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Walker Percy
(Birmingham, Alabama, 28/05/1916
- Covington, Louisiane, 10/05/1990)


walker percy

Walker Percy est issu d'une famille protestante du Sud des Etats-Unis, qui comprend un sénateur, un héros de la Guerre Civile, etc.
En 1917, son grand-père se suicide, inaugurant une longue série de drames.
En 1929, alors que Percy a treize ans, son père se suicide. Sa mère l'emmène, ainsi que que ses frères, vivre chez sa mère à elle, à Athens en Géorgie. Deux ans plus tard, accident de voiture : sa mère décède. Percy le prendra pour un suicide.
Avec ses deux frères, ils vont alors habiter dans le Mississippi, chez leur oncle paternel, un juriste et poète, qui les adopte.

Il fit des études de médecine à l’université de Columbia, New York.
En 1942, il attrape la tuberculose, consécutivement à des autopsies et passe plusieurs années dans un sanatorium dans l’Etat de New York.
Il en profite pour lire Søren Kierkegaard ainsi que Dostoïevski.
Il se convertit au catholicisme en 1947. Il se marie et s'installe en Louisiane.
Il se consacre à l'écriture et publie son premier roman en 1961 : Le Cinéphile (The Moviegoer), qu'il décrira plus tard comme l'histoire "d'un jeune homme qui a tous les avantages d'une vieille lignée cultivée du Sud : un sentiment pour la science et les arts, un goût pour les filles, les voitures de sport, et les choses ordinaires de la culture, mais qui se sent néanmoins étranger dans les deux monds : le vieux Sud et la nouvelle Amérique".
Le livre obtient le National Book Award en 1962 (année particulièrement relevée : Catch 22 de Heller, Franny and Zooey de Salinger, Revolutionnary Road de Richard Yates...).
Il publie d'autres romans ( Le Dernier Gentleman, 1966 ; i, 1971 ; Lancelot, 1977...), des essais...

(voir la biographie plus complète, en anglais sur la page de wikipedia)

C'est grâce à lui que La Conjuration des Imbéciles, de John Kennedy Toole, a été publié en 1980.

Il décède d'un cancer de la prostate en 1990.

 

le cinéphile

- Le Cinéphile (The Moviegoer, 1960-1961). Traduit de l'anglais par Claude Blanc. 218 pages. Bibliothèque étrangère Rivages.

"Moins préoccupé que Faulkner par l'effondrement moral et physique du Sud et par la nostalgie d'un monde avant la chute (c'est-à-dire d'avant la guerre de Sécession), Percy essaye de comprendre les problèmes de la vie quotidienne dans cette société déphasée.
Le Cinéphile est le grand roman moderne de La Nouvelle-Orléans. John Bickerson Bolling (dit familièrement Binx Bolling) part à la recherche de lui-même comme pour tuer l'ennui d'une vie banale mais compliquée. Tout lui semble étrange mais amusant : son travail de courtier, ses secrétaires, ses amis, sa famille. Quel sens donner à cette existence ?" (texte de présentation).

La quatrième de couverture (André Clavel dans l'Evénement du Jeudi) dit : "Parachutez l'Etranger de Camus du côté de La Nouvelle-Orléans, donnez-lui beaucoup d'humour, faites de lui un cinéphile invétéré, et vous obtiendrez le portrait-robot du héros de ce roman, Binx Bolling".

Le roman commence ainsi : "Ce matin j'ai reçu un mot de ma tante : elle me demandait de venir déjeuner. Je sais ce que cela veut dire. Je dîne chez elle tous les dimanches, c'est aujourd'hui mercredi et il n'y a qu'une explication possible : elle veut me parler sérieusement. Cela sera très grave, peut-être même de mauvaises nouvelles de Kate, sa belle-fille, ou alors une conversation touchant mon avenir et ce que je devrais faire. Voilà qui devrait m'épouvanter et pourtant j'avoue que cette perspective ne m'apparaît pas tout à fait déplaisante." (page 13).
On a d'entrée de jeu les protagonistes principaux, outre le narrateur : sa tante et sa cousine Kate, cette dernière ayant pas mal de problèmes psychologiques.

On découvre aussi rapidement à quel point le cinéma est important pour Binx :
"Le soir, d'habitude je regarde la télévision ou je vais au cinéma. [...] Beaucoup de gens, je l'ai lu quelque part, passent leur vie à chérir les moments inoubliables de leur passé : la découverte du Parthénon à l'aube, la rencontre, une nuit d'été dans Central Park, d'une belle fille solitaire avec laquelle on saura établir des rapports tendres et naturels, pour parler comme les livres. Moi aussi, un soir j'ai rencontré une fille dans Central Park, mais je n'en conserve pas un très grand souvenir. Ce dont je me souviens par contre, c'est du moment où, dans La Chevauchée fantastique, John Wayne tue trois hommes avec sa carabine, tout en se jetant sur le sol dans la rue poussiéreuse, et de celui où, dans Le Troisième Homme, le petit chat découvre Orson Welles dans l'embrasure d'une porte.
Le plus souvent, quand je sors le soir ou quand je pars en week-end, ma secrétaire m'accompagne. j'ai eu trois secrétaires : Marcia, Linda et maintenant Sharon. Il y a vingt ans, une fille sur deux à Gentilly a dû recevoir le nom de Marcia. L'année suivante c'était Linda. Et puis Sharon.
" (page 17).
C'est amusant, et en même temps ça en dit beaucoup sur le formatage, le manque d'imagination et la banalité des idées et des goûts des gens.

