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"Né le 30 août 1949, à La Rochelle, marié (deux enfants), agrégé de Philosophie et diplômé de l'INaLCO en persan (1972), Olivier Roy a enseigné la philosophie au lycée de Dreux de 1973 à 1981, tout en voyageant tous les ans dans le Moyen-Orient.
En Quête de l'Orient perdu. (2014) Entretiens avec jean-Louis Schlegel. Seuil. 314 pages. Mais revenons un peu en arrière. Olivier Roy est entré à Louis-le Grand en septembre 67... rapidement, c'est Mai 68 : N'étant pas présent pour l'oral du concours de Normal Sup', il choisit d'aller à l'université. Il fait de la philo, du chinois, du persan... Et, tous les étés, il part. "Que cherchiez-vous vraiment dans cette compulsion à voyager ? Olivier Roy parle de la disparition de l'intellectuel savant au profit de l'expert, de l'apparition d'une véritable économie politique de la recherche : la consultance et l'expertise. La vague humanitaire arrive avec la guerre du Biafra (1967-1970) : "la famine passait de conséquence malheureuse au statut d'événement en soi. Bref, le malheur n'était plus la conséquence d'un événement politique : il était l'événement. [...] En fait, l'irruption de l'humanitaire comme pratique (on part faire de l'humanitaire, comme d'autres allaient rejoindre une guérilla ou, encore avant, devenaient missionnaires) et comme idéologie marque le même tournant que celui de l'arrivée des nouveaux philosophes : le jugement de valeur remplace l'analyse politique. Il y a toujours un « bon » et un « mauvais » , comme dans la pensée de gauche, mais cette fois le « bon » n'est plus ce qui va dans le sens de l'Histoire : c'est plutôt ce qui répond à un système de valeurs." (pages 87-88). Il parle de beaucoup de choses, notamment de Dreux, où il habite et enseigne au lycée. On arrive à la décennie 1980 : c'est la guerre d'Afghanistan de 1979 à 1989. Olivier Roy parle aussi des services de renseignements : Entre autres anecdotes, il parle des Yézidis, "ou « adorateurs du Diable», dont mon futur beau-père résumait ainsi la théologie : « Si Dieu est bon et parfait, alors il n'y a pas besoin de le prier, cela n'ajoute rien à ce qu'il est ; par contre, pour que la justice règne sur terre, il faut convaincre l'ange déchu, le diable, de revenir à Dieu, et donc c'est lui qu'il faut prier. » Enfin, une théologie rationnelle !" (page 237). Parmi les différences culturelles parfois étonnantes qu'il cite: "un village [qui] fait venir en pleine nuit et à cheval le médecin étranger pour un vieillard qui tousse, tout en ne le réveillant pas pour un nourrisson qui meurt dans la maison d'à côté (réponse faite au médecin qui s'indignait : « Il faut neuf mois pour faire un bébé et quatre-vingt dix ans pour faire un vieillard »)" (page 251). Là encore, c'est logique, d'une certaine façon... "Votre analyse du terrorisme apparaît comme plus existentielle, pour répondre en termes satrtiens, que politique. Il évoque encore beaucoup de souvenirs, et parle de nombreux autres sujets : la laïcité, la religiosité ("on a peu travaillé sur ce que j'appelle la « religiosité », le rapport personnel du croyant à sa foi et sa manière personnelle de s'inscrire dans le monde.", page 276), ainsi que les thèses de ses différents livres : Afghanistan, Islam et modernité politique (1985), L’Échec de l'Islam politique (1992), L’Islam mondialisé (2002), La Sainte ignorance (2008)...
On trouvera de nombreuses interviewes de l'auteur sur le net, par exemple : http://www.telerama.fr/monde/olivier-roy-politologue-un-peu-tintin,118746.php
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