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BOUVIER Nicolas

(Grand Lancy, Suisse, 06/03/1929 - Genève, 17/02/1998)

nicolas bouvier


Fils du directeur de la Bibliothèque publique et universitaire de Genève, Nicolas Bouvier s'est très tôt passionné pour les voyages. Il lut Jules Verne, Stevenson, Jack London, Fenimore Cooper...
Licence de droit. Licence de Lettres. Il s'intéresse au sanskrit et à l'histoire médiévale.
Il part en Finlande et en Laponie en 1948 pour La Tribune de Genève. Il voyage également en France, dans les Flandres, en Italie, au Sahara...

En 1953, avec son ami Thierry Vernet, dessinateur, il part (en Fiat Topolino dont, nous dit l'introduction de Oeuvres, chez Quarto "il apprendra à monter et démonter les six mille pièces", page 9) de Genève et traverse la Yougoslavie, la Grèce, la Turquie, l'Iran, l'Afghanistan. Ce sont ces années 1953-1954 que raconte l'Usage du Monde.Thierry Vernet le quitte alors, et Nicolas Bouvier poursuit : Pakistan, l'Inde, Ceylan (où il tombe malade, hallucinations... Il racontera ceci dans Le poisson-scorpion), puis embarque pour au Japon.
Il gagne sa vie comme il le peut, notamment avec des photos. Il le raconte très bien dans Chronique Japonaise, excellent livre.
"« J'y suis devenu photographe pour ne pas mourir de faim ». En voyage Bouvier laissa toutes ses dents et la moitié de ses jambes, a-t-il dit, une partie de sa santé", (Oeuvres, Quarto, introduction, page 14.). Il en revient fin 1956.
Il se marie en 1958, et retourne au Japon, avec sa femme - enceinte de leur deuxième enfant - et leur fils en 1964-1965. Il y retournera de nouveau, seul, en 1970.

Nicolas Bouvier meurt d'un cancer en 1998.



Nicolas Bouvier est l'un des plus grands écrivains voyageurs, et un vrai grand écrivain : récit d'aventure, aventure humaine, où histoire, philosophie, réflexions sur l'art et la vie s'entremêlent.
Un très bon style, de solides connaissances, de l'humour - pas toujours gai, c'est comme ça qu'il est le meilleur.
Il n'est pas comme tant d'écrivains voyageurs qui gribouillent ce qu'ils voient et font, et dont on se fiche un peu.


le vide et le plein

- Le Vide et le Plein. Carnets du Japon. Collection Etonnants voyageurs. Editions Hoëbeke. 186 pages.
Ces textes datent essentiellement de 1964 et 1965. Il s'agit des carnets de voyage de Nicolas Bouvier. Il n'en avait utilisé qu'une petite partie pour son Japon (1967), qui devint Chroniques Japonaises en 1988 avec l'adjonction "de courts extraits de son journal de 1956 et 1964" (introduction, page 6). Les parties déjà publiées ont été enlevées.
Bien que Nicolas Bouvier ait retravaillé et corrigé ces carnets, ces textes n'étaient pas destinés à être publiés en l'état. Ils n'en restent pas moins très intéressants, et une prolongation bien venue à ceux qui avaient aimé Chroniques Japonaises.

Le livre est divisé en trois parties : Kyoto, Petit voyage au cap Kyoga (très court), et Tokyo.
Il y aurait tellement de passages à citer... En voici quelques-uns.

Il expose ansi sa conception du voyage et du voyageur :
"Ce qui émeut dans les quelques écrits des anciens maîtres zen chinois, c'est la présence simultanée et continuelle de tout : au plus froid de l'hiver l'idée du printemps réjouit tellement l'un d'entre eux qu'il en « brise son bâton sur les souches mortes ». Le voyageur, le bon, devrait posséder à un certain degré cette qualité d'imagination qui permet de situer des vertus même momentanément absentes, de flairer la pépite, le bien virtuel, la truite sous la glace. Il devrait en somme non seulement suppléer à sa propre insuffisance, mais encore aux défaillances momentanées de ce qu'il observe." (page 16).
"Le voyage ne vous apprendra rien si vous ne lui laissez pas aussi le droit de vous détruire. C'est une règle vieille comme le monde. Un voyage est comme un naufrage, et ceux dont le bateau n'a pas coulé ne sauront jamais rien de la mer. Le reste, c'est du patinage ou du tourisme." (page 158).

Il parle de Kyoto en ces termes : "Cette ville - une des dix au monde où il vaut la peine d'avoir vécu - a pour moi, malgré sa douceur, quelque chose de maléfique. Austère, élégante, mais spectrale. On ne serait pas trop surpris au réveil de ne plus la retrouver du tout." (page 10).
Il visite une exposition artisanale des ères Meiji et Taisho : "On vous vend un programme de plusieurs pages. Vous entrez : eh bien, il n'y a presque rien dans les vitrines : un panier de bambou tressé dans lequel on mettrait quatre pommes et signé par un certain Rokanzai Iizuka, troisième d'une dynastie de tresseurs de paniers, dispose d'autant d'espace qu'un grand Rubens dans un de nos musées. Quelques mètres plus loin se trouve un cendrier de bronze, plus loin encore, une écharpe de soie. Tout cela signé, bien entendu. [...] Ici, si vous voulez honorer un homme ou un objet, donnez-lui de l'espace. Promené pendant une heure dans cette exposition sans parvenir à savoir ce que j'en pensais ; comme s'il n'y avait pas eu assez de substance pour supporter un jugement." (page 12).


A propos des femmes japonaises : "A-t-on affaire à une situation qui présente un risque d'imprévu, on envoie les femmes en avant-garde. Si le malheur veut qu'elles perdent la face, cela a moins de conséquences. Aussi ont-elles depuis toujours servi, dans tous les cas délicats, d'intermédiaires et de porte-parole aux hommes qui ne s'exprimaient que par des ordres laconiques, borborygmes et grognements. Comme elles étaient également tenues de deviner sur-le-champ leurs humeurs et désirs - alors qu'ils n'étaient pas tenus à la réciproque - elle ont l'esprit incomparablement plus dégourdi et cette différence ne manque pas de frapper l'étranger. Subalternes mais ingénieuses et venant sans peine à bout de leurs solennels époux, un peu comparables aux graeculi des comédies de Plaute ou de Térence, qui, pour toutes les couleuvres qu'ils avalent, n'en finissent pas moins par tenir le bon bout." (page 20-21).

Concernant la nourriture : "Il y a dans la saveur des plats japonais quelque chose qui masque la valeur nutritive. C'est bon au palais, mais rien dans le goût ne suggère que le corps s'en fortifie - sentiment que le pain et le vin me donnent - comme s'il était souhaitable que cet aspect fâcheux ne soit pas rappelé. La cuisine chinoise n'a pas tant de pudeur : ici, tous les plats d'origine chinoise, on s'y attaque avec l'impression, peu relevée peut-être mais naturelle, qu'on en profite. Même ces misérables raviolis chinois (gyosa) - reliefs d'abattis, ail, raclures d'assiettes - donnent le fumet et l'allure d'un plat qui va vous nourrir pour trois jours.
Il y a dans une brochure du Japan Travel Buro une phrase bien révélatrice : « The Japanese dishes are a pleasure for the eye. » C'est d'ailleurs exact. Il y aurait comme une inconvenance qu'ils soient aussi un plaisir pour la bouche.
" (page 22).

En parlant du Japon en général : "Beaucoup de ceux qui font ici profession de connaître et d'aimer le Japon le trouvent triste. Quant à moi, la gaieté est une hormone que je ne sécrète pas souvent et qui d'ailleurs ne m'intéresse que médiocrement - ce qui m'intéresse, c'est le bonheur dans l'acceptation et dans l'orgueil. Je trouve le Japon beau et creux, comme certains instruments à percussion pleins de race qu'on voit dans les musées d'ethnographie. Mais moi je connais fort bien ce creux central autour duquel je tourne.
Le Japon est doux aussi : de l'abandon et une lassitude bruyante dans les loisirs, de grosses lanternes qui n'éclairent qu'elles-mêmes, et pas mal de brume et de fumée et de résignation - tant de choses en dérivent. [...]
Une vie ingrate et des moments privilégiés, voilà le rythme.
" (pages 27-28).
"Japon : pays de toutes les nuances du bois, de la mousse, du thé amer et de ces grosses flûtes de bambou dans lesquelles on engouffre l'air par litres pour obtenir cette note basse et tremblante d'une mélancolie qui en dit long sur le pays." (page 38).


Les Japonais ont des relations distantes avec les étrangers.
Ainsi, Bouvier a du mal à se faire comprendre : "Les gens d'ici , pleins de bon vouloir à beaucoup d'égards, ne montrent aucun entrain à comprendre le japonais - pourtant bien compréhensible dans sa pauvreté - que je leur adresse. Convaincus qu' « un étranger qui parle japonais, cela n'existe pas » ils n'ouvrent simplement pas les oreilles. Et puis Kyoto, c'est conservateur comme Florence et dans ce genre de villes là, il s'agit bien plus de savoir que de comprendre." (page 39).
Lorsque Nicolas Bouvier accompagne sa femme Eliane, enceinte, pour un examen dans un grand hôpital, le médecin qui lui prend la tension dit : "« Je ne sais rien de la tension artérielle des étrangers, mais pour un Japonais, 110 serait satisfaisant »" (page 40).

