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ROTH Joseph
(Brody, Galicie, Empire austro-hongrois, 09/1894 - Paris, 27/05/1939)


joseph roth 

"Son père, représentant d'une firme de céréales de Hambourg, quitta sa mère et mourut en Russie. Ce père absent hantera sa vie durant l'écrivain qui se dira plus tard enfant illégitime, issu tantôt d'un officier autrichien, tantôt d'un comte polonais ou encore d'un fabricant de munitions viennois. Mais dans tous ces récits revient la perte précoce du père. Cette perte se prolonge comme un fil rouge dans toute l'œuvre de Roth, sous la forme de la perte de la patrie (la monarchie austro-hongroise)" (wikipedia)

Joseph Roth est né dans une famille juive de Galicie, "aux confins de l'Empire austro-hongrois. Cet univers particulier où le judaïsme hassidique cohabite avec l'humanisme allemand enseigné dans les lycées impériaux et royaux, où se mêlent les populations polonaise, allemande, juivre, ukrainienne marquera profondément l'écrivain et constitue le coeur de son oeuvre." (Introduction de La Légende du saint buveur, page I)
Il va à l'université de Vienne en 1913, mais interrompt ses études pour partir au front en 1916, en tant que corespondant de guerre.
Il publie des romans socialisants entre 1923 et 1929, tout en poursuivant une activité de journaliste.
Ses oeuvres les plus connues sont Le Poids de la Grâce (1930) et surtout La marche de Radetsky (1932)
"Le 30 janvier 1933, jour de la prise de pouvoir d'Hitler, Roth s'exile à Paris." (Introduction de La Légende du saint buveur, page II).

"Le 30 janvier 1933, le jour de la nomination de Hitler comme chancelier du Reich, Roth quitta l’Allemagne. Dans une lettre à Stefan Zweig, il fait preuve d’une étonnante clairvoyance :
« A présent il vous sera évident que nous allons vers de grandes catastrophes. Abstraction faite du privé – notre existence littéraire et matérielle est déjà anéantie - l’ensemble conduit à une nouvelle guerre. Je ne donne pas cher de notre vie. On a réussi à laisser la Barbarie prendre le pouvoir. Ne vous faites pas d’illusions. C’est l’Enfer qui prend le pouvoir. »
Bientôt, ses livres aussi furent brûlés." (wikipedia)

"La montée du nazisme, la folie et l'internement de sa femme Friedl, ont pour lui des conséquences dramatiques : ébranlement moral, sentiment de culpabilité, difficultés matérielles, alcoolisme qui s'apparente de plus en plus à un lent suicide. Dans ses oeuvres, l'écrivain semble alors fuir la réalité et lui préférer l'idéalisation, l'utopie, le conte.
Joseph Roth meurt à Paris à l'hôpital Neck le 23 mai 1923." (Introduction de La Légende du saint buveur, page II).

saint buveur

 

La Légende du saint buveur (Die Legende vom heiligen Trinker ; 1939 ; 61 pages). Nouvelle traduite de l'allemand par Dominique Dubuy et Claude Riehl. Seuil. Le Don des langues.
La quatrième de couverture parle de "longue nouvelle, délicieusement fraîche et délicieusement irrévérencieuse, que Joseph Roth acheva quelques semaines avant sa mort".

La nouvelle commence ainsi : "
Par un soir de printemps de l'année 1934, un monsieur d'un certain âge descendait les degrés de pierre d'un de ces ponts qui enjambent la Seine, et qui permettent d'accéder à ses rives. A cette occasion, il n'est pas inutile de rappeler à la mémoire des hommes, encore que ce fait soit connu du monde entier ou presque, que c'est là, à Paris, que les sans-abri ont coutume de dormi ou, pour mieux dire, de coucher à même le sol." (page 7).

Un homme à la mise soignée s'approche d'un clochard titubant.
"
- Où allez-vous, mon frère ? demanda le monsieur d'un certain âge et à la mise soignée.
L'autre le regarda un court instant, puis il dit :
- Je ne savais pas que j'avais un frère et j'ignore où mon chemin me mène.
- Je vais tenter de vous montrer le chemin, dit le monsieur. Toutefois ne m'enveuillez pas si je vous prie de me rendre un service quelque peu inhabituel.
- Je suis prêt à rendre n'importe quel service, répondit l'homme négligé.
- Je vois bien, certes, que vous commettre certaines fautes. Mais c'est Dieu qui vous envoie sur mon chemin. Je suis sûr que vous avez besoin d'argent. Ne prenez pas ça mal ! J'en ai de trop. Voulez-vous me dire franchement combien il vous faut ? Du moins pour l'instant.
" (pages 8-9).

Après avoir demandé seulement vingt francs, notre héros se retrouve avec deux cents francs. Mais comment les rendre au monsieur bien habillé ?
Ce dernier répond qu'il est devenu chrétien après avoir lu l'histoire de la sainte Thérèse de Lisieux. Notre héros devra donc simplement donner l'argent au prêtre de Sainte-Marie-des-Batignolles, qui comporte une petite statue de la Sainte.
Le lendemain matin, notre homme va aller se payer un bon café, arrosé de rhum, avec bonne tartine beurrée.
"
Ainsi, la tête haute, et en dépit de ses vêtements en loques, il entra dans un bistrot bourgeois et s'assit à une table, lui qui généralement restait debout au bar, ou pour mieux dire il s'y accoudait. Donc il s'assit. Et comme il y avait un miroir juste en fac de lui, il ne put éviter d'y voir son visage. Et alors il eut l'impression de refaire connaissance avec lui-même. En vérité, cela l'épouvanta. Et il sut pourquoi ces dernières années il avait tant craint les miroirs. Car il n'était pas bon de constater de ses propres yeux sa propre déchéance. Et tant que l'on n'y était pas obligé, cela revenait à peu de choses près à n'avoir pas de visage du tout ou à avoir celui d'avant la déchéance." (page 14).
Il va donc chez le coiffeur.
Et ça va tout de suite mieux, quand il revient. "[...]
il avait rajeuni et embelli. Oui, et même de son visage émanait comme une lueur qui éclipsait l'état désolé de ses vêtements - tant le plastron, dont on voyait bien qu'il était troué, que la cravate aux rayures rouges et blanches et nouée autour du faux col au bord craquelé." (page 15)

Eh oui, même les clochards, à cette époque-là, avaient une cravate ! Ou bien est-ce un conte ?
Notre héros fait une rencontre, il va gagner un peu d'argent... mais pourra-t-il en garder suffisamment pour rembourser la Sainte ? La tentation de l'alcool sera-t-elle la plus forte ? Il rencontrera de nombreux obstacles, mais il y aura des miracles, aussi.

Une très jolie nouvelle, un conte. On sent que l'auteur maîtrisait le sujet alcoolique.



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