Livre.gif (217 octets) Littérature Francophone Livre.gif (217 octets)



-
dictées

- listes
- liens recommandés


Papillon.gif (252 octets)

-> retour francophone <-

retour
page d'accueil

 


MICHON Pierre

(Châtelus-le-Marcheix, 28/03/1945 - )

pierre michon

 

"Pierre Michon naît à Châtelus-le-Marcheix dans la maison de ses grands-parents. Il est élevé par sa mère institutrice après que son père eut quitté le foyer. Il passe son enfance à Mourioux puis au lycée de Guéret, où il est pensionnaire. Il étudie ensuite les Lettres à Clermont-Ferrand et consacre à Antonin Artaud un mémoire de maîtrise. Il voyage par la suite dans toute la France, ayant rejoint une petite troupe de théâtre. Michon n'exerce pas de profession stable.
À trente-sept ans, il entre dans la vie littéraire avec la publication des Vies minuscules qui obtient le prix France Culture 1984.
À ce livre succèdent Rimbaud le fils, ensemble de textes courts sur la destinée d'Arthur Rimbaud puis, dans une veine romanesque, La Grande Beune et Abbés. Dans La Vie de Joseph Roulin, il relate l'histoire du facteur six fois pris en modèle par Van Gogh et mesure ainsi l'écart entre la misère, l'agonie du peintre d'Auvers sur Oise, et l'avenir inimaginable de ses tableaux après sa mort.

En 2009, Pierre Michon publie Les Onze, un livre dans lequel il évoque l'histoire du peintre Corentin et celle de la Révolution française à partir de la description d'un grand tableau représentant les onze membres du Comité de salut public (Robespierre, Saint-Just, Barrère, etc.) pendant la Terreur, qui serait exposé au Louvre (en réalité le peintre et le tableau sont fictifs).
Pour ce roman, Michon reçoit le 29 octobre 2009 le Grand Prix du roman de l'Académie française. Le 11 octobre 1998, il a une petite fille nommée Louise avec Yaël Pachet, la fille de Pierre Pachet." (merci wikipedia).


la grande beune

La Grande Beune ; photographié au Mont Cassel, le 27 novembre 2011.

- La Grande Beune (1995). Verdier. 88 pages.

On commence par une belle citation d'Andrei Platonov : "La terre dormait nue et tourmentée comme une mère dont la couverture aurait glissé."

Puis, c'est le texte qui commence : "
Entre Les Martres et Saint-Armand-le-Petit, il y a le bourg de Castelnau, sur la Grande Beune. C'est à Castelnau que je fus nommé, en 1961 : les diables sont nommés aussi je suppose, dans les Cercles du bas ; et de galipette en galipette ils progressent vers le trou de l'entonnoir comme nous glissons vers la retraite. Je n'étais pas encore tombé tout à fait, c'était mon premier poste, j'avais vingt ans." (page 9).
On est donc dans un coin isolé, en Dordogne, près de Lascaux.
Le narrateur prend "
pension Chez Hélène qui est l'unique hôtel, sur la lèvre de la falaise en bas de quoi coule la Beune, la grande ; je ne vis pas davantage la Beune ce soir-là, mais par la fenêtre de ma chambre me penchant sur du noir plus opaque je devinai derrière l'auberge un trou." (page 10).
"
Hélène était vieille et massive comme la sibylle de Cumes, comme elle réfléchie, et de même attifée de belles guenilles, coiffée d'un fichu roulé ; son gros bras à la manche relevée essuyait la table devant moi ; ces gestes humbles rayonnaient d'orgueil, d'une joie silencieuse [...]" (page 11).
"
Je lui demandai à dîner ; elle s'excusa modestement de ses fourneaux éteints, de son grand âge, et me servit à profusion de ces choses froides qui dans les récits tiennent au corps des pèlerins et de gens d'armes, avant que dans leur corps ne passe le fil d'une épée, à la traverse d'un gué tout noir et plein de lames. [...] Je mangeai ces charcutailles de haute époque ; à la table voisine les propos se faisaient rares, les têtes se rapprochaient, alourdies par le sommeil ou le souvenir de bêtes descendues en plein bond, mourant ; ces hommes étaient jeunes ; leur sommeil, leurs chasses, étaient vieux comme les fabliaux." (pages 11-12).
On sent la volonté ostentatoire de faire du style, mais c'est un style comme hors d'âge qui fait un peu penser à ces peintres contemporains qui s'obstinent à peindre des natures mortes à la manière des flamands du XVII° siècle. Peut-être est-ce fait exprès dans ce texte : la préhistoire est encore à portée de main, le passé lointain semble être encore du présent, les objets laissés par nos lointains ancêtres sont arrivés jusqu'à nous : Lascaux n'est pas loin.
Côté vocabulaire, on trouve acheuléen, carrick, diaclases ; les gens pèlerinent de village en village, etc. On ne semble pas être dans les années 1960.

Notre héros entre dans le bureau de tabac. "
J'entendis claquer des talons ; je me retournai et elle était derrière son comptoir. Je la voyais à mi-corps. Elle avait les bras nus. [...] C'est peu dire que c'était un beau morceau. Elle était grande et blanche, c'était du lait. C'était large et riche comme Là-Haut les houris, vaste mais étranglé, avec une taille serrée ; si les bêtes ont un regard qui ne dément pas leur corps, c'était un bête ; si les reines ont une façon à elles de porter sur la colonne d'un cou une tête pleine mais pure, clémente mais fatale, c'était la reine." (page 20).
Il flashe donc sur cette beauté. Son désir est violent.
Un jour, il la voit sur un chemin. "
Le froid l'avait giflée, les lèvres étaient considérablement gercées, écorchées, mais maquillées sur la plaie." (page 46). Et, plus loin :
"[...]
ses narines frémissaient ; elle renversa un peu la tête vers la gauche comme pour regarder vers le bois, mais avec une lenteur affectée et sans me quitter des yeux : elle avait sur la droite ainsi découverte, épargnant le grain de beauté mais la poignant au plus plein, largement bourgeonnant au cou, fleurissant plus bas sous le carrick et effleurant la joue d'un pétale abject, la marque épaisse, boursouflée de sang noir et plus meurtrie qu'un cerne, plus mâchée que ses lèvres, que laissent avec éclat les fouets.
Le feu que cette vision fit circuler dans mes veines aurait dû m'arracher un cri. Rien ne pouvait égaler la mise à nu de ce visage où soudain avaient bondi comme ses autre lèvres, les fraises de ses seins.
" (page 46).
Le désir violent de notre héros, le rabaissement de la Femme à une chose ("c'était un beau morceau"...) sont-ils censé être des échos de la préhistoire, de nos origines ?

Question somme toute pas très intéressante.
Il doit y en avoir d'autres, plus fondamentales sans doute, mais qui m'ont échappées.

Je n'ai vu qu'un texte (assez ennuyeux) qui, trop souvent, se regarde parler avec du "beau" style, des phrases qui comportent de nombreux points-virgules, des mots placés pour marquer (le "abject" à côté de "pétale")... et, finalement, le livre ne se résume qu'à cela : du style... mais pas du style inoubliable. Et le sentiment étrange, l'impression que ce style ne correspond pas à notre époque, qu'il est issu de lectures assidues de la littérature du XIX° siècle.
Je suppose que ce n'est pas son meilleur livre.






- Retour à la page de Littérature Francophone -

 

Toutequestion, remarque, suggestion est la bienvenue.MAILBOX.GIF (1062 octets)