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Littérature d'Afrique et du Moyen-Orient
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Chinua ACHEBE
(Ogidi, Nigeria, 16/11/1930 - Boston, Etats-Unis, 22/03/2013)


Achebe Chinua


Albert Chinualumogu Achebe est romancier, nouvelliste, poète, essayiste, d'expression anglaise. Il a aussi écrit des livres pour les enfants.

Il est né dans une famille évangélique protestante à Ogidi, village Igbo.
Très bon élève, il obtient une bourse pour poursuivre ses études.
Il voyage en Afrique et aux Etats-Unis, suit une formation à la BBC et travaille à la Nigerian Broadcating Corporation.

Il se marie en 1953
Son premier roman, Le Monde s'effondre, parut en 1958, est considéré depuis comme un classique de la littérature africaine moderne.

En 1967, il se positionne pour l'indépendance du Biafra. C'est la guerre civile, période pendant laquelle Achebe écrit surtout de la poésie, forme courte, intense, en adaquation avec son état d'esprit ("Refugee Mother and Child"...) Il vit dans une zone de combats.
Sa maison est détruite par une bombe. Par chance, il n'y avait personné à ce moment là, sa femme s'étant absenté avec ses enfants. Ses livres n'ont pas eu cette chance.
Il sert d'ambassadeur du nouveau pays. Guerre, violence... Il appelle à l'aide la communauté internationale.
En 1969, il va aux Etats-Unis pour soutenir la cause du Biafra... Mais la guerre se finit, le Niger reprend le contrôle de la région fin 1969-début 1970 (l'écrivain Wole Soyinka, qui a fait 22 mois de prison pour avoir soutenu le mouvement d'indépendance, est alors libéré.)
Son passeport est confisqué, il ne peut plus se rendre à l'étranger.
Il travaille dans une université nigériane, lance deux magazines.
Il peut bientôt se rendre aux Etats-Unis, où il a accepté un poste de professeur.
1975 : il fait une conférence sur le racisme dans "Au Coeur des Ténèbres" de Conrad. (http://en.wikipedia.org/wiki/An_Image_of_Africa:_Racism_in_Conrad%27s_%22Heart_of_Darkness%22). C'est la controverse.
Achebe retourne au Nigéria en 1976, et s'engage en politique.
1990 : un accident de voiture le laisse hémiplégique. Il ne se déplace plus qu'en fauteuil roulant.
Il repart aux Etats-Unis, où il sera professeur pendant quinze ans au Bard College (Etat de New York).

Il continue d'écrire.

Pour plus d'informations, voir la page en anglais de wikipedia, beaucoup plus complète que la version française :
http://en.wikipedia.org/wiki/Chinua_Achebe


Le Monde s'effondre (Things fall apart, 1958 ; 254 pages, traduit de l'anglais par Michel Ligny ; Présence Africaine).

Le roman commence ainsi :
"
Okonkwo était bien connu à travers les neuf villages et même au-delà. Sa réputation reposait sur de solides réussites personnelles. Jeune homme de dix-huit ans, il avait apporté honneur et gloire à son village en terrassant Amalinze le Chat. Amalinze était ce grand lutteur qui, pendant sept ans, était resté invaincu, d'Umuofia à Mbaino. On l'appelait le Chat parce que son dos se refusait à toucher la terre. Ce fut cet homme qu'Okonkwo terrassa dans une lutte dont les vieux s'accordèrent à dire que c'était une des plus acharnées depuis que le fondateur de leur ville s'était attaqué à un esprit de la brousse et l'avait affronté pendant sept jours et sept nuits." (page 9)

On apprend rapidement quel genre d'homme était son père :
"
Unoka, car tel était le nom de son père, était mort dix ans auparavant. En son temps, il était paresseux et imprévoyant et tout à fait incapable de penser au lendemain. Si quelque argent lui tombait entre les mains, et cela était rare, il achetait immédiatement des calebasses de vin de palme, appelait ses voisins à la ronde et faisait la fête. Il disait toujours que chaque fois qu'il voyait la bouche d'un mort il voyait la folie de ne pas manger ce qu'on possédait pendant qu'on était en vie. Unoka était, bien sûr, un homme endetté, et il devait de l'argent à chacun de ses voisins, depuis quelques cauris jusqu'à des sommes tout ça fait substantielles." (page 10).