"Entre les jésuites et la Chine, ça a été tout de suite le coup de foudre : même mépris de la ligne droite, même talent aussi pour les pesées à la Ponce Pilate et pour les robes à larges manches où l'on peut enfouir tant de petites choses que l'on produit, le moment venu, pour désarçonner l'interlocuteur. [...]
Au Japon, ces qualités leur ont valu dans les débuts des succès spectaculaires, ensuite, il ont perdu le chemin.
Même pour eux, les Japonais tournaient trop souvent, et pour des motifs trop imprévisibles. Cela s'est terminé comme on sait : sur la croix pour certains d'entre eux, un épilogue qu'en maîtres diplomates qu'ils sont ils n'avaient certes pas prévu, mais auquel ils ont fait face avec un grand courage.
" (page 177).
Nicolas Bouvier parle de « courbure de l'espace psychologique ». (page 178).


La vie n'est pas facile au Japon.
"La « poursuite du bonheur » pour laquelle toute une prose née de la Révolution française fait tant l'article, cette marchandise que les Américains exportent si volontiers, n'est pas pour les Japonais un objectif digne d'intérêt. [...] Dès qu'il s'agit d'options plus radicales où le bonheur d'un homme est véritablement en jeu, ils hésitent et finalement renoncent. Pas nécessairement par goût du chagrin - bien qu'il en entre un peu - mais parce qu'un homme, après tout, n'est pas si important. De tous les succès de la chanson sentimentale enregistrés ces dix dernières années, il n'y en a pas un seul qui se termine bien." (pages 151-152).

"Suicides : on ne peut comprendre la facilité avec laquelle les Japonais renoncent à la vie si l'on ne sait à quel point cette vie peut être épineuse, contrainte, sans issue ni espoir de changement. Ce proverbe cité par Koestler : « En vérité, l'étiquette est plus lourde qu'une montagne, tandis que la mort est plus légère qu'une plume. » Ajoutons que dans la hiérarchie des valeurs, la vie vient bien après l'étiquette. Et pour tant qu'on soit un peu sophistiqué, on ne l'aime pas tellement non plus, la vie. Il n'y a pas tellement là matière à réjouissance ni à étonnement.
Une histoire qui doit bien les faire rire, c'est celle de Vatel. Se suicider parce qu'on rate son gratin de dorades. Dame ! C'est vraiment la moindre des choses. Ils doivent se dire qu'en France, on devenait célèbre à bon compte. Mais au Japon, c'est s'il ne s'était pas tué qu'il aurait fait parler de lui.
[...]
Quantité d'histoires nous paraissent énormes ! [...] On évolue ici dans un milieu où les réactions prescrites l'ont toujours emporté sur les réactions spontanées. Ici, c'est le social qui dicte. Le zen, qui s'est efforcé de prendre le contre-pied de cette attitude, fait par exemple grand cas d'un maître chinois qui - innovation formidable - s'avisa de crier parce qu'il avait mal. Cela en dit suffisamment long.
" (page 51-52).
"Les mauvais livres sur la pensée zen ne lui font pas grand mal : ceux qui s'en contentent, c'est qu'ils n'en avaient pas vraiment besoin." (page 171).


Il y a toujours une autorité qui dit au Japonais ce qu'il convient de faire - et comment le faire - , ce qu'il convient de penser. Tout est sécurisé, on ne peut pas prendre le risque de se tromper.
"Un homme sans maître : un bon à rien. Au Japon, qui n'a pas de maître - et il en faut pour tout : maître d'armes, maître à penser, maître de fleurs (on ne fait pas un bouquet sans maître) - est bon pour la fourrière.[...]
Dans l'art aussi, on s'efforce de fournir au public la sécurité dans l'admiration.
La Vénus de Milo : plus d'un million de visiteurs rien que pour Kyoto, pedigree à toute épreuve. On peut emporter un sac de papier armorié qui prouve qu'on l'a bien vue, qu'on a fait le circuit, qu'on est devenu hadji.
Le jardin du Ryojan ji : quatre siècles d'excellentes références. [...] Chaque pierre choisie avec un soin morose par des experts dont le nom est conservé. Même le petit portail de bambou qu'on distingue à peine, dans les communs du temple, n'a pas été fait au hasard, mais longuement cuisiné par un spécialiste du bambou qui avait trente ans d'affres et d'expérience, et si vous voulez sa généalogie, vous l'aurez. Toutes les garanties sont fournies et vous ne trouverez personne, sauf quelques vauriens connus de la police, qui songe une seconde à mettre le Ryojan ji en question. Les Japonais ne peuvent qu'admirer, ils n'ont pas le choix. C'est pour cela sans doute qu'ils ont l'air tellement emmerdés. Et c'est dommage, car le jardin est vraiment beau.
" (pages 59-60).

A propos de la littérature : "Il fait froid dans la littérature japonaise. Dans La Clé (Tanizaki), Le Fusil de chasse (Inoue), dans l'admirable nouvelle La Femme de Villon (Dazai), un vent continuel sépare les phrases et les êtres. Les personnages et leurs tribulations, comme recroquevillés dans un espace hostile. De la compassion parfois, du cocasse triste, mais je n'y ai jamais trouvé encore de gaieté véritable. Ce qui constitue le fond c'est le cafard, le « spleen », une sorte d'insuffisance d'être admirablement ressentie et exprimée, ce qu'Inoue appelle « le chagrin d'être en vie ». [...]
Relisez Maupassant dont Akutagawa s'est tant inspiré, dont les Japonais en général sont si férus. Maupassant : un grand fond de solitude et de glace, une révolte qui n'aboutit pas, quelque chose de forcené, la tête contre les murs, l'écrasement des personnages. On retrouve tout cela, et pour de bonnes raisons, dans la littérature japonaise d'après la restauration, tempéré seulement par de l'esthétisme. (L'histoire peut être lamentable, les personnages lentement anéantis, mais il n'y aura pas de pâtés sur la page).
" (page 71).
"Les Japonais ont hérité d'un système dont le moteur est le sacrifice. On se sacrifie sans cesse et le système fonctionne bien. Le sacrifice est une « ressource naturelle » du pays [...]" (page 104).

Le fils de Nicolas Bouvier apprend à lire. "Au Japon, par exemple, le monde de l'enfance et celui des insectes vivent en harmonie complète. A la première leçon de son abécédaire, Thomas apprend les noms de la luciole, du cafard, de la cigale, du criquet, du grillon, de la mante religieuse, du papillon du scarabée." (page 102).
On aime la nature, les animaux, certes, mais.... :
"
Ici - superstition, bouddhisme ? - on ne tue pas les chatons à leur naissance. Pour une semaine, on les livre aux enfants qui s'en amusent et lorsqu'ils sont estropiés un peu, on va les perdre dans un parc public, dans l'enceinte d'un temple bouddhique, mais toujours le plus loin possible de la maison, de crainte que l'esprit de l'animal mort de faim ne retrouve le logis dont on l'a exilé et n'en tire vengeance. Les paisibles allées du Daitoku ji sont ainsi peuplées de petits moribonds résignés et pouilleux qui tremblent au gros soleil sur les pattes grêles." (page 67).

A propos de la musique : "
Un rescrit impérial des années 700 établit que « pour la bonne marche de l'Empire il est essentiel que l'on ait constamment »et partout ces deux choses : de la musique et des rites ».
Cela n'a pas changé. La musique, c'est tout ce qu'on veut, des Platters à l'Offrande musicale et elle n'arrête pas de rugir.
" (page 113).


Nicolas Bouvier sait écrire : "
L'agrément qu'il y a à dormir sur le tatami, c'est d'avoir ainsi le dos collé au sol, de faire corps avec la Terre et - quand le calme et le silence de la nuit le permettent - de sentir et de partager la vaste rotation dans laquelle elle vous entraîne. Les couvertures tirées jusqu'au menton, les mains à plat le long du corps on fend l'espace comme un boulet chauffé au rouge. On pense aux autres corps célestes, aux orbites qui s'infléchissent et qui divergent, aux attractions, aux répulsions, aux lentes figures qui se tracent à des vitesses inconcevables." (pages 147-148).
A un moment, il fait le bilan de son année, et note : "
Les échelles, comme les prisons, sont finalement faites de barreaux." (page 176).

Finissons avec une considération paysagère : "
Contrairement à l'idée qu'on s'en fait, le Japon est un très grand pays (de Copenhague à Casablanca) qui n'a pas de grands paysages. Pour la grandeur il n'y a que la mer, encore la perd-on vite de vue à cause de la brume, ou de la buée de chaleur qui noie tout. Mais le paysage : ravissant, délicat ou inquiétant, ça n'est jamais majestueux, toujours l'air d'avoir été arrangé par un antiquaire." (page 157).



Un livre très intéressant, et un complément aux Oeuvres éditées chez Gallimard (Quarto) qui contient de nombreuses photos de Nicolas Bouvier. A noter que l'on pourra en trouver d'autres, par exemple dans Le Japon de Nicolas Bouvier (2002, Editions Hoëbeke).



Quelques citations :
- "Le poète iranien Hafiz - ou est-ce Nizami? - résume tout en une phrase: "Si le sage ignore encore les secrets de ce monde, je me demande de qui le cabaretier peut les avoir appris."
- "Une vie sans musique n'a pas grand sens."
- "Le meilleur comme le pire de ce que nous vivons ne peut pas être dit."

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