Isaka Kôtarô est un écrivain classé "polar", visiblement influencé par Murakami Haruki (si l'on peut généraliser à la lecture du seul livre La Prière d'Audubon). Il a aussi écrit des scénarios pour des mangas (Le Prince des Ténèbres, traduit en français).
Après un diplôme de droit, Isaka Kôtarô travaille comme informaticien. Il écrit des nouvelles et, en 2000, remporte le Prix "Shinchou Mystery Club" avec La Prière d'Audubon. Il devient alors écrivain professionnel.
Plusieurs de ses romans suivants sont nominés au Prix Naoki, notamment Juryoku Piero (2003, adapté au cinéma).
En 2008, Remote Control remporte le prix Yamamoto
Shûgorô.
La Prière d'Audubon (Audubon no inori (A Prayer), 2000). Roman traduit du japonais par Corinne Atlan en 2011. Editions Philippe Picquier. 441 pages. Ouvrage traduit avec le concours du Centre national du Livre.
Voici le début du roman :
"Un briquet enserré entre les deux globes de sa poitrine, une Playmate courait devant moi. Lancé à sa poursuite, je finissais par me retrouver dans un pays inconnu : voilà ce que j'étais en train de rêver quand je me suis réveillé.
Ce n'était pas un cauchemar. Et surtout, Shiroyama n'apparaissait à aucun moment, ce qui rendait déjà le rêve plutôt agréable.
[...]
Je ne suis pas chez moi. Chez moi, il n'y a pas de fenêtre orientée à
l'est, et donc pas de soleil pénétrant à flots le matin. Sans compter qu'il n'y a pas de lit non plus. [...]
L'esprit un peu brumeux, j'essaie d'analyser la situation.
Je ne sais pas pourquoi, mais la première chose qui me vient à l'esprit, c'est le moment où j'ai donné ma démission. Oui, le moment où j'ai présenté ma lettre de démission à la société de logiciels informatiques où je travaillais depuis cinq ans." (page 5).
Le narrateur est un peu comme nous : perdu.
Mais voilà qu'on frappe à la porte. Notre héros ouvre.
"« Salut ! » a fait l'inconnu, en levant la main comme si on était de vieux copains. [...]
Un chien : voilà la première pensée qui m'est venue. Il ressemblait vraiment à un chien, avec son visage boudeur et ses cheveux en pétard. [...]
- C'est le père Todoroki qui m'envoie. Il m'a demandé de te faire visiter l'île. [...]
- Et, euh... C'est qui, ce Todoroki ? »
« Ben, tu ne te rappelles pas ? »
[...]
« L'île, dont vous parlez, elle se trouve où au juste ? »"
(page 8).
Cette île, dont personne n'a entendu parler, c'est Ogishima. Et notre héros y a été amené par le père Todoroki.
"Tu es venu de l'extérieur, Itô. Et ça fait cent cinquante ans qu'on a coupé les ponts. Ton arrivée va faire du bruit, crois-moi." (page 14).
L'île est totalement isolée du reste du monde... Totalement ?
"Cet ours de Todoroki, c'est le seul qui nous apporte des choses du monde extérieur : des chaises, des bus, et même des mots. Il a fini par nous ramener un être humain, aussi." (page 15).
Il ne faut pas chercher la description détaillée et réaliste d'une société qui, vivant en quasi-autarcie depuis la fin de l'époque d'Edo, aurait développé un système de gouvernance alernatif. Bien sûr, il y a une organisation en place, mais elle est très simple, et ce n'est vraiment pas cela qui intéresse l'auteur.
Notre héros commence à visiter l'île. Il rencontre notamment Yûgo. "Yûgo était un épouvantail, et il parlait." (page 24). "Yûgo savait que tu allais venir sur cette île », a dit Hibino. [...]
« Il a dit qu'il y a des épouvantails chez vous aussi, mais qu'ils ne parlent pas. »
Cette phrase m'a pris au dépourvu, et j'ai cligné les paupières." (page 25).
On apprendra l'origine de l'épouvantail, et pas mal de choses sur cette île bien curieuse.
