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FUJII Taiyô (
藤井太洋)

(Kagoshima, 1971 - )
fujii taiyô

"Il fit ses débuts en auto-publiant la version e-book de "Gene Mapper" en 2012, qui a atteint le sommet des ventes sur amazon.co.jp en 2012 des Kindle Books, catégorie Roman et Littérature. La version révisée a été publiée l'année suivante, en 2013, par Hayakawa Publishing (un des plus importants éditeurs de SF au Japon). Il a présidé l'Association des écrivains japonais de Science-Fiction et Fantasy de 2015 à 2018." (source : Wikipedia anglophone)

Nuage Orbital (2014) a obtenu plusieurs prix de SF importants au Japon : Nihon SF Taisho et Seiun Award.

 

 

nuage orbital    couverture japonaise   anglo-saxon
A gauche, l'édition française ; au milieu, la couverture de l'édition japonaise, et à droite, une édition anglo-saxonne, avec une citation de Ken Liu qui dit tout le bien qu'il pense du livre.

- Nuage Orbital (Orbital Cloud, オービタル・クラウド, 2014). Traduit du japonais par Dominique et Frank Sylvain. Editions Atelier Akatombo. 509 pages.
"Taiyô Fujii, [...] ancien ingénieur en informatique, écrit ses romans sur iPad, en utilisant son propre programme pour la structuration de ses histoires. [...] Il défend un optimisme scientifique, affirmant que « la science sauvera notre futur ». Il s'est mis à écrire de la SF en partie parce que l'accident de Fukushima, pour tragique qu'il ait été, lui semblait avoir été pris comme prétexte par les partisans d'une certaine pensée antiscience" (extrait du rabat).

Le livre commence par la liste des personnages, qui sera souvent bien utile (il y en a vingt).

Puis, c'est le prologue. Nous sommes à une cinquantaine de kilomètres de Téhéran, en 2015. Un scientifique iranien gonfle un ballon avec de l'hélium.
"
Le ballon, gonflé au point de faire deux fois la taille de sa fourgonnette, se balançait dans le vent. À ce moment précis, il n'était même pas rempli à moitié d'hélium, mais une fois haut dans le ciel, en basse pression atmosphérique, il enflerait jusqu'à la limite de l'explosion. [...]" (pages 13-14).
Plus tard :
"
Dans une heure, il atteindrait une altitude de 30 kilomètres. [...] Le profil du globe terrestre apparaîtrait, enveloppé dans la fine peau bleue de l'atmosphère. Le ballon éclaterait alors, libérant les deux Tupperware reliés par un fil de métal qui descendrait vers la terre. Ce serait en fait le moment où démarrerait vraiment l'expérimentation. [...]
C'était un système de propulsion sans carburant et capable de mouvoir des objets en orbite. Quelque chose que personne n'avait jamais réalisé, un système de propulsion révolutionnaire dont il accumulait les preuves du bon fonctionnement sur le terrain.
" (page 15).
Notre scientifique - représentant de pays "pauvres" - n'a pas beaucoup de moyens (et ce, d'autant moins qu'il fait ses expériences dans son coin), mais il a des idées. C'est un des thèmes du livre.
"Je donnerais cher pour aller aux Etats-Unis, dit-il d'un ton songeur en regardant le ciel." (page 16).

Après le prologue, nous voici maintenant dans ce qui était il y a encore peu un futur très proche, en 2020, au Japon (mais un monde sans Covid-19)... Quelque chose d'étrange est en train de se produire. On se doute bien sûr qu'il y a un lien avec l'expérience du scientifique iranien, mais quoi ?

Dans le roman, il y a énormément de gens géniaux dans leurs domaines : Jamshed Jahanshah, l'Iranien super doué qui décode du signal 8 bits (la précision est-elle vraiment importante ? est-ce pour montrer à quel point sa technologie est vieillotte ?) aussi facilement que d'autres comprennent les profondeurs des romans de Marc Lévy ; Akari Numata, une informaticienne (pardon : "Ingénieure en IT - technologies de l'information") incroyablement forte ; Kazumi Kimura, un web designer qui s'occupe d'un site pour fans d'observations spatiales, capable de faire de tête des calculs de folie concernant les trajectoires de satellites...

