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Juan Goytisolo
(Barcelone, 06/01/1931 -)


juan goytisolo

 "Juan Goytisolo Gay, né à Barcelone le 6 janvier 1931, est un écrivain espagnol de langue espagnole appartenant à la Génération de 50.

Juan Goytisolo est un des écrivains les plus importants de la seconde moitié du XXe siècle. Attaché par des liens, sentimentaux, intellectuels, très fort à l'Espagne où il est né, il a pourtant vécu en exil et développé un regard critique vis-à-vis de son pays d'origine — ce regard critique l'aura aidé à construire une œuvre d'une grande originalité idéologique et stylistique et à adopter une position politique originale devant le nouvel ordre mondial de la fin du XXe siècle.

Il a remporté de nombreux prix, dont le Prix national des Lettres espagnoles en 2008. [...]
Ses deux frères sont aussi des écrivains importants, le poète José Agustín Goytisolo et le romancier Luis Goytisolo.

Après un début de carrière très influencé par la littérature française (Gide, Sartre, le Nouveau roman) et préoccupé par la volonté de témoigner de la réalité sociale de l'Espagne contemporaine (notamment dans Terres de Níjar (1960) et La Chanca (1962)), il entre dans une révolution radicale, en partie influencée par les théories du texte (Barthes, Bakhtine) et la critique du réalisme, mais qui travaille en profondeur à la fois la tradition littéraire espagnole et l'identité profonde de l'auteur.

Ses livres proposent alors une écriture éclatée, associant le délire verbal et onirique et de délicieux morceaux d'ironie. Ils déconstruisent successivement les grands mythes de l'histoire espagnole (l'invasion musulmane avec Don Julian) et inventent une identité plurielle, celle de Juan sans terre, métèque sans attaches qui revendique sa splendide différence. Plusieurs de ses romans explorent la richesse de la culture musulmane (Makbara, Barzakh) ou revisitent la culture espagnole en relevant l'importance de ses sources juives et musulmanes (notamment dans Les vertus de l'oiseau solitaire qui construit sa fiction sur les origines soufies de la poésie mystique de saint Jean de la Croix)." (totalité de la notice à lire sur wikipedia)

 

quand le rideau tombe

Et quand le rideau tombe (Telon de boca, 2003). Traduit de l'espagnol par Aline Schulman.. Fayard. 139 pages.
Juan Goytisolo a commencé l'écriture de ce récit à Marrakech en 1996 et l'a fini à Tanger en août 2002.
"Après le décès en 1996 de son épouse et collaboratrice Monique Lange, il quitte leur appartement de Paris et s'installe définitivement à Marrakech en 1997." (Wikipedia).

En exergue se trouve une citation :

"Le chardon meurtri que j'ai vu au milieu d'un champ m'a rappelé sa mort.
Léon Tolstoï, Hadji Mourat
"
Le texte se finit par une citation de Proust.

Et quand le rideau tombe est d'inspiration autobiographique : le personnage principal est un écrivain dont la femme vient de décéder (mais, comme l'auteur, il doit être homosexuel - lui qui, à une époque "cachait honteusement ses désirs profonds" (page 42).

"Il n'était pas encore vieux et avait besoin de le prouver aux autres. Il s'efforçait de se tenir droit en marchant et de faire de grands pas, sans crainte du trafic infernal qui entourait la Place ni des calèches qui déboulaient sans s'annoncer. Puis, il avait abandonné ce combat d'arrière-garde. Il était comme les plantes du patio : une fois passée l'époque de la verdeur et de la floraison, elles dépérissaient et devenaient toutes jaunes. Mais le jardinier venait les tailler une fois par an et, brusquement, elles retrouvaient leur vitalité et leur couleur. Pourquoi les plantes et pas les humains ? La comparaison était infantile et absurde, et cependant elle l'obsédait." (pages 22-23).

Après le décès de sa femme, il s'est progressivement débarrassé de tout ou presque (par exemple, des disques de musique classique qu'ils écoutaient ensemble...).
"Il jeta donc encore du lest dans le vide, avec un mélange de soulagement et de douleur. [...] S'il regardait en arrière, il constatait qu'il avait passé sa vie à abandonner successivement tout ce qu'il avait cru, à tort, posséder. Rien, absolument rien ne subsistait des biens ni des idées reçus en héritage. [...] Depuis qu'elle avait quitté ce monde, tout s'était rétréci." (pages 31-32)

Il s'interroge sur le sens de la vie, sur le rideau qui, inévitablement va tomber.
"Il éprouvait de l'angoisse à l'idée de quitter ce monde, ou plutôt de le quitter sans avoir réussi à lui découvrir un sens possible. Ce qu'on appelle l'expérience n'avait servi qu'à le mettre à l'écart de la vie et des rythmes ; sa soif de savoir avait débouché sur l'abandon de toutes ses connaissances et certitudes. Il ne restait de lui que l'ombre projetée par la fenêtre d'un train en marche vers une destination inconnue." (pages 23-24)

Il est semble obsédé par l'oubli : que restera-t-il de sa femme et de lui quand tous ceux qu'ils connaissaient seront morts à leur tour ?
"Faire que ce qui a existé n'ait jamais existé n'appartenait pas à Dieu, mais à l'oubli." (page 34).
Et, plus loin : "L'oubli était le véritable Dieu : son pouvoir universel désavouait celui du Créateur et de ses créatures éphémères." (page 39)

On trouve aussi diverses considérations artistiques, notamment sur l'oeuvre de Tolstoï.
"La littérature permettait de vivre par procuration. Les personnages de Tolstoï donnaient forme à son rêve d'une vie plus intense et variée. Il découvrit alors que la liberté ne se trouvait que dans les livres." (page 63).

L'auteur est un littéraire, mais vraiment pas un scientifique. Il pense qu'il y a eu des trillions de morts sur terre depuis l'apparition de Homo erectus (page 86). Un trillion, c'est un milliard de milliards. Or, les estimations sur le nombre d'humains (au sens large) qui ont vécu sur Terre varient entre quelque chose comme 100 et 3000 milliards. On en est donc loin, très loin, des chiffres de Goytisolo. Sauf s'il inclut les insectes.
De même, il écrit "Le nombre de petits êtres nés et morts depuis des millions d'années dépassait sans doute celui des astéroïdes, des planètes et des étoiles." (page 85)... S'il parle des étoiles visibles, je suis d'accord. Sinon, il a bien sûr totalement tort : il y a plusieurs centaines de milliards d'étoiles dans notre galaxie... et comme il y a plusieurs centaines de milliards de galaxies...

Et quand le rideau tombe est un des tout derniers textes de l'auteur. Il est bien écrit, très personnel, mais parfois un petit peu long.


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