. Essais
-> retour
Essais <-
|
"Métis d'un père mulâtre antillais devenu médecin de campagne en Normandie et d'une mère normande, Alain Corbin grandit dans la petite commune de Lonlay-l'Abbaye. À partir de 1945, il étudie au petit séminaire de Flers qui était en fait un simple collège confessionnel. Il est l'époux de Simone Delattre, professeur et historienne spécialiste de Paris au xixe siècle. De 1969 à 1987, il est professeur à l’Université de Tours, puis poursuit à l’université Paris I - Panthéon-Sorbonne. Il a travaillé sur l’histoire sociale et l’histoire des représentations. On dit de lui qu’il est « l’historien du sensible », tant il a marqué sa discipline par son approche novatrice sur l’historicité des sens et des sensibilités. On lui doit plusieurs ouvrages, dont Le Monde retrouvé de Louis-François Pinagot, sur les traces d’un inconnu, 1798-1876 (1998), biographie d’un sabotier inconnu choisi au hasard dans les archives de l’Orne. Ce travail s’inscrit dans le concept de la microhistoire.[...]
Histoire du silence de la Renaissance à nos jours (2016). Albin Michel. 205 pages. On va lire, dans l'essai, un grand nombre de citations révélatrices extraites de différentes oeuvres : "Elles seules permettent au lecteur de comprendre la manière dont les individus du passé ont éprouvé le silence." (page 10) Cette première partie se conclut ainsi : "L'évocation, dans ce livre, du silence passé, des modalités de sa quête, de ses textures, de ses disciplines, de ses tactiques, de sa richesse et de la force de sa parole peut contribuer à réapprendre à faire silence, c'est-à-dire à être soi." (pages 11-12).
Puis viennent neuf chapitres. Dans le chapitre 3 viennent les quêtes du silence. Corbin cite notamment Ignace de Loyola et Jean de la Croix. Pour ce dernier, "le silence est condition nécessaire de la venue de Dieu dans l'âme. Il « annule toute activité rationnelle et discursive, rendant ainsi possible la perception immédiate de la parole divine. »" (pages 69-70). Le silence (idéal contemplatif des moines) est-il préférable à l'action (pratique de l'apostolat pour les clercs séculiers) ? La question se pose dès le coeur du Moyen Âge, dans un autre passage du Nouveau testament : Mais les quêtes du silence ne visent pas toutes à favoriser l'écoute de Dieu ou une expérience mystique. "Ce n'est que « dans le silence des passions qu'on peut observer son être. »" (page 81), s'écrie Oberman (dans le roman de Senancourt, 1804).
Passons au chapitre 4, Apprentissages et disciplines du silence qui commence avec le thème du silence à l'école et à l'armée. Après la Première Guerre Mondiale, des panneaux commencent à apparaître dans les villes pour demander le silence, notamment près des hôpitaux.
Le chapitre 5 est un interlude qui permet de parler de Joseph et Nazareth ou l'absolu du silence.
Nous arrivons au chapitre 6, la parole du silence.
Dans le chapitre 7, les tactiques du silence, Corbin ne parle plus de silence intérieur destiné à la réflexion, mais plutôt de celui qui a un rôle dans les relations sociales. L'art de se taire fait partie de l'éducation.
On finit par le chapitre 9 : Postlude. Le tragique du silence. Dieu n'est pas le seul à se taire :
|
Toute question, remarque, suggestion est la bienvenue.