Littérature Japonaise
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Ecrivain (plus de 34 pièces au compteur), metteur en scène, essayiste. Le résultat est souvent décrit comme un "théâtre calme" : il n'y a pas d'effets, de tension, de chute, de révélations fracassantes, juste des gens qui parlent, vont et viennent, bref une tranche de vie. Tokyo Notes (Tokyo noto, 1994, 157 pages, Editions Les Solitaires Intempestifs, traduction de Rose-Marie Makino-Fayolle). 39ème prix d'art dramatique de Kishida.
Gens de Séoul est donc plus intéressant à lire que Tokyo Notes, mais n'ayant pas vu de représentation scénique des deux pièces, je me garderai bien d'un jugement plus approfondi : jugerait-on l'oeuvre d'Ozu à partir des scripts de ses films ?
Extraits de l'Interview du 12/04/2011, publiée dans Les Inrocks. Propos recueillis par Patrick Sourd (traduction: Aya Soejima) Oriza Hirata – Dans mon théâtre. Je travaillais avec mes comédiens dans une salle de répétition au cinquième étage. Nous faisions un filage. Nous sommes habitués aux tremblements de terre et les acteurs ont continué de jouer. Mais il s’agissait de la plus longue secousse jamais ressentie, alors j’ai fini par leur demander de se mettre à l’abri sous des tables. Le bâtiment n’a pas été endommagé, aucun d’entre nous n’a été blessé et dès le lendemain, nous avons repris nos activités. Ensuite, il y a eu le tsunami. On ne s’attendait pas à une telle tragédie dans le Nord-Est. Cette région est protégée par des digues, elle est habituée à subir de forts tsunamis tous les cinquante ans. Nous pensions que les gens auraient le temps de se protéger. C’était inimaginable pour nous qu’il y ait eu tant de victimes et de dégâts. Les Tokyoïtes n’ont pas réalisé tout de suite l’importance de la catastrophe. Ils se sont d’abord souciés de savoir si l’électricité et les transports seraient rapidement rétablis. Symboliquement, le nord du Japon est une sorte de pays natal pour tous les Japonais. Ma mère vient de là-bas, comme nombre de mes comédiens. Nous nous sommes très vite organisés pour héberger les familles de proches dans notre résidence d’artistes annexée au théâtre. Très peu de Japonais ont fait le lien avec la bombe atomique. Ils ont été choqués de voir la continuité de leur projet, mis en place depuis les temps modernes, détruit en quelques heures par la nature. Ce 11 mars ressemble pour nous au 11 Septembre. Au Japon, nous appelons l’attentat de New York le 9/11 et nous disons le 3/11 quand nous parlons du séisme. Notre traumatisme s’apparente plus à celui des Américains après la destruction des Twin Towers. Le nucléaire en plus. Nous avons survécu à la bombe. La gravité du problème actuel n’est pas moindre ni plus importante. La menace nucléaire n’est plus immédiate. Elle nous fait prendre conscience que la mort arrive avec lenteur, mais de façon certaine, et qu’elle sera liée à cet accident nucléaire. D’un point de vue philosophique, cette situation est une forme d’emprisonnement à travers lequel on ne sait même pas où situer la peur. Pour l’instant, la menace est encore abstraite dans les esprits. Au Japon, la mortalité par le cancer est de 50 %, il faut s’attendre à voir ce taux grimper de 1 % ou 2 %. Les Japonais vont devoir apprendre à vivre avec la radioactivité. Les comportements ont-ils changé ? Les gens sont devenus plus doux les uns avec les autres. Et l’on constate une belle mobilisation du côté des artistes. Après des concerts et des spectacles pour recueillir des fonds, beaucoup d’artistes à Tokyo préparent des actions dans le nord. Moi-même, je me rends la semaine prochaine dans une école où je vais tous les ans, proche de la centrale nucléaire. Le fait que j’y aille est la preuve que Tokyo ne s’est pas résigné à abandonner la région. J’ai acheté plein de boîtes de chocolat pour les offrir aux lycéens que je vais rencontrer. Ce sont des élèves comédiens : c’est important que des personnes du théâtre aillent les voir sur place."
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