safir
Safir, la fusée iranienne décolle le 02/02/15 avec le quatrième satellite du pays à bord (Crédit: Ministère iranien de la Défense)
(trouvé sur https://reves-d-espace.com/le-lancement-du-2-au-8-fevrier-safir/safir-fajr/ )

Ah, le voici justement qui réfléchit au phénomène étrange dont je parlais un peu plus haut :
"Il ferma les yeux, et tout en percevant le poids de la gomme tournante, organisa les informations qu'il avait en tête. SAFIR 3 avait été lancée depuis le Centre spatial Imam Khomeiny dans le nord de l'Iran le 1er décembre, soit dix jours auparavant. Le premier étage propulseur de la fusée, permettant l'accélération initiale lors du décollage, était retombé dans l'océan ce même jour. [...] Ce qui intéressait Kazumi était le deuxième étage [...]
Quand allait-il retomber sur la Terre ?
Sa gomme toujours en orbite, il tendit son bras droit et l'éleva de la hauteur d'un demi-poing. Il avait mémorisé quelques-uns des angles qu'il pouvait faire avec son corps. Son poing au bout de son bras allongé couvrait un arc d'environ 10 degrés. L'épaisseur du pouce, à la même distance, était d'environ 2 degrés.
Il imagina une sphère d'un radius de 6 400 kilomètres. La Terre, superposée sur son doigt. La gomme devint le cylindre en duralumin, du second étage de SAFIR 3.
" (page 20).
Il est dans une quasi-trance. Un type génial, vous dis-je.
Mais voilà qu'il se rend compte que la position réelle du deuxième étage de la fusée SAFIR 3 ne correspond pas à celle qu'il devrait avoir en théorie... Tadaaam ! Bizarre ! Que se passe-t-il donc ? Que tout cela signifie-t-il ?
Une terrible menace va apparaître...

Côté style, on n'est pas dans la grande littérature : les rires fusent, les épaules s'affaissent, on transpire à grosses gouttes... tout cela relevé en survolant rapidement trois pages.
On va dire que c'est un style fonctionnel (problème hélas très fréquent dans la littérature dite de genre, SF, policiers, dans lesquels l'histoire prime).

Concernant les personnages, ils n'ont pas de vraies personnalités, ce sont surtout des archétypes (façon polie de dire : "cliché").
Pour prendre un seul exemple, la super geek Akari a "une coupe afro orange fluo de plus de deux fois la taille de sa tête" (page 26). C'est curieux comme, à une époque, les informaticiens doués étaient tous des ados un peu gros, boutonneux, qui mangeaient leurs burgers sans bouger de leur siège ; depuis Lisbeth Salander, ce sont des jeunes femmes qui font des trucs bizarres avec leurs cheveux (mais jamais des filles un peu grosses qui mangent leurs burgers sans bouger elles non plus de leur siège, il faut qu'elles restent sexy).
Alors : style fonctionnel, personnages clichés auxquels on ne croit pas vraiment...

Que reste-t-il ? L'histoire.
Elle est bien fichue, assez réaliste (pas d'extra-terrestres ici), avec rebondissements, agents de pays divers (Coréens du Nord, Chinois, Iraniens, Américains, Japonais) qui s'espionnent, cherchent à se supprimer, et il y a le mystère de cette fameuse technologie, à l'oeuvre... dans quel but ? Tout cela sous la menace de l'épée de Damoclès du temps qui passe bien sûr trop vite (enfin, sur 500 pages, quand même, grosse pagination qui arrive souvent quand on multiplie les points de vue).

Les Américains auront besoin des cerveaux étrangers (et notamment, sans surprise, japonais) pour s'en sortir, ce qui change un peu. Et c'est là qu'est sans doute le point important : les Américains - et les grandes puissances en général - ont de l'argent, des moyens, mais tout cela ne leur sert pas à grand-chose face à des gens déterminés et inventifs (le terrorisme de demain ?). Heureusement que nos amis Japonais sont là pour veiller au grain !

Bref, tout ça fait un livre épais et sympathique, adapté aux vacances ou aux temps de confinement. Ceci dit, je m'attendais à mieux, au vu des prix importants que le bouquin a reçus.

A lire Actu SF ou ResFuturae (ou même une page Wiki), on se dit qu'il y a certainement beaucoup de livres de SF intéressants - et plus marquants que Nuage Orbital ? - à découvrir (ce sera peut-être Cette histoire est pour toi, de Satoshi Hase, toujours chez Atelier Akatombo).

 

 


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