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Carlo Collodi (pseudonyme de Carlo Lorenzini)
(Florence, 24/11/1826 - Florence, 26/10/1890)
"" (Wikipedia).
A gauche : la version folio en visite à Florence, le 15 mai 2016 ; à droite : la version Garnier-Flammarion.
- Les Aventures de Pinocchio (1881-1882). Edition présentée et annotée par Jean-Michel Gardair. Traduction de Nathalie Castagne revue par Jean-Michel Gardair. Folio. 286 pages.
Version Garnier-Flammarion : présentation par Jean-Claude Zancarini. Traduction d'Isabel Violante. 346 pages. Il s'agit d'une édition bilingue.
Si Pinocchio est actuellement si connu dans le monde, c'est en grande partie dû à Walt Disney, mais :
"" (page 339)
Fondamentalement, la différence, dit Jean-Claude Zancarini dans un dossier, c'est que le Pinocchio de Collodi veut découvrir le monde par lui-même, fuir les obligations et les règles et va finir par trouver son chemin. Celui de Walt Disney devra "" (page 340).
Dans le livre on voit la faim, la peur des gendarmes, le fonctionnement parfois étrange de la justice... ce qui peut faire dire à certains qu'il y a une critique de l'ordre établi.
Couverture italienne du Pinocchio de Collodi / Roberto Innocenti
Finalement, comment interpréter Pinocchio ? Est-il simplement un livre éducatif par l'exemple ? (car ce sont les faits qui apprennent à Pinocchio le bon comportement qu'il doit adopter, il n'y a pas de morale abstraite). Ou bien s'agit-il d'autre chose... mais, d'ailleurs à qui serait destiné le message ? Aux adultes ou aux enfants ? (et pourquoi pas des messages différents ?)
Les critiques se sont déchaînés, d'autant plus que :
"[...]" (Présentation par Jean-Claude Zancarini, GF, page 23).
Certains critiques ont mis en avant le caractère toscan du cadre de l'histoire, située avant l'unité italienne ; des fascistes y ont vu "" (dossier, page 333).
Jean-Michel Gardair, dans la préface de l'édition folio, insiste lui sur le rôle de la fée, "" (page 37). Elle "" (page 29). Elle a sous ses ordres les animaux des bois, et dispose d'un grand nombre d'agents secrets à sa botte, qui l'aident dans son obsession. Jean-Michel Gardair la qualifie parfois carrément de "". Dans l'édition folio, la préface est donc très (trop ?) personnelle. La présentation de GF est plus "objective" et largement plus instructive.
Pour finir, un livre sortant rarement de nulle part, l'édition GF cite, parmi les influences sur Pinocchio, le Télémaque de Fénelon, qui partage avec Pinocchio un "lien structurel" ; d'autres citent des livres italiens : les Fiancés de Manzoni, ou encore Morgante, de Luigi Pulci (1432-1484).
Illustration de Enrico Mazzanti, le premier illustrateur de Pinocchio.
Mais venons-en au livre, qui commence ainsi :
"" (page 47).
Nous ne sommes pas encore chez Geppetto, mais chez Maître Antoine. Déjà sous cette forme, le bout de bois peut parler, c'est très mystérieux.
Rapidement, Geppetto entre en scène et décide de fabriquer un pantin de bois. Pourquoi ?
"" (pages 51-52)
Il y a un mystère : le lecteur croit qu'un pantin parlant, c'est exceptionnel, mais il se rendra compte qu'il y en a bien d'autres.
Le livre est empli de contradictions internes qui semblent assumées (par exemple, Pinocchio ne vit que quelques heures à peine avec Geppetto avant de partir, mais il parlera de son créateur plus tard comme s'ils avaient vécu ensemble durant de longues années...). Ces contradictions contribuent à susciter toutes sortes d'interprétations.
Un des nombreux Pinocchio en vente à Florence. Mais celui-ci est le vrai : pour preuve, une étiquette indique : "Mastro Geppetto".
L'origine des ennuis de notre héros, c'est son absence de goût pour les études :
"" (page 62).
Le lecteur qui connaît déjà un peu l'histoire sait qu'il ne s'agit pas de paroles en l'air...
Pinocchio va donc faire bien des bêtises : il n'écoute pas les bons conseils des adultes, et se retrouve dans les pires difficultés... Alors, il va se repentir, promettre aux autres et à lui-même d'être désormais bien sage...
Et, tout de suite après, il retombe évidemment dans ses travers (la petite comparaison suivante permet de voir que les deux textes sont proches, mais celui d'Isabel Violante est un tout petit peu plus littéraire que celui de de Castagne/Gardair) :
Traduction de Nathalie Castagne, revue par J-M Gardair |
Traduction d'Isabel Violante |
Texte original |
""
(pages 135-136). |
"Chemin faisant, il se disait :
« Combien de malheurs me sont arrivés ! Et je les ai bien mérités, car je suis un pantin têtu et capricieux... je veux toujours n'en faire qu'à ma guise sans écouter ceux qui m'aiment et qui ont mille fois plus de jugement que moi. Mais cette fois je prends la résolution de changer de vie et de devenir un garçon bien comme il faut, et obéissant. J'ai appris à mes dépens qu'à être désobéissants, les enfants ne gagnent jamais rien..." (GF, page 151) |
Intanto andava dicendo fra sé e sé: «Quante disgrazie mi sono accadute... E me le merito! perché io sono un burattino testardo e piccoso... e voglio far sempre tutte le cose a modo mio, senza dar retta a quelli che mi voglion bene e che hanno mille volte piú giudizio di me!... Ma da questa volta in là, faccio proponimento di cambiar vita e di diventare un ragazzo ammodo e ubbidiente... Tanto ormai ho bell’e visto che i ragazzi, a essere disubbidienti, ci scapitano sempre e non ne infilano mai una per il su’ verso. |
Même si on connaît les aventures de Pinocchio dans les grandes lignes (le pays des jouets, le requin ou la baleine...) c'est un vrai plaisir de lire ce livre au style vif, sans compter qu'il y a des différences (par exemple, ce qui arrive au grillon - le Jiminy Cricket de Walt Disney), et plus d'épisodes dans le livre, en comparaison avec le film de Disney.
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