Pour le plaisir :

 


Binx est courtier. Les affaires marchent bien, presque malgré lui. C'est quasiment une autre personnalité qui prend les commandes. Son "vrai lui" se demande ce que c'est qu'exister. Il a "l'idée d'une quête" (page 20).
"La quête, c'est ce que n'importe lequel d'entre nous entreprendrait s'il n'était pas absorbé par la quotidienneté de sa vie." (page 21).

Les acteurs, les films lui semblent plus réels que lui. La vie elle-même ne devient réelle qu'à travers les films et les acteurs.
A un moment, il voit William Holden, qui passe à côté d'un jeune couple.
"Maintenant ils reconnaissent Holden. Elle le pousse du coude. Un instant le garçon paraît tout ragaillardi ; mais la rencontre de Holden ne lui est pas vraiment d'un grand secours. Bien au contraire. Il ne peut que comparer la resplendissante réalité de l'acteur à son existence vague et précaire." (page 23). Tout ce passage, dans lequel Holden va demander du feu, est très drôle. Le jeune homme réussira-t-il à "exister aussi pleinement qu'Holden" ? (page 24)
Dans le même ordre d'idée :
"Elle fait allusion à un phénomène propre au cinéma et que nous avons appelé certification. De nos jours, quand quelqu'un vit quelque part, dans un quartier donné, l'endroit n'est pas certifié en ce qui le concerne. Vraisemblablement il y vivra tristement et le néant qui est au-dedans de lui finira par s'étendre et par vider de sa substance le quartier tout entier. Mais s'il voit un film qui montre son propre quartier, il lui sera possible, au moins pour un temps, de vivre comme quelqu'un qui vit Quelque Part plutôt que Nulle Part." (pages 63-64).

Il y a sans cesse des références, des comparaisons à des films, des acteurs, c'est vif, intéressant, drôle et en même temps on se demande ce qui va se passer... Notre héros souffre d'un traumatisme lié à la guerre ; sa jolie cousine, plus perturbée que lui, a été traumatisée par un décès récent. Sa tante compte sur lui pour la calmer, la canaliser.

Notre héros est très attiré par les femmes. A propos de sa nouvelle secrétaire : "Mais elle a cette beauté redoutable faite de propreté et de bonne santé. Ses fesses sont si belles qu'une fois, alors qu'elle traversait la pièce dans la direction du réfrigérateur, mes yeux se sont emplis de larmes de gratitude. C'est une de ces beautés villageoises dont le Sud est si prodigue. Nées des étreintes d'un papa rougeaud et d'une maman au visagé figé, dans les maisons les plus minables des villes les plus minables, elles poussent par millions, ces beautés anglo-saxonnes, ces mignonnes aux joues vermeilles. Plus communes que les moineaux, on les trouve, comme les moineaux, dans les rues, dans les parcs, sur le seuil des maisons. Personne ne les regarde avec émerveillement, personne ne les aime avec tendresse. Bientôt chassées du nid, elles se posent dans les villes pour y rester et personne ne les regrette. Leurs hommes ne leur accordent aucune attention, bien moins en tout cas qu'ils n'en accordent à l'argent. Mais moi je les regarde avec émerveillement ; je ne peux pas me passer d'elles ; je les aime avec tendresse." (page 65-66).

Et puis, il semble se préciser qu'il va se passer quelque chose... "Depuis quelque temps déjà, le sentiment grandit en moi que tout le monde est mort." (page 96).
D'où une certaine (mais relative) déception. En fait, le livre est une suite de rencontres de différentes personnes, avec l'histoire de ces personnes, leur passé, leurs relations avec lui. Si l'on suit uniquement les faits du présents, il ne se passe pas grand chose d'important.
De plus, l'aspect enlevé, les nombreuses références cinématographiques, les phrases qui claquent sont beaucoup plus rares dans la deuxième moitié du livre.
J'aime quand même bien :
"Il y a dix ans, je me suis lancé à la poursuite de la beauté, sans accorder à l'argent la moindre pensée. J'écoutais les airs ravissants de Mahler et je sentais la maladie au plus profond de mon âme. Maintenant je suis à la poursuite de l'argent et, dans l'ensemble, je me porte beaucoup mieux." (page 179).

Alors, oui, il y a le mal-être de notre cinéphile, il y a le mal-être de sa cousine, l'interrogation sur ce que l'on peut faire et/ou doit faire de sa vie, vivre pour gagner de l'argent ou pas, chercher à se rendre utile ou pas, les traditions... mais le ton vraiment original et enlevé de la première moitié du livre me semble être moins présent dans la deuxième, comme si finalement tout était un peu trop simple.
Mais c'est peut-être de ma faute : je devais m'attendre à quelque chose de plus démonstratif.

J'ai donc vraiment beaucoup aimé la première moitié du livre, excellente, la deuxième étant "seulement" bien, comme si Walker Percy avait par moments oublié la cinéphilie du cinéphile.

 

 

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