- Première partie - (seniors)

Un soir à table, Pierrot annonça que son professeur, après avoir regretté que les enfants ne voient plus les animaux dans leur habitat naturel, leur conseillait d'aller, accompagnés de leurs parents, les photographier dans la forêt voisine.
« Voilà une bonne idée ! s'exclama le père. Ce sera notre sortie du prochain dimanche.»

Au jour dit, dès potron-minet, nos citadins, équipés de pied en cap pénétraient dans une forêt encore humide de rosée. Pierrot et sa petite soeur couraient en chahutant devant leurs parents, mais alors qu'ils s'enfonçaient dans le tréfonds des bois luxuriants, le silence les enveloppa. Les oiseaux réputés chanteurs : merles, rossignols, troglodytes ou fauvettes, semblaient absents. Pourquoi n'entendait-on pas cacaber les perdrix, criailler les faisans? Où se cachaient colverts et autres canards barboteurs, puisque la grande mare paraissait désertée ? Nul écureuil n'escaladait les châtaigniers ou les épicéas, aucun renard ne sortait des terriers, pas un seul marcassin ne gambadait dans la clairière, et on n'apercevait pas le moindre loup-cervier courant aux trousses d'un brocard ou d'un faon.

« Bizarre, dit le père, je n'aperçois rien. Moi qui croyais avoir un oeil de lynx ! Cette forêt semble totalement inhabitée. »

« J'espère qu'on ne va pas se perdre » marmonnait Pierrot, rendu anxieux par l'atmosphère oppressante.

 

- Deuxième partie - (seniors et juniors)

Heureusement, la mère avait pensé à apporter son téléphone avec GPS. C'était plus sûr et moins lourd à transporter que les cailloux du Petit Poucet.

Un peu déçue, la famille décida de s'installer pour pique-niquer. La nappe fut dépliée, les victuailles disposées dessus. On voulut faire des photos : chacun prit la pose devant un arbre ou allongé dans l'herbe. Enfin, on revint autour de la nappe. Stupéfaction ! la nourriture s'était envolée ! Qui étaient les pique-assiette ? pies ? corbeaux ? Et si c'était un loup ?... Sans plus réfléchir, nos vaillants explorateurs remballèrent toutes leurs affaires et se dépêchèrent de quitter ces lieux si déconcertants.

Quelques jours plus tard, tous les élèves montrèrent leurs photos. Quand ce fut le tour de Pierrot, le professeur tourna le cliché en tous sens, ajusta ses lunettes, resta perplexe.
« Serait-ce un reptile saurien sans pattes, un orvet qu'on appelle serpent de verre ?
- Non, répondit fièrement Pierrot, c'est un authentique spécimen d'annélide forestier, communément appelé lombric ou ver de terre ! »

 

 

 

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