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Stéphanie Hochet

(Paris, 20/03/1975 - )

stéphanie hochet

"Après une maîtrise sur le théâtre élisabéthain, elle a enseigné en Grande-Bretagne. Elle a tenu une chronique au Magazine des livres et sur BSC News (un journal culturel internet), puis a collaboré au magazine Muze édité par Bayard Jeunesse, ainsi qu'à Libération. Elle est actuellement critique littéraire pour Le Jeudi du Luxembourg. [...]

Ses romans explorent les dérèglements humains, en s'aventurant parfois du côté du fantastique. Après un premier roman mordant sur le courrier féminin aux écrivains Moutarde douce, éditions Robert Laffont et trois romans chez Stock, elle publie chez Fayard Je ne connais pas ma force (2007), récit des dérives idéologiques d'un adolescent atteint d'une tumeur et Combat de l'amour et la faim (2009, Prix Lilas), une traversée des États-Unis au début du XXe siècle aux côtés d'un aventurier de l'amour sans foi ni loi.

Elle reçoit ensuite le Prix Thyde Monnier pour La distribution des lumières (Flammarion, 2010), un roman sur les tentations dangereuses de l'adolescence entre cruauté et candeur.

Après les Éphémérides (Rivages, 2012), récit pré-apocalyptique, elle questionne avec Sang d'Encre (Les Busclats, 2013), la fascination d'un homme pour le tatouage.

Éloge du chat (Léo Scheer, 2014), son premier essai littéraire, se présente comme un petit « traité de la souplesse » inspiré par la place du félidé dans la littérature." (Wikipedia)

Elle apparaît sous le pseudonyme de Pétronille Fanto dans un roman d'Amélie Nothomb.

Son site web (où l'on trouvera interviews, blog...) : http://stephaniehochet.net

le néant de léon

Le Néant de Léon. 2003. 140 pages. Editions Stock.
Le roman commence par une citation :
"L'adolescence est le seul temps où l'on ait appris quelque chose.
Marcel Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs
"

Les personnages principaux de ce roman, à une exception près, sont les membres de la famille Sybar.
Paul, le père, est à la tête de la FCF (Fédération des Chemins de Fer). C'est une pointure.
Jusqu'à lui, tous les garçons faisaient carrière dans l'armée, sans qu'on leur demande leur avis. "Ce qui les excusait, car le choix est louche quand il provient de la personne concernée : un militaire de vocation, c'est un boucher qui a des prétentions." (page 25)
Avec sa femme, Jeanne, il ont trois enfants : Léon, 15 ans, et deux filles plus petites, Louise et Rosine.
"Bien qu'il eût deux soeurs remarquables, Louise et Rosine, Léon ne dérogeait pas au statut d'enfant prodige aux yeux de sa mère, d'abord parce qu'il était un garçon et ensuite parce que, bébé, il avait failli mourir d'une angine. Léon considérait cette élection sentimentale comme un fait indiscutable et juste ; c'est pourquoi il n'avait aucun élan de tendresse particulier envers sa mère.
À quinze ans, Léon avait atteint un tel état de lassitude morale qu'il déclarait que la littérature ne servait à rien, sinon à occuper les profs de français, et que plus un livre est court, meilleur il est. Il détesta Zola, Cervantès, Les Mille et Une Nuits pour cette raison. Néanmoins, Léon se cherchait une identité avec acharnement : plusieurs fois par jour, il « faisait le point » en écoutant Nirvana dans sa chambre. C'est ainsi qu'il prit conscience qu'il était différent et que sa vie n'était pas une sinécure.
" (pages 12-13).

Le père sait comment parler avec ses collègues ou avec les syndicalistes, mais pas avec ses enfants. Il est toujours à côté de la plaque. Ceci dit, parler avec Léon est difficile : il ne répond pas.
"Capter son attention était un fait si rare qu'on croyait qu'il se donnait un genre, le genre indifférent. On se trompait : Léon se foutait vraiment de tout. Enfin, de presque tout." (page 15).
Parmi ses quelques rares centres d'intérêt : embêter sa soeur Rosine.

Le père, qui a le sens du devoir, va tenter quelque chose.
"Paul savait qu'il était de son devoir d'éveiller Léon. L'affaire s'avérait rébarbative. Plus grave qu'il n'y paraissait. Auparavant, il prenait Léon pour un cancre, aujourd'hui il avait la preuve qu'il était la vacuité incarnée. Un cancre, c'est touchant : on imagine le poète creusant des gouffres de rêverie pour parvenir au ciel. Léon n'était même pas un méditatif. Jamais il n'avait assis la beauté sur ses genoux pour la peindre en poème. On ne lui connaissait de « productions » que celles de ses glandes sébacées : sébum dans les cheveux et acné comme unique chef-d'oeuvre." (pages 43-44).

Léon a tout de même des camarades de classe.
"Ils se retrouvaient à quatre pendant les récréations et fumaient des cigarettes américaines derrière un arbre. [...] Une fois ces sujets de conversation épuisés, chacun tirait sur sa sèche et regardait ses chaussures en balançant légèrement le bassin - recherche d'une pose virile ? -, alors un des quatre garçons finissait toujours par dire, après un silence :
- C'est cool.
Sans raison ni référence. Et tout le monde approuvait.
" (page 53).
À cause de profs trop nazes qui ne les autorisent pas à fumer en classe ou qui leur donnent des mauvais notes quand ils ne savent rien à un contrôle (alors que, déjà, les profs devraient être bien contents que les élèves ne sèchent pas leurs cours, parce que franchement, il faut se les taper !), ils risquent de se retrouver au ban de la société. C'est pas facile.

Le père arrivera-t-il à stimuler un peu le cerveau de son fils ?

Un roman souvent amusant, avec de nombreux bons passages et des phrases joliment écrites, mais dont la limite est qu'il ne comporte que des personnages un peu outrés.
Ce roman, le deuxième de l'auteur, n'est vraisemblablement pas son meilleur.

 


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