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Guillaume Musso
(Antibes, 06/06/1974 - )
"
" (Wikipedia)
L'Instant présent (2015). Editions XO. 370 pages.
"!" (page 11)
Cette manière d'appeler son fils "champion" évoque tout de suite certains (mauvais) films américains. C'est un des trucs de Musso : un cliché qui "parle" au lecteur.
Le père fait bien entrer dans la tête de son fils qu'il ne faut faire confiance à personne, même pas à son père. La suite lui donnera raison.
La suite, c'est vingt ans plus tard : nous sommes maintenant en 1991. Le père, atteint d'un cancer, amène son fils Arthur à un phare qu'il possède : le 24 Winds Lighthouse (le phare des 24-Vents), et lui dit que la seule chose qu'il héritera de lui, c'est ce phare, mais à condition qu'il n'ouvre jamais la porte cachée qu'il lui montre.
Il ne sait pas ce qu'il y a au-delà, mais le mystère semble lié à d'étranges cas de disparitions... Le grand-père d'Arthur en a été victime. Ce grand-père a disparu, puis a réapparu des années plus tard... Il se trouve maintenant dans un hôpital psychiatrique, ce qu'Arthur ne savait pas.
Bien sûr, la curiosité étant humaine, à la première occasion, Arthur fait ce qu'il faut pour accéder à la porte et l'ouvrir... Et le voilà victime d'une malédiction. Il va disparaître pour réapparaître, au chapitre suivant, dans la cathédrale de Saint-Patrick, à New York pratiquement un an plus tard, en 1992 !
Jusqu'ici, comme il s'agit d'un livre en français, tout le monde parlait dans notre belle langue. Mais voici que les flics débarquent pour arrêter cet étrange type apparu à moitié nu dans la Cathédrale.
"" (page 53).
Yeah. F[censuré]. Musso a dû penser qu'il fallait faire couleur locale. C'est quand même assez ridicule.
Mais continuons. Se souvenant que son grand-père avait été victime de la même malédiction, Arthur va devoir le retrouver pour en apprendre plus... avant de redisparaître, encore et encore, le malheureux ! Heureusement, il y a toujours un journal à proximité de son lieu d'apparition, et le titre est toujours emblématique : mort de Lady Diana, etc. A chaque fois, c'est un événement qui parle au lecteur français post-2015, ça n'est jamais une histoire purement américaine ou qu'on a oubliée. Le hasard (ou la malédiction) fait bien les choses !
Le mystère est intrigant, l'histoire est assez sympathique au début, avant que ça ne devienne répétitif. Mais tout ceci ne fait pas un livre assez commercial, il manque un ingrédient à la recette : l'Amour. Rassurons-nous, il ne tarde pas à arriver :
"" (page 213).
J'oubliais : Arthur est médecin, et sa dulcinée prend des cours d'art dramatique à la Juilliard School, bref, c'est un peu la routine.
Comment Arthur et sa dulcinée pourront-ils vivre leur passionnante histoire d'amour, alors que notre héros a la bien fâcheuse tendance à disparaître ?
Comment Musso pourra-t-il retomber sur ses pieds pour expliquer l'origine de cette malédiction ? Concernant cette dernière interrogation, voici la réponse : il n'y arrivera pas. Grâce - ou à cause - du Masque et la Plume, je connais la fin de Central Park sans l'avoir lu : ça avait tout l'air très d'être mauvais. Je ne suis pas sûr que la fin de l'Instant Présent soit moins mauvaise. J'ai eu l'impression de me faire arnaquer (enfin, pas tout à fait, puisque je n'attendais pas grand-chose du livre).
Comparé au seul Marc Lévy que j'ai lu (Où es-tu ?), L'Instant Présent a pour lui d'être nettement plus intéressant. C'est un peu mieux écrit (mais ça reste pas bon), les dialogues sont un peu moins catastrophiques, et il a le bon goût de ne pas être moralisateur. Mais vers la fin, on a quelques considérations sur ce que c'est qu'écrire :
"" (page 353).
J'ai eu un moment d'incrédulité (jusque là, Musso multipliait les citations - en tête de chapitre - de Saint Augustin, Huxley, Stephen King, Françoise Sagan, etc., pourquoi pas ?), vu que le livre abonde de formules toutes faites : les gens soupirent, grimacent, des sourires éclairent les visages, les gens sont dévastés par la colère... On a du mal à trouver une phrase ou une pensée un peu intéressante d'un point de vue style ou profondeur, on reste toujours dans le domaine du cliché ou du déjà lu. Et quant à ronger ou obséder, on en est très loin...
Un livre qui se lit très vite, grâce à son style médiocre (la soupe Musso), son absence de pensée originale, ses dialogues clichés (on peut lire en diagonale, même crevé : on ne perd rien). Pourtant, grâce à son idée de départ, on a envie de savoir comment l'histoire va se finir... hélas, la fin est mauvaise.
Ceci dit, entre Marc Lévy et Musso (pour comparer deux champions des ventes), mieux vaut a piori lire un Musso. Mais mieux vaut encore lire autre chose.
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