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Munshi Premchand (प्रेमचंद)

(Bénarès, 31/07/1880 - Bénarès, 08/10/1936)

premchand

"Munshi Premchand est un écrivain de langue Hindî et Ourdou. Il a écrit tout d'abord en ourdou puis en hindi appartient à la génération des écrivains progressistes, imprégnés des idées gandhiennes. On reconnaît dans le style de Premchand certaines influences venues du réalisme soviétique.

Plusieurs de ses romans sont pessimistes, comme Nirmalâ qui relate les difficultés de deux belles-sœurs. Godân (Le Don de la vache) considéré comme son plus grand chef-d'œuvre, décrit la rencontre entre le monde rural et urbain. De nombreuses nouvelles sont traduites en anglais, français, italien et allemand. Une de ses nouvelles, Le Joueur d'échec a été adaptée en 1977, par le réalisateur Satyajit Ray. En 1981, ce même réalisateur a réalisé un autre film basé sur une histoire de Munshi Premchand, Délivrance." (Wikipedia).

"Né en 1880 dans la famille d'un employé des postes d'un petit village de la région de Bénarès,Dhanpat Râî Premchand , disciple de Gandhi, se consacra à sa tâche d'écrivain militant au service d'une double cause : la réforme de la société indienne et l'émancipation du joug colonial. Rédacteur en chef de diverses revues littéraires, président de la première session du rameau indien de la Progressive writer's association, il devait mourir en 1936 comme il avait vécu, acclamé comme le plus grand écrivain hindî de son temps, mais accablé de dettes. " (Le Suaire, quatrième de couverture)



le suaire
Illustration de couverture : Labourage, émottage, semailles. (D'après un manuscrit persan du XIX° siècle)

- Le Suaire. Nouvelles traduites du hindî en 1975 par Catherine Thomas. Presses Orientalistes de France. 132 pages.

"L'oeuvre de Premchand (1880-1936) domine la littérature hindie du XX° siècle. Au profane aussi bien qu'au sociologue ou à l'historien, elle s'impose dans son ampleur, son acuité, son ambiguïté même, comme une introduction irremplaçable à l'Inde des années décisives qui précédèrent l'accession à l'indépendance. [...]
Réformiste, progressiste, marxiste, gandhiste, traditionaliste, il n'est d'étiquette que Premchand n'aura dû endosser. Cependant, ces tentatives de récupération idéologique échouent à réduire, dans son oeuvre, les contradictions manifestes auxquelles ont achoppé des générations d'exégètes. [...]
L'Inde dans laquelle naît en 1880 Dhanpat Râî - le futur Premchand - a subi, au contact de l'Occident, un bouleversement sans exemple dans le passé et qui affecte aussi bien les ressorts de la vie matérielle que les valeurs de l'idéologie.
" (Introduction, pages 5-7).
L'introduction parle des bouleversements économiques : l'économie des villages qui fait souvent place à des rapports de production nouveau ; le commerce qui se développe... L'équilibre traditionnel de l'économie qui est rompu. Les artisans, ruinés par les produits anglais, deviennent journaliers agricoles et rejoignent le prolétariat industriel. Dans le même temps, une bourgeoisie moderne apparaît....

Plusieurs oeuvres de Premchand sont rapidement présentées. Elle prennent des formes diverses : romans, nouvelles, récits, utopies, contes... "le lecteur chercherait en vain un semblant d'unité." (page 16).
"Le conte est un récit où l'état de manque qui affecte initialement le héros se trouve annulé dans le dénouement, grâce à la conclusion d'un échange par lequel le héros reçoit ce qui lui fait défaut, en contrepartie d'un bien dont il gratifie son partenaire. [...]
L'utopie réserve également une issue favorable au héros : mais l'heureux dénouement repose tout entier sur une authentique transformation spirituelle du médiateur du récit, écho du change of heart, que rien ne pouvait laisser prévoir et qui participe de l'expérience du divin[...].
Le conte met en relief les vertus de l'ordre établi, la protection assurée aux partenaires sociaux qui respectent la norme. [...] Inversement, mais aussi corollairement, le court roman met en scène l'insurrection d'un individu et le châtiment que déclenche son action isolée : les coups du destin représentent, contre les velléités individuelles, le triomphe de l'ordre établi. [...]
Quant à l'utopie, elle apparaît comme une ultime tentative pour résoudre des contradictions irréductibles, des exigences incompatibles.
" (pages 17-19)

La nouvelle, elle, est un genre révolutionnaire par son absence de didactisme, son refus de toute histoire. L'introduction met en évidence l'apport très important de Premchand :
"Premchand a su créer un modèle où les générations futures devaient trouver leur idéal esthétique, la nouvelle, dans laquelle apparaît, pour la première fois dans la littérature hindie, l'anti-héros, l'individu, dont toute l'épaisseur est celle d'une expérience vécue." (page 20).