"La « réalité », pour moi, c'était la sensation concrète que j'avais de me trouver en ce moment sur cette île, et je commençais à me faire à l'idée que je devais tout simplement suivre cette sensation. Folie et acceptation. Devenir fou et accepter la situation, cela se ressemblait." (page 49).
Dans ce roman, il y a aussi un méchant très, très méchant, le Shiroyama dont ne rêvait pas notre héros au début du roman. C'est un flic plus que méchant : un sadique.
Et puis, il y a aussi Jean-Jacques Audubon, celui du titre du roman. Il n'intervient bien sûr pas personnellement, parce qu'il est décédé depuis pas mal de temps.
"- Jean-Jacques Audubon, également connu sous le nom de John James Audubon. Un Américain d'origine française, qui a publié un livre de dessins d'oiseaux grandeur nature intitulé Les Oiseaux d'Amérique, il y a plus de cent ans." (page 119).
A noter (source wikipedia : "Le 7 décembre 2010, un exemplaire de Birds of America s'est vendu 8,6 millions d'euros chez Sotheby's, à Londres. Un autre exemplaire avait déjà été adjugé pour 7 millions d'euros en 2000.")
On (enfin, moi, au moins) apprend aussi des choses sur le pigeon migrateur (également nommé Tourte voyageur, ou Colombe voyageuse ; à ne pas confondre avec le pigeon voyageur), espèce disparue depuis le 1er septembre 1914, à 1 heure de l'après-midi, en Ohio.
"John James Audubon - né Jean-Jacques Audubon - avait vu pour la première fois une colonie de pigeons migrateurs traverser l'Etat du Kentucky en 1813. Le ciel était obscurci comme par une éclipse. Les battements d'ailes résonnaient sans discontinuer et à force de les écouter, il avait senti le sommeil le gagner, avait noté Audubon. Il avait été profondément ému par la vue de cette gigantesque nuée, couvrant le ciel comme un tapis, faisant pleuvoir une invraisemblable quantité de fientes. Durant trois jours consécutifs, les pigeons avaient défilé au-dessus de sa tête." (page 169). Ces oiseaux volaient par groupes de plusieurs milliards.
"Leur chair était bonne à manger. [...]
"Trois jours durant, des chasseurs s'étaient succédé sous le ciel traversé par un vol incessant de pigeons. La voûte au-dessus de leurs têtes était entièrement couverte de pigeons. Rien de plus facile que de les abattre : il suffisait de tirer en l'air." (pages 169-170).
On pourra lire sur wikipedia des détails sur le comportement de cet oiseau, par exemple :
"Les deux parents participaient à la couvaison d'un unique œuf, et les adultes prenaient soin de leur poussin jusqu'à ce qu'il ait deux semaines. Alors, brusquement, les parents s'en vont, abandonnant dans son nid le juvénile bien dodu. Après avoir appelé en vain un certain temps, le jeune se laissait tomber au sol et prenait finalement son envol trois jours plus tard."
... ainsi que sur son extinction, qui paraissait impensable au XIX° siècle :
"On organisa des compétitions de chasse dont l'une d'elles offrait une récompense aux chasseurs qui abattaient plus de 30 000 oiseaux."
Mais revenons au roman.
Prenez différents personnages tous fortement typés (et donc à la profondeur psychologique limitée, quasiment de la BD du type Tintin) : le peintre qui dit toujours le contraire de la vérité, le facteur, la marchande obèse (et c'est un euphémisme), etc. ; ajoutez-y un épouvantail parlant qui prévoit l'avenir, un chat qui grimpe dans un arbre quand il va pleuvoir, et tout un tas de choses qui, comme pour le narrateur, prennent le lecteur au dépourvu, un jeune homme qui rend la justice à coups de fusil... et plein d'autres étrangetés dont on ne parlera pas ici, parce que ce serait vraiment gâcher le plaisir.
Donc, avec tout cela, vous obtenez une drôle d'histoire, intrigante, plus ludique que réelle, qui se déroule dans un monde plus simple que le nôtre, une histoire dont il suffirait de mettre les pièces du puzzle dans le bon ordre pour tout comprendre (d'accord, c'est parfois tiré par les cheveux).
