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Gustave FLAUBERT

(Rouen, 12/12/1821 - Croisset, 08/05/1880)

flaubert
Portrait, peint vers 1856, d'Eugène Giraud (1806-1881). Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon.

L'un des plus grands romanciers français.
On pourra consulter sa biographie sur http://fr.wikipedia.org/wiki/Flaubert .


madame bovary

Madame Bovary. Folio, 513 pages. Edition de Thierry Laget.

Faire une critique de Madame Bovary, c'est un peu idiot, cent milliards de types plus calés que moi l'ont déjà fait, et mieux que moi.
N'empêche.
Madame Bovary, c'est aussi l'histoire de Charles Bovary, celui qui allait devenir le mari de Madame.
Le roman commence ainsi :
"Nous étions à l'Etude, quand le Proviseur entra, suivi d'un nouveau habillé en bourgeois et d'un garçon de classe qui portait un grand pupitre. Ceux qui dormaient se réveillèrent, et chacun se leva comme surpris dans son travail." (page 47).
Tout de suite, le ton est donné : il y a de l'humour. Ce qui n'exclut pas le tragique, bien sûr.

Le nouveau venu, c'est Charles Bovary. Il a quinze ans.
Sa casquette est ainsi décrite :
"C'était une de ces coiffures d'ordre composite, où l'on retrouve les éléments du bonnet à poil, du chapska, du chapeau rond, de la casquette de loutre et du bonnet de coton, une de ces pauvres choses, enfin, dont la laideur muette a des profondeurs d'expression comme le visage d'un imbécile." (page 48).
Ah, le thème de l'imbécillité, un classique chez Flaubert !

Plus tard, une fois grand, Charles est veuf. Il se remarie avec Emma.
Sa mère à lui n'est pas contente. Avant, du temps de la précédente femme de Charles, elle – la mère – restait la préférée.
"[…] mais à présent, l'amour de Charles pour Emma lui semblait une désertion de sa tendresse, un envahissement sur ce qui lui appartenait ; et elle observait le bonheur de son fils avec un silence triste, comme quelqu'un de ruiné qui regarde, à travers les carreaux, des gens attablés dans son ancienne maison." (page 94)

Donc, Charles est heureux.
Le matin, il part faire sa tournée (il est médecin, bien sûr) sous le regard de sa tendre et douce. "Charles, à cheval, lui envoyait un baiser ; elle répondait par un signe, elle refermait la fenêtre, il partait. Et alors, sur la grande route qui étendait sans en finir son long ruban de poussière, par les chemins creux où les arbres se courbaient en berceaux, dans les sentiers dont les blés lui montaient jusqu'aux genoux, avec le soleil sur ses épaules et l'air du matin à ses narines, le cœur plein des félicités de la nuit, l'esprit tranquille, la chair contente, il s'en allait ruminant son bonheur, comme ceux qui mâchent encore, après dîner, le goût des truffes qu'ils digèrent." (page 83).

Juste après, page 84, le drame pointe le bout de son nez.
A propos de Charles et de son amour pour Emma : "Il ne pouvait se retenir de toucher continuellement à son peigne, à ses bagues, à son fichu ; quelquefois, il lui donnait sur les joues de gros baisers à pleine bouche, ou c'étaient de petits baisers à la file tout le long de son bras nu, depuis le bout des doigts jusqu'à l'épaule ; et elle le repoussait, à demi souriante et ennuyée, comme on fait à un enfant qui se pend après vous.
Avant qu'elle ne se mariât, elle avait cru avoir de l'amour ; mais le bonheur qui aurait dû résulter de cet amour n'étant pas venu, il fallait qu'elle se fût trompée, songeait-elle. Et Emma cherchait à savoir ce que l'on entendait au juste dans la vie par les mots de félicité, de passion et d'ivresse, qui lui avaient paru si beaux dans les livres.
"

Pauvre Charles ! Il est bien gentil, c'est un brave homme, mais cela ne suffit pas à Emma :
"La conversation de Charles était plate comme un trottoir de rue, et les idées de tout le monde y défilaient dans leur costume ordinaire, sans exciter d'émotion, de rire ou de rêverie. Il n'avait jamais été curieux, disait-il, pendant qu'il habitait Rouen, d'aller voir au théâtre les acteurs de Paris. Il ne savait ni nager, ni faire des armes, ni tirer le pistolet, et il ne put, un jour, lui expliquer un terme d'équitation qu'elle avait rencontré dans un roman.
Un homme, au contraire, ne devait-il pas tout connaître, exceller en des activités multiples, vous initier aux énergies de la passion, aux raffinements de la vie, à tous les mystères ?
" (page 92)

Ah, qu'elle aimerait aller à Paris, Emma !
"Elle s'acheta un plan de Paris, et, du bout de son doigt, elle faisait des courses dans la capitale. Elle remontait les boulevards, s'arrêtant à chaque angle, entre les lignes des rues, devant les carrés blancs qui figuraient les maisons." (page 111).
"Tout ce qui l'entourait immédiatement, campagne ennuyeuse, petits bourgeois imbéciles, médiocrité de l'existence, lui semblait une exception dans le monde, un hasard particulier où elle se trouvait prises, tandis qu'au-delà s'étendait à perte de vue l'immense pays des félicités et des passions. Elle confondait, dans son désir, les sensualités du luxe avec les joies du cœur, l'élégance des habitudes et les délicatesses du sentiment. Ne fallait-il pas à l'amour, comme aux plantes indiennes, des terrains préparés, une température particulière ?" (page 113).
"Au fond de son âme, cependant, elle attendait un événement. Comme les matelots en détresse, elle promenait sur la solitude de sa vie des yeux désespérés, cherchant au loin quelque voile blanche dans les brumes de l'horizon." (pages 116-117).

A propos de Léon, clerc de notaire, on peut lire "[…] car tout bourgeois, dans l'échauffement de sa jeunesse, ne fût-ce qu'un jour, une minute, s'est cru capable d'immenses passions, de hautes entreprises. Le plus médiocre libertin a rêvé des sultanes ; chaque notaire porte en soi les débris d'un poète." (pages 378-379)

"Ô vie heureuse des bourgeois", écrivait Jean Richepin et chantait Brassens…

Il faudrait bien sûr parler de M. Homais, l'apothicaire, qui a un rôle ô combien important... et également de Rodolphe…
Mais ce qu'il vaut mieux faire, c'est lire le livre, un grand chef-d'œuvre.
Les films qui en ont été tirés ne peuvent donner qu'une idée très pâle, et pour ainsi dire fausse et lourde, du livre.
Comment traduire visuellement un tel style, si beau, si fluide ? Et comment ne pas simplifier à l'excès les mouvements de l'âme d'Emma ?
Comment retranscrire l'humour du livre, celui que l'on trouve dans les détails, la scène des Comices, avec le discours du conseiller de préfecture, etc. ?
Chabrol n'y est pas parvenu. Il a fait un film lourd, ce que le livre n'est pas.

Notes vraiment très intéressantes de Thierry Laget. Il cite à propos des extraits de la correspondance de Flaubert qui parlent des problèmes que l'auteur a dans l'écriture du passage que l'on s'apprête à lire, et de ses intentions. De plus, il cite le Dictionnaire des idées reçues dès que le besoin s'en fait sentir. Là encore, il éclaire les intentions de Flaubert en étant simplement factuel.

 


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