Le recueil est constitué de huit nouvelles.

1/ La première nouvelle, L'Inspecteur du sel, relève du conte.
Le héros, un jeune homme, est d'une honnêteté totale, il n'accepte pas les pots de vin. Cela lui causera des problèmes... Une nouvelle un peu édifiante, mais pas mauvaise du tout.

2/ L'épouse rivale.
"Le pandit Devadatt était marié depuis de longues années, mais il n'avait pas eu d'enfants. Du temps où ils étaient en vie, ses parents le pressaient constamment de se remarier, mais il s'y était toujours opposé. Il nourrissait pour son épouse Godâvari un amour inébranlable. Il ne voulait pas risquer de compromettre son bonheur conjugal pour celui de devenir père." (page 39).
Mais sa femme, qui après avoir eu recours aux prières, talismans, etc., n'arrive pas à avoir d'enfants, est finalement prête à accueillir une rivale au sein de son foyer, contre l'avis même de son mari...
Une bonne nouvelle.

3/ La vieille tante.
"La vieillesse, souvent, est un retour à l'enfance. Pour la vieille tante, les plaisirs de la bouche demeuraient le seul bien qui l'attachât encore à la vie, et les larmes son ultime recours pour attirer l'attention sur ses petites misères." (page 55). Elle vit chez son neveu, qui l'a persuadé de mettre sa fortune à son nom. Et il est ingrat !
Bonne nouvelle.

4/ Une mesure de blé.
Il était une fois un pauvre paysan. Un soir, un mahâtmâ vient pour passer la nuit chez lui. Le paysan veut bien faire les choses et emprunte pour acheter de la farine de blé. C'est le début d'une descente aux enfers. C'est assez horrible, surtout quand une note explique que "plusieurs régions de l'Inde connaissent encore la pratique de la servitude pour dettes (anglais debt-slavery) qui transforme le débiteur insolvable en un être dont la force de travail appartient, pour le reste de ses jours, au propriétaire foncier." (page 124)

5/ Une nuit d'hiver.
Un couple a un champ. Le travail est dur, d'autant qu'il faut le surveiller, même lorsqu'il fait froid, la nuit, pour éviter que des animaux saccagent tout. Pas gai.

6/ Le Puits du Thakur.
Le mari de Gangî est malade. Il a soif, mais l'eau du pichet est croupie. Or, ¬e puits se trouve à plusieurs lieues, et il est déjà tard... Sa femme pourra-t-elle puiser de l'eau aux puits qui ne sont pas réservés à leur caste ?
Encore une bonne nouvelle. Au passage, on apprend que "Le nom de son mari est tabou pour la femme hindoue. Elle utilise, pour parler de lui, des tournures indirectes : un « il » honorifique, ou des périphrases (le père de mes enfants, etc.)" (page 124)

7/ La Flambée d'un amour.
Gangî est une jeune femme de dix-sept ans. Elle est déjà veuve, et les coutumes font qu'elle n'a pas le droit de se remarier. De plus, comme elle est veuve, elle ne peut même pas assister au mariage de ses amies ! Elle va tomber amoureuse.

8/ Le Suaire.
"Au seuil de la cahute, le père et le fils étaient assis, silencieux, devant un feu éteint, tandis qu'à l'intérieur, la jeune épouse du fils, Budhiyâ, se débattait dans les douleurs de l'enfantement. [...]
Ghîsu dit « J'ai l'impression qu'elle n'en réchappera pas. On a passé toute la journée à courir. Tu devrais entrer voir un peu. »
- S'il lui faut mourir, qu'elle fasse vite, » répondit Mâdhav avec humeur. « A quoi servirait-il d'y aller ?
- Quel sans-coeur du fait ! Te montrer si ingrat, après avoir partagé avec elle une année de bonheur !
- Justement ! Je ne peux pas supporter de la voir souffrir et se tordre de douleur. »
" (page 107).
Le suaire du titre, ce sera pour elle, bien sûr. Mais pourquoi acheter un Suaire destiné à brûler, quand on a tant besoin d'argent pour des choses plus vitales, comme manger et boire (de l'alcool, de préférence) ?

Un bon recueil de nouvelles, vivantes, instructives (que d'injustices liées au système des castes !) et pas gaies du tout.


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