque tasse, puis passe à la suivante, etc. et recommence. Ainsi, le temps d'infusion sera homogène pour chaque tasse : la première ne sera pas moins infusée que la dernière.

Nous autres, assis sur des chaises, n'avons pas droit au thé préparé devant nos yeux, mais des assistant(e)s arrivent avec des tasses qui ont été préparées dans l'arrière-boutique, si je puis dire.

Joli plateau avec le thé et une sorte de pâte sucrée. La blancheur de la tasse est bien sûr faite pour mettre en valeur le vert du thé.

On nous explique que le sencha étant moins amer que le matcha, il faut manger la pâte sucrée après la première gorgée de sencha, alors que pour le matcha, on commence par elle.
On nous dit également que la poudre qui forme un résidu dans le fond de la tasse est signe d'une grande qualité de sencha (qui, bien sûr, n'est pas un thé en poudre, contrairement au matcha).

Le goût du thé est étonnamment prononcé.

Le Maître essuie scrupuleusement le plateau et récupère toutes les tasses distribuées aux participants qui ont l'insigne honneur d'être sur le tatami.
Il verse de l'eau dans chacune des tasses, et les vide dans le récipient adéquat qui se trouve en bas à gauche.

On nous explique que les théières japonaises ne sont jamais en fonte. Ce sont les bouilloires qui sont en fonte.

Et c'est parti pour une deuxième infusion, bien sûr avec le même thé.
L'assistance pose quelques questions sur la quantité de thé à mettre (3 grammes par personne ; 3,5 grammes pour du tamaryokucha, si je me souviens bien), le temps d'infusion (3 minutes environ), la température (70°, mais ça dépend de la qualité du thé, lorsqu'elle est encore meilleure, il faut baisser un peu la température). Très classique, donc. L'eau ne doit évidemment pas provenir du robinet, etc. Y a-t-il des femmes maîtres de thé ? Oui.

Le Maître estime la température au toucher. Il n'a pas de chronomètre pour juger du temps écoulé.

Il verse le thé dans les tasses, qui sont redistribuées. Ma voisine de droite me fait remarquer, à juste titre, qu'en terme de nettoyage (un peu d'eau chaude), ça paraît léger. C'est vrai. Mais peut-être que, à l'issue du nettoyage et de toutes les manipulations, les tasses se retrouvent dans le même ordre, de sorte que chacun aura de nouveau sa tasse à lui, et non celle de son voisin ? Je ne sais pas.

Nous autres qui sommes assis, avons droit à un service :

Il n'y aura pas de troisième infusion. Il est temps de tout nettoyer scrupuleusement.

Le Maître enlève les feuilles de thé à l'aide de baguettes.

Il fait une petite vaisselle avec de l'eau chaude.

Aïe.
Notre Maître a laissé tomber une goutte sur le tatami !
Aussitôt, une équipe d'intervention est sur le terrain.

Le Maître ne jugera pas qu'il est déshonoré. Après la démonstration de la cérémonie de thé, nous n'aurons pas une démonstration de seppuku. Peut-être aura-t-elle lieu, mais plus tard, et discrètement.

Continuons.
Le Maître essuie les tasses avec un style propre à son école, nous explique la chargée de recherche au CNRS. Il prend un morceau de tissu adéquat (qui porte certainement un nom, mais je ne le connais pas), essuie une tasse...

  

... puis il replie le tissu d'une certaine façon, de sorte que la partie qui va essuyer la nouvelle tasse soit propre.

   

Et il recommence, tasse après tasse. La grande classe.

C'est fini.

  

 

Il faudra vraiment revenir pour une cérémonie du thé, plus intimiste, dans le pavillon.

Il n'y a plus de telle cérémonie prévue cette année.
Ce sera pour l'année prochaine, sans doute.

Concernant l'exposition temporaire sur le thé ("histoires d’une boisson millénaire"), mieux vaut être un amateur de thé pour l'apprécier. Il y a néanmoins des netsuke en bois et en couleur très intéressants (ils proviennent du musée d'Ennery - musée accessible gratuitement au public uniquement sur réservations tous les samedis et dimanches, et encore, seules 15 personnes peuvent être accueillies simultanément dans ses collections...). On pourra les voir sur : http://www.sucreglace.fr/blog/musee-dennery-musee-guimet-paris/ qui commente la visite de ce musée Ennery.
La tonne de thé (c'est du Pu Erh) compressé de Ai Weiwei est anecdotique.

"La tonne de thé symbolise l'importance de la Chine dans l'histoire du thé, explique son commissaire Jean-Paul Desroches. Le poids de cette civilisation mais aussi l'impact du thé dans le monde d'aujourd'hui." ( http://www.lemonde.fr/style/article/2012/10/26/l-infini-temps-du-the_1780642_1575563.html )

A noter un documentaire de 7 minutes de Tran Anh Hugn sur Tseng Yu-hui, femme maître de thé, très esthétisant et/mais pas mal du tout.


Le petit thé ("Thé Guimet") édition limitée du Palais des thés n'est pas mauvais, dans la catégorie des thés parfumés, bien sûr. Il se rapproche de leur thé "Fleur de geisha", puisque le thé vert est parfumé avec de la fleur de cerisier, mais aussi du yuzu et des pétales de bleuet.

Tant qu'on est à Guimet, petit coup d'oeil sur les collections.

  



Tête d'homme, Jammu-et Kashmir, Akhnur.VI° siècle. Terre cuite rouge.


Ekamukhalinga, linga à visage divin. Bihar, région de Gaya. Fin du XVIIe-début du VIIIe siècle. Chlorite.


Jina. Indonésie, Candi Borobudur (?). Java. Art de Java Centre, VIIIe-IXe siècle. Andésite.

Petit oeil sur les estampes d'Hokusaï qui sont de nouveau exposées pour trois mois, après un sommeil de quelques années.

Il y a foule, sur la Vague, notamment, qui est particulièrement mal placée, à côté d'un texte à lire (histoire d'augmenter la foule). Mais qu'est-ce que c'est beau...

La vague, bien sûr, mais aussi Kohada Koheiji (qui était bien présenté ainsi, et non pas horizontalement, comme on le voit souvent sur internet - et sur mon frigo, je viens de le pivoter, ouf). Quelle délicatesse dans la transparence, en vrai...

Ah, Hartung.

Et c'est toujours un plaisir que de voir des photos de Werner Bischof, dont Buddhas, 1951, que je ne trouve pas sur internet.


C'est fini, et la journée le sera après un petit restaurant.

 

 

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