Ce n'est évidemment pas de la grande littérature, mais c'est un roman de divertissement vraiment intéressant, très agréable à lire, dont les pages se tournent presque toutes seules : comment tout ceci va-t-il finir ? comment tous ces éléments qui paraissent vraiment très bizarres vont-il finir par s'emboîter ?
Voici quelques dessins d'Audubon (1785-1851), parmi lesquels, tout à gauche, les fameux pigeons migrateurs maintenant disparus et, tout à droite, le flamant rose dont un détail illustre la couverture :
- Pierrot-la-Gravité (Jûryoku pirero, 2003). Traduit en 2011 par Corinne Atlan. Editions Philippe Picquier. 466 pages.
Nos héros sont deux frères, ou plus exactement deux demi-frères.
L'aîné s'appelle Izumi, c'est le narrateur. Son petit frère se nomme (enfin, ce sont les autres qui le nomment, lui s'appelle rarement) Haru. Il est né du viol de sa mère. Sa mère et son mari (le père d'Izumi, donc) ont décidé de le garder.
Il est arrivé un âge où il a appris la vérité...
"Il y avait même des gens pour estimer qu'un viol, ce n'était pas si grave. Il y en a plus qu'on ne croit, parce que beaucoup ne le disent pas mais le pensent très fort." (page 25). Ça n'est hélas pas faux... il n'y a qu'à se rappeler le fameux "il n'y a pas mort d'homme" de Jack Lang, et le "troussage de domestique" de Jean-François Kahn, suite à une certaine affaire dans un Carlton...
Mais revenons au livre.
Nombreux sont ceux qui n'ont pas compris comment le père a pu décider de garder et élever un enfant issu du viol de sa femme. Toujours est-il que les deux frères, élevés ensemble, sont devenus très liés.
Leur mère est décédée alors qu'ils étaient encore jeunes. Les années ont passé. Le père est tombé malade, il a un cancer. Il est à l'hôpital. L'histoire commence.
Izumi (le fils aîné, donc, et également narrateur) travaille dans une société de tests génétiques (vérification de filiation, détection de maladies génétiques...). Haru, lui, ne semble pas avoir de travail bien stable. Pourtant, il est très doué, intelligent. Mais on conçoit bien que la connaissance de son passé l'ait un peu perturbé.
Il a des talents cachés, notamment le dessin.
"Il a surpris tout le monde autour de lui, en déployant soudain des talents insoupçonnés pour le dessin, tout en étant gardien de but dans l'équipe de basket du lycée." (page 71).
Eh oui, c'est très impressionnant. Enfin, je ne sais pas ce qui est le plus incroyable : ses talents de dessinateur, ou sa capacité à être gardien de but au basket. Y a-t-il un relecteur dans la salle ? Ou bien s'agit-il d'une façon subtile de dire que l'on est dans une réalité alternative ?
Mais revenons au livre.
Haru sait dessiner, mais pour le moment, il gagne sa vie en effaçant les tags avec un super produit. Et, ces derniers temps, d'étranges tags apparaissent, proclamant par exemple (en anglais) : "God can talk". Etonnant, non ? Et, phénomène encore plus incroyable, une série d'incendies déclenchés par un mystérieux pyromane serait liée à ces tags !
In-croy-able. Unbelievable.
Nos deux frères, ainsi que leur père à l'hôpital, se passionnent pour cette étrange énigme. Le lecteur aussi, en tout cas un temps.
Parce que ça papote, ça papote, ça parle un peu littérature avec des conversations sur Akutagawa, Dostoievski, et Bataille, cinéma avec Gaspard Noé (!), peinture avec Van Gogh et Tarō Okamoto, musique
avec Roland Kirk et son album Volunteered Slavery, que l'on va d'ailleurs écouter comme les deux frérots et leur père (et admirer la manière dont il joue de plusieurs instruments à la fois, voir vers 1'10) :
"- Ce type, il devait aimer le jazz et la musique plus que tout au monde, a ajouté papa en hochant la tête.
- Les choses les plus graves, il faut les transmettre joyeusement, a dit Haru en détachant les mots, sans paraître s'adresser à personne en particulier. Comme si on faisait des claquettes en portant un lourd fardeau sur son dos. » J'ai trouvé que ça sonnait comme de la poésie, et sa phrase suivante m'a encore plus impressionné : « Quand un clown saute d'un trapèze dans les airs, sous le chapiteau d'un cirque, il oublie la loi de la gravité et tout ce genre de choses. »" (page 104).