Okonkwo veut prouver sa valeur, toujours, constamment. Il n'est pas comme son père : il ne doit pas être faible. Il ne doit pas montrer ses sentiments, son affection, pour aucune de ses trois femmes, de ses fils et de ses filles.
Tout ce qu'il fait a pour but de montrer à tout le monde sa réussite, sa richesse, sa force.
"
Par bonheur, chez ces gens-là, on jugeait un homme selon sa valeur et non selon la valeur de son père." (page 14). "Pour couronner le tout, il avait acquis deux titres et avait montré une prouesse incroyable dans deux guerres intertribales. Et c'est pourquoi Okonkwo, bien qu'il fût jeune encore, était déjà l'un des plus grands hommes de son temps. L'âge était respecté parmi les gens de son peuple, mais la réussite était révérée. Comme disaient les anciens, si un enfant se lavait les mains, il pouvait manger avec des rois. Okonkwo s'était indubitablement lavé les mains et c'est pourquoi il mangeait avec les rois et les anciens. Et c'est ainsi qu'il lui échut de prendre soin du jeune garçon condamné qui fut sacrifié au village d'Umuofia par leurs voisins afin d'éviter de faire la guerre et de verser le sang." (page 15).

Nourriture (cola, piment d'alligator, ignames), coutumes (oracle, forêt maudite, bricoles diverses qui arrivent à ceux qui ne respectent pas ces coutumes)... on apprend à connaître la vie traditionnelle chez les Ibo. C'est parfois joliment écrit :
"Ayant parlé de façon directe jusque-là, Okoye dit la demi-douzaine de phrases suivantes sous forme de proverbes. Chez les Ibo, l'art de la conversation jouit d'une grande considération, et les proverbes sont l'huile de palme qui fait passer les mots avec les idées." (page 13). Sancho Panza s'y serait senti comme chez lui.

On assiste à des tournois de lutte, des procès, mariage, funérailles... mais aussi à l'arrivée de sauterelles (miam ; on peut d'ailleurs penser à Chroniques abyssiniennes, le livre de Moses Issegawa) :
"Elles s'installèrent sur chaque arbre et sur chaque brin d'herbe ; elles s'installèrent sur les toits et couvrirent le sol nu. De puissantes branches d'arbres se brisaient sous leur poids, et le pays tout entier prit la couleur de terre brune de l'immense fourmillement affamé." (page 72).
"Derrière eux se dressait l'énorme et antique cotonnier sacré. Des esprits de bons enfants vivaient dans cet arbre en attendant de naître. Les jours ordinaires les jeunes femmes qui désiraient des enfants venaient s'asseoir à son ombre." (page 61).

Mais tout ça n'est que du quotidien. Le vrai bouleversement arrive avec les missionnaires blancs...
Le monde que l'on a appris (un peu) à connaître va subir un choc. Certains comportements paraîtront aberrants aux Blancs, mais le lecteur, lui, en pénétrera la logique.
Le roman donne également de quoi penser : choc des cultures, dialogue possible ou non entre deux conceptions différentes de la société, des pouvoirs et des superstitions, nécessité d'adaptation sous peine de disparaître, place de l'individu (et de la femme, un peu), poids des traditions...

Un très bon livre (souvent qualifié de "pondéré"), reconnu comme marquant dans le monde anglo-saxon, mais beaucoup moins en France. Le Monde s'effondre a été un des premiers livres africains a connaître un succès (notamment critique) international.
On le trouve régulièrement dans les listes des meilleurs romans écrits (pour ce que cela vaut...).


Le titre provient du poème de William Butler Yeats The Second coming (1920), dont voici le début :

"Turning and turning in the widening gyre
The falcon cannot hear the falconer;
Things fall apart ; the centre cannot hold;
Mere anarchy is loosed upon the world,
The blood-dimmed tide is loosed, and everywhere
The ceremony of innocence is drowned;
The best lack all conviction, while the worst
Are full of passionate intensity."

"Tournant, tournant dans la gyre toujours plus large
Le faucon ne peut plus entendre le fauconnier.
Tout se disloque. Le centre ne peut tenir.
L'anarchie se déchaîne sur le monde
Comme une mer noircie de sang partout
On noie les saints élans de l'innocence.
Les meilleurs ne croient plus à rien, les pires
Se gonflent de l'ardeur des passions mauvaises."

(traduction de Yves Bonnefoy, extrait de Quarante-cinq poèmes, Poésie/Gallimard).

 


Autres romans :
- No Longer at Ease, (1960). Il s'agit de la suite de Things Fall Apart.
- Arrow of God (1964)
- A Man of the People (1966)
- Anthills of the Savannah (1987)



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