Livre.gif (217 octets) Littérature Germanophone Livre.gif (217 octets)



-
dictées
-
littérature
- listes
- liens recommandés


Papillon.gif (252 octets)

-> retour
Littérature germanophone
<-


Autre littérature :

Littérature japonaise

retour
page d'accueil

 


von Horváth, Ödön
(Sušak, maintenant Rijeka, actuelle Croatie, 09/12/1901 -Paris, 01/06/1938)

 

 

Ödön von Horváth était un écrivain de langue allemande, principalement un dramaturge. Wikipedia (source principale de ce qui suit) nous apprend qu'il est né "à Susak, un quartier de Fiume (ancien nom italien de la ville désormais croate de Rijeka)."
On voit tout de suite que ce n'est pas simple, car le temps ne l'était pas.

Fils naturel d'un diplomate austro-hongrois, il suit son père, à Belgrade, Budapest, Munich, l'actuelle Bratislava, Budapest encore, puis Vienne et enfin Munich où il étudie la littérature à l'université.
Il ne peut donc pas se sentir d'affinités avec les mouvements nationalistes. Ses pièces de théâtre mettens souvent en évidence le danger du militarisme, et évidemment du fascisme.
Il connaît le succès en 1931 avec deux pièces : Légendes de la forêt viennoise et La Nuit Italienne.

En 1933, parmi les livres brûlés par les Nazis figurent les siens. Une forme de consécration...

Ödön von Horvath fuit l'Allemagne pour l'Autriche. Figaro divorce (1936) est monté à Prague. Après l'Anschluß, il parcourt l'Europe (Budapest, Trieste, Venise, Milan, Prague, Zurich, Amsterdam).
Son roman Un fils de notre temps (aussi appelé Soldat du Reich) paraît en 1938 à Amsterdam et New York.

Puis, il arrive à Paris pour travailler avec le réalisateur Robert Siodmak (lui aussi exilé) sur l'adaptation du roman Jeunesse sans Dieu.
Le 1er juin 1938, il se promène sur les Champs-Elysées. C'est la tempête, une branche d'arbre tombe et le tue, au niveau du Théâtre Marigny.

"Ses pièces sont ancrées dans la tradition viennoise d'un théâtre populaire et critique. Critique à la fois dans la dissection du langage et des comportements petit-bourgeois, mais aussi critique politico-sociale où les femmes apparaissent comme victimes. Von Horváth a, pour beaucoup, réinventé le théâtre populaire allemand. Pour Peter Handke, Horváth est meilleur que Brecht et compare ses phrases à celles de Tchekhov ou Shakespeare." (wikipedia)

 


Légendes de la forêt viennoise (Geschichten aus dem Wienerwald, 105 pages). Texte français (1992) de Sylvie Muller avec la collaboration de Henri Christophe. Actes Sud-Papiers.

En tête du texte, on peut lire : "Rien ne donne autant le sentiment de l'infini que la bêtise".


La pièce commence à Wachau (à 80 kilomètres de Vienne), c'est la campagne, il y a du bon air. Nous faisons la connaissance d'Alfred, de sa mère (qui s'appelle "La Mère") et de La Grand-Mère.
"LA MERE. Tu travailles toujours à la banque ?
ALFRED. Non.
LA MERE. Où alors ?

Un silence

ALFRED. J'ai pas l'étoffe d'un employé, ça n'offre aucune possibilité d'épanouissement. Le travail, au sens traditionnel, ce n'est plus rentable. Quand on veut réussir, de nos jours, faut se servir du travail des autres. Je me suis mis à mon compte. Financements et ainsi de suite -
" (page 10).

On apprend très vite que son business, ce sont les paris sur les courses de chevaux.
Alfred emprunte de l'argent, notamment à la Grand-mère, qui veut se le réserver pour son enterrement.

Puis la scène se transporte à Vienne, dans une rue tranquille du 8° arrondissement.
Là se joue le coeur du drame. On y trouve, de gauche à droite :
- la boucherie-charcuterie d'Oscar ;
- la clinique de poupées de Roimage et sa fille, Marianne ;
- le tabac de Valérie.

