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YI Ch'ongjun

(09/08/1939 - 31/07/2008)

yi ch'ongjun

"Yi Ch'ôngjun (이청준, orthographié également Yi Ch'ongjun ou Yi Chong-jun, en anglais Lee Cheong-jun) est un écrivain sud-coréen né le 9 août 1939 et mort le 31 juillet 2008 (à 68 ans).
Auteur de plus de 100 nouvelles et de 13 romans, il est un des auteurs sud-coréens les plus respectés, récompensé par plusieurs grands prix littéraires de son pays." (wikipedia).
Ses oeuvres ont souvent été adaptées pour la télévision ou pour le cinéma (notamment par Im Kwon-Taek et Lee Chang-dong : Secret Sunshine, 2007).

"Yi Ch'ongjun occupe, depuis la fin des années soixante, une place importante dans les lettres coréennes. Influencé par la littérature allemande, qu'il a étudiée à l'université, il incarne la littérature dite conceptuelle. Son regard analytique très nouveau a beaucoup intrigué les lecteurs, en raison de la façon dont il fait évoluer des gens étranges dans un monde étrange. Et il le fait étrangement, car les thèmes évoqués sont, au contraire, tout à fait familiers.
La guerre de Corée (Le Mur des rumeurs), les artisans (Le Fauconnier), le mythe salvateur (L'île d'Io), la superstition (Le Feu mystique du bouddhisme ésotérique) sont autant de facettes qui évoquent la vie quotidienne des Coréens." (Ch'oe Yun et Patrick Maurus, postface de L'Ile d'Io).

l'ile d'io
(Couverture : Caspar David Friedrich, Le Moine au bord de la mer, détail, 1808-1809) ; Berlin, Nationalgalerie)

- L'Ile d'Io (Io do, 1975). Traduit du coréen en 1991 par Cho'oe Yun et Patrick Maurus. Actes Sud. 94 pages.

"Les opérations de recherche sur l'île Bleue, qui avaient mobilisé pendant deux semaines les vaisseaux de la marine, venaient de s'achever.
Du sud de l'île de Cheju jusqu'à l'immense étendue de la mer de Chine orientale, à l'exception de la seule île Mara, les navires n'avaient rien aperçu. En dépit de quinze jours de repérages serrés, passés à écumer la zone de recherche, ils n'avaient pas trouvé l'île Bleue.
L'île n'existait pas. Les bateaux étaient rentrés au port.
La mission était achevée. [...]
Pourtant, pendant l'opération, un accident quelque peu embarrassant s'était produit.
" (page 7).
Un journaliste, qui accompagnait l'expédition, a disparu. Il s'est sans doute noyé.

Sonu, l'enseigne du navire sur lequel avait embarqué le journaliste, se rend au journal pour expliquer les conditions de l'accident... s'il s'agit bien d'un accident : cela ne pourrait-il pas être un suicide ? Mais pour quelles raisons ?
Il en parle avec le rédacteur en chef.

Le dernier soir avant de disparaître, le journaliste avait parlé à Sonu de l'île mythique d'Io : pour lui, l'île Bleue et l'île d'Io ne sont qu'une seule et même île.
L'île d'Iô : "il s'agissait d'une île de nirvâna, jaillissant, blanche comme un rêve, des vagues de la mer du Sud, à plus de mille li. Personne ne l'avait jamais vue, mais l'imagination de chacun en faisait une île absolument réelle.
Une île de salut, où tous savaient pouvoir trouver le bonheur de l'au-delà, après en avoir fini avec les misères de ce monde. Quelques rares personnes avaient affirmé l'avoir vue, mais comme elles y étaient retournées pour toujours, personne n'était capable de la décrire d'une façon concrète.
" (pages 23-24).

Cette île Bleue, est-ce simplement un massif corallien qui affleure à marée basse ?
Par un curieux effet, "les légendes sur Io rendaient[-elles] plus plausible l'existence de l'île Bleue" (page 25).

"Sonu sentit qu'il nageait à nouveau dans la confusion." (page 78).
Le lecteur aussi. Mais il faut dire que le rédacteur en chef ne lui facilite pas la tâche : lui aussi est obsédé par l'île d'Io.
"Essayez d'oublier cette histoire de vérité pour une fois. On la trouve souvent dans la fiction et non dans les faits. On préfère alors souvent la vérité de la fiction à la vérité tout court. [...] Vous comprendriez mieux son suicide si vous abandonniez les faits. Tout ce que je vous souhaite, c'est de parvenir à oublier votre obsession des faits." (page 86).

Dans la postface, Ch'oe Yun et Patrick Maurus donnent des explications très intéressantes sur l'île de Cheju, où se déroule le court roman (située à une centaine de kilomètres des côtes, elle "occupe une place bien à part dans l'espace géographique et l'espace imaginaire coréens", page 91), et écrivent que cette Io est "une légende si vivante qu'une expédition a réellement été organisée, à la recherche de l'île d'Io. Conclusion imbécile de cette chasse au mythe : Io est un récif corallien qui n'affleure que rarement à la surface." (page 92)
Ils donnent également un sens à ce court livre : chacun projette ses espoirs en autre chose, dans une sorte d'aveuglement qui évite d"aller droit à l'essentiel." (page 93). "l'essentiel n'est bien évidemment pas cet "ailleurs", auquel tant de personnages, mimant ici les lecteurs, s'efforcent de croire.
L'essentiel est un ici, qui, pour les Coréens de 1975, avait des couleurs d'uniformes.
" (page 94).

Curieux texte dans lequel le lecteur perd toute certitude.


Kim ki-young (connu en France pour son film La Servante, 1960, dont Im Sang-Soo a fait un remake en 2010, The Housemaid) en a signé l'adaptation au cinéma en 1977.


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