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LEE Seung-U

(1959 - )

lee seung u

Né en 1959, Lee Sueng-U est l'auteur de plusieurs romans, recueils de nouvelles et récits. Il a remporté de nombreux prix depuis ses débuts littéraires en 1981.
Il est actuellement professeur de littérature coréenne à l'Université Chosun.

la vie rêvée des plantes

- La Vie rêvée des plantes (Sikmuldeuleu Sasaenghwal, 1987). Traduit du coréen en 2006 par Choi Mikyung et Jean-Noël Juttet. 300 pages (Zulma).

"Cela fait cinq ans que mon frère a perdu ses deux jambes. Quand ça s'est produit, je n'étais pas à la maison. Faut dire que je n'étais jamais à la maison, je me sentais mieux n'importe où ailleurs, j'étais tout le temps dehors, et un jour j'ai fini par quitter le domicile paternel pour de bon. Le corps sans jambes de mon frère, je l'ai vu pour la première fois il y a juste un an. J'étais revenu à la maison, mais surtout pas dans l'intention d'y rester." (page 19).

Le roman est donc narré à la première personne par un jeune homme, Kihyon. Ecrasé par son frère qui fait tout mieux que lui, est beau et intelligent, il interrompt ses études, fugue et subvient à ses besoins par lui-même avec des petits boulots, notamment de détective.
La narration, même si elle avance, fonctionne en grande partie par flash-backs.

Dans quelles conditions le grand frère a-t-il perdu ses jambes ? Pourquoi Kihyon est-il revenu à la maison, et surtout pourquoi y reste-t-il malgré l'atmosphère lourde ?
"Les autres n'étaient pas tous couchés encore. Mon frère ne dormait pas. En passant devant la porte de sa chambre, je l'entendais souvent frapper sur le clavier de son ordinateur. Il était toujours occupé à une chose ou une autre. Mais la porte était fermée, je ne pouvais savoir au juste ce qu'il faisait. Bref, chacun de nous quatre avait une chambre, chacun était obstinément dans la sienne. Les quatre portes restaient obstinément closes. Personne ne faisait irruption dans l'une ou l'autre ni n'en avait la moindre envie." (pages 37-38).
Le père reste silencieux, il prend soin de ses plantes et regarde des parties de go à la télévision. La mère est la patronne d'un restaurant. "Elle y était entrée toute jeune." (page 38).

Kihyon la surveille. "Aussi étonnant que cela puisse paraître, c'est bel et bien ce qui s'est passé. J'étais effectivement chargé de la surveiller. [...]
Un client que je n'ai jamais vu (je ne sais d'ailleurs toujours pas de qui il s'agit) m'avait demandé de lui rendre compte des journées de ma mère. Commande pour le moins incongrue. Je faillis lui demander s'il savait que la personne qu'il me priait de surveiller était ma propre mère
" (pages 31-32).

Là, l'usage des temps prête à confusion. On pourrait croire que, à la fin du livre, il ne sait toujours pas de qui il s'agit... d'où l'usage du présent par rapport au passé... En fait, si, il saura.

Il y a énormément de références à la culture grecque, parfois avec un effet burlesque (volontaire ?). Ainsi cette scène d'amour :
"Leurs deux corps se sont complétés. « Aristophane a dit que l'amour, c'est la recherche de sa moitié manquante », a-t-il commenté en l'enlaçant très fort comme s'il voulait se fondre en elle. « Platon aussi l'a écrit dans Le Banquet », a-t-elle répondu. « Oui, a-t-il enchaîné, au début, l'homme avait deux têtes, quatre mains, quatre pieds, quatre yeux, il avait deux sexes. Mais Zeus, agacé de voir l'homme défier continuellement les dieux, a partagé son corps en deux. - C'est pourquoi, a-t-elle ajouté, les êtres s'aiment pour retrouver leur moitié. [...] »" (page 182). On peut trouver ça très beau ou un peu nunuche et finalement agaçant, genre La mythologie grecque pour les nuls.
D'ailleurs, à un moment, quelqu'un a fait un "exercice de compilation" (page 267) d'histoires de transformations de personnages mythologiques en plantes. Pas trop dur à faire, l'exercice, il suffit de taper dans Les Métamorphoses d'Ovide, il n'y a vraiment pas à chercher bien loin.
Alors, pourquoi cette abondance de mythologie grecque ?
Dans une interview (http://lelitterairecom.wordpress.com/2012/09/17/entretien-avec-lee-seung-u-la-vie-revee-des-plantes/ ), Lee Seung-U s'en explique : "C'est notre éducation qui veut cela : dès notre plus jeune âge on nous enseigne les mythes et la culture gréco-romains. Nous sommes imprégnés par eux bien plus que par les mythes et légendes coréens et, de fait, nous sommes rompus aux modes de pensée occidentaux. Mais aujourd'hui, je regrette un peu d'avoir laissé si peu de place dans mes livres aux traditions de mon pays." Il n'est jamais trop tard !


Le roman commence bien, mystérieux à souhait (tout le monde a des secrets, bien sûr !), et puis l'auteur en fait progressivement trop dans le romanesque. Les trucs éculés pour faire monter l'attente, créer du suspense. Exemple : "Quand plus tard j'ai su son projet, j'ai eu du mal à croire qu'elle ait réussi à trouver autant de courage en elle." (page 205).
Allons bon ! A quel moment temporel de l'histoire se situe donc le narrateur ? Au début du livre, il dit ne toujours pas savoir qui l'a chargé de surveiller sa mère, et maintenant il anticipe sur ce qui va suivre ! Ah la la... ça sent la triche !
Et les torrents de larmes versés ! Est-ce culturel ? Dès qu'il y a un peu d'émotion, hop ! les personnages pleurent. La Corée : un pays de cocagne pour les fabricants de mouchoirs !
Allons, soyons cyniques : serait-ce un moyen de tenter d'émouvoir le lecteur ?

Toujours sur http://lelitterairecom.wordpress.com/2012/09/17/entretien-avec-lee-seung-u-la-vie-revee-des-plantes/ , outre les intentions de l'auteur ("[...] je voulais montrer qu'après l'oppression un retour à la recherche du Beau était possible ; je voulais inviter mes lecteurs à retrouver tout ce qui avait été laissé de côté à cause de problèmes politiques et sociaux") on apprend qu'une traduction plus exacte du titre en français aurait été "la vie intime des plantes". Ce changement de titre est-il purement commercial et l'éditeur pense-t-il capitaliser sur la notoriété du film "La vie rêvée des Anges ?" Les traducteurs expliquent également comment se passe la traduction à deux.


En résumé, c'est un livre qui malgré ses 300 pages se lit vite : style simple, rouages dramatiques bien huilés.
Mais à la fin, si on y réfléchit bien on se dit que, quand même, ça aurait pu être plus simple. L'intrigue est un peu tirée par les cheveux et est gâchée par la volonté de l'auteur de faire profond à grands renforts de mythologie grecque, de rêves surchargés de symboles. On peut être profond en parlant de choses simples... simplement.


Egalement traduits en français :
- L'envers de la vie.
- Ici comme ailleurs.

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