Et là, hop, flashback.
"La phrase de Haru a instantanément ravivé un souvenir qui était resté enfoui en moi pendant plus de vingt ans." (page 105).
Il y aura beaucoup de flashbacks au cours du roman, mais encore plus de discussions, on pourrait dire de parlote.
Par exemple, un passage représentatif, dans lequel le narrateur parle avec Kurosawa, un détective.
"- [...] En fait, officiellement, j'ai une autre profession. Détective, c'est pour ainsi dire un travail d'appoint.
- Détective, comme occupation secondaire, ai-je dit, admiratif devant cette façon originale de mener sa vie professionnelle. Mais vous devez bien avoir une assistante, et un bureau avec des employés ?
- Non, je travaille seul.
- Même les Beatles étaient quatre.
- Justement, ils ont fini par se séparer. Ça n'est jamais arrivé à Bob Dylan. Lui, il reste éternellement lui-même.
- Vu comme ça, vous n'avez pas tort. »" (page 174).
Oui, enfin, le Dylan accoustique est-il le même que le Dylan électrique, c'est une question que l'on peut se poser. Toujours est-il que le dialogue est ludique, et pas réaliste pour un sou.
A part ça, on s'amuse un peu lorsque, après un incendie, Izumi parle d'une "voix un peu éteinte" (page 208).
Parfois, une remarque sonne juste : "La sécurité, où qu'on aille, il n'y a plus que ça qui compte, de nos jours." (page 242), mais ça ne fait que nous dire ce que l'on sait déjà.
Après, le lecteur français de base (moi) se pose des questions sur sa connaissance de la littérature japonaise. En effet, on lit, à propos de La Salamandre (de Ibuse Masuji) : "C'est le premier roman pour adultes que j'ai lu de ma vie" (page 266). C'est une "fille canon" (elle ressemble à Audrey Hepburn, c'est dire) qui parle. C'est bizarre. Déjà, La salamandre fait 9 pages en format poche, donc pour un roman, c'est un peu court (jeune homme). Ensuite, la quatrième de couverture de La Salamandre (chez Picquier, tout comme le roman d'Isaka Kôtarô) dit : "C'est La Salamandre - que les enfants japonais lisent dans leurs livres d'école -...". Donc, ce n'est pas pour adultes ? Ou bien je n'ai rien compris ?
D'accord, je chipote. Si ça se trouve, c'est la fille canon qui n'y connaît rien. On ne peut sans doute pas tout avoir dans la vie, ressembler à Audrey Hepburn et maîtriser l'oeuvre d'Ibuse Masuji.
Bon, et l'histoire, que vaut-elle ? Eh bien, elle est tirée par les cheveux. Vraiment. Autant La Prière d'Audubon tenait la route avec son atmosphère, son irréalité qui n'était pas gênante (dans un monde qui n'existe quasiment pas - mais dont on cherche à deviner les liens avec notre monde à nous -, comment s'offusquer qu'il s'y passe des choses incroyables, et que la psychologie soit un peu limitée, simplifiée ?), autant dans Pierrot-la-Gravité, on attend des choses tout aussi incroyables mais qui entreraient dans le cadre d'un univers quotidien. Le début est franchement intrigant, cette histoire de tags dont on cherche à comprendre le sens, le pourquoi du comment... ces incendies mystérieux...
En fait (sans parler de la fin du roman), ça n'est finalement pas vraiment incroyable, juste très tarabiscoté, et on n'y croit jamais.
C'est donc un livre de détente un peu long, ludique (mais avec passages éducatifs pour les lecteurs, qui en ressortiront un peu plus savants sur la génétique, s'ils avaient oublié d'écouter pendant les cours de bio), mais loin d'être marquant.
Il est en dessous de La Prière d'Audubon, avec qui il partage tout de même des caractéristiques : nombreuses digressions culturelles (pas forcément inintéressantes), dialogues très (trop) nombreux, psychologie limitée, un peu naïve. Peut-être l'auteur est-il plus à l'aise dans le fantastique.