Alfred, notre bon-à-pas-grand-chose, fréquente Valérie, la cinquantaine. Elle a son tabac, un peu d'argent, et joue aux courses par l'intermédiaire d'Alfred .. qui ment sur les cotes, pour garder une plus grosse partie des gains.

On rencontre, qui traîne par là, un major, grand amateur de boudin...
"LE MAJOR. Faut reconnaître : le boudin d'hier... mes compliments! First class !
OSCAR. Tendre, n'est-ce pas ?
LE MAJOR. Un poème !
" (page 16)

Le major regarde les résultats du tirage d'un jeu quelconque, du style loterie.
"VALERIE (avec un malin plaisir). Et qu'est-ce qu'on a gagné, major ? Le gros lot ?
LE MAJOR (lui rendant la liste). Chère Valérie, je n'ai jamais rien gagné. Dieu sait pourquoi je joue ! Au mieux, j'ai eu un billet remboursé.
VALERIE. C'est que vous êtes heureux en amour.
LE MAJOR. Autrefois, autrefois !
VALERIE. Major, avec votre allure !
LE MAJOR. Ca ne compte guère... quand on est un homme exigeant. Et c'est un trait de caractère qui revient cher. Si la guerre avait duré ne serait-ce que quinze jours de plus, j'aurais eu ma retraite de colonel.
VALERIE. Si la guerre avait duré quinze jours de plus, on l'aurait gagnée.
LE MAJOR. L'homme ne saurait tout prévoir.
VALERIE. Sûr.
" (page 18).

Plus loin, on rencontre un étudiant qui, lorsqu'il est bourré, se commande lui-même ("Division... En avant, marche !", page 74).
Bref, l'armée en prend... pour son grade.


Oscar, l'heureux propriétaire de la boucherie, en pince pour Marianne (la fille du propriétaire du magasin d'à côté, la clinique de poupées). Ils vont se fiancer.

Mais, un jour :
"Marianne paraît dans la vitrine pour l'arranger... elle prend particulièrement soin du squelette.
Alfred entre à gauche, aperçoit Marianne de dos, s'immobilise et la contemple.
Marianne se retourne, aperçoit Alfred... et manque être subjuguée.

Alfred sourit.
Marianne sourit de même.
Alfred salue de charmante façon.
Marianne l'en remercie.
Alfred s'approche de la vitrine.
Valérie paraît à la porte de son tabac et observe Alfred.
Alfred tambourine contre la vitrine.
Marianne, prise d'une soudaine frayeur, ferme hâtivement les stores.
" (page 24).

C'est donc le coup de foudre entre la jolie Marianne et le bon-à-pas-grand-chose Alfred.
Les fiançailles sont compromises. De toute manière, Marianne n'aime pas Oscar.
"ALFRED [...] Je ne mérite pas ton amour, je ne peux t'offrir une vie digne de ce nom d'ailleurs, je ne suis même pas un être humain -
MARIANNE. Rien ne pourra m'ébranler. Laisse-moi faire de toi un être humain... tu me rends si grande et si vaste -
ALFRED. Et toi, tu m'élèves. Devant toi, je deviens tout petit, du point de vue de l'âme.
MARIANNE. Et moi, je sors de moi-même et je me regarde m'éloigner... tu vois, je suis déjà très loin de moi... tout au fond, là-bas, je ne peux presque plus me voir... Je voudrais un enfant de toi -
" (pages 43-44).

La pièce baigne dans la musique, notamment celle jouée au piano par une lycéenne, qui s'interrompt souvent au beau milieu d'une mesure.
Lorsque l'on ouvre ou ferme la porte du tabac, "
on entend non pas une sonnette mais un carillon" (page 19).

Il y a donc une certaine atmosphère.
L'histoire, elle, est assez classique, mais bien menée. La grand-mère, notamment, est un personnage intéressant...



- Retour à la page Littérature Germanophone -

Toute question, remarque, suggestion est la bienvenue.MAILBOX.GIF (1062 octets)