- La Mort avec précision (Shinigami no seido, 2005). Roman traduit en 2015 par Corinne Atlan. Philippe Picquier. 404 pages.
Le roman est composé de six histoires différentes ("La Mort avec précision", "La Mort et le yakuza", "La Mort en voyage", ...) mais qui ont parfois des liens, puisque le narrateur est le même, et que ces six histoires sont autant de missions.
"Je n'ai pas vérifié en détail, mais en principe pour cette mission j'ai une apparence susceptible de plaire à une jeune femme. Le service de renseignements m'a expliqué que j'étais un jeune homme dans les vingt-cinq ans, du genre mannequin pour magazines de mode masculine. C'est le service qui décide de notre âge et de notre apparence extérieure, en fonction de chaque enquête, dans le but de nous forger un personnage apte à nous faciliter la tâche." (pages 11-12).
En quoi consiste la mission de notre héros ? Eh bien, il doit déterminer si la personne sur laquelle il est chargé d'enquêter est apte à décéder ou s'il faut lui accorder un délai supplémentaire, auquel cas elle est "ajournée". Mais notre héros ne s'occupe que de cas de morts violentes. Un autre service doit très certainement s'occuper des maladies. Pendant la durée de l'enquête (quelques jours) la personne ne peut pas mourir. Dommage qu'elle ne le sache pas !
Notre héros-narrateur s'appelle Chiba, et ce quelle que soit son apparence. Dans la première histoire, il fait la connaissance d'une jeune femme employée au service des plaintes d'une grande société. Elle n'est pas particulièrement jolie, ce qu'elle sait de façon très aiguë. Elle entend des récriminations toute la journée, sans compter qu'un client la harcèle depuis peu !
"- C'est trop horrible, renchérit-elle en baissant la tête, après quoi elle me regarde d'un oeil éteint et ajoute avec un faible sourire : A tel point que je voudrais mourir.
J'ai failli pousser une exclamation. T'inquiète, je vais exaucer ton voeu." (page 19).
Comme dans les livres précédents de l'auteur, ce roman comporte de très nombreux dialogues. Toutefois, ce n'est pas gênant, il n'y a pas trop d'impression de remplissage. C'est en parlant que Chiba va connaître les gens sur lesquels il doit rendre un jugement.
"Les gens dont nous sommes chargés nous parlent souvent d'eux-mêmes de la mort, sans qu'on cherche à les aiguiller sur le sujet. Ils font étalage de leur peur, de leur fascination ou de leur érudition sur le sujet, selon les cas, mais ils en parlent tous, en cherchant leurs mots, avec la même contenance que s'ils plongeaient le regard dans des ténèbres de plus en plus profondes, depuis l'obscurité d'impénétrables fourrés.
Il paraît que c'est parce qu'ils devinent inconsciemment qui nous sommes réellement. On me l'a enseigné durant un stage : « Le dieu de la Mort donne aux humains la prémonition de leur mort. »" (page 21).
Contrairement à de nombreux collègues, Chiba mène une enquête approfondie : il a une vraie conscience professionnelle. Mais il a un point commun avec la quasi totalité de ses collègues : il passe le plus clair de son temps chez les disquaires à écouter de la musique. Ah ! Quel bonheur que la musique !
Il y a quelques petites choses qu'on a du mal à croire. Ainsi, ce grand producteur de musique qui n'a jamais entendu parler de Kathleen Ferrier... C'est plutôt pour l'édification du lecteur qu'il est ainsi ignorant de ce qui touche à son métier (un procédé qu'on trouve également souvent chez Murakami Haruki).
Les missions sont agréablement variées, mais on n'est pas dans le néo-réalisme, il y a souvent un côté naïf un peu BD (d'accord, un certain type de BD). Le livre est quand même l'occasion d'avoir quelques observations naïves (donc objectives ?) des moeurs et habitudes humaines (par exemple : '[...] les hommes aimaient bien comparer tout et n'importe quoi à l'existence humaine", page 334).
C'est donc un livre très lisible, et qui se lit très vite (les dialogues abondent, et le lecteur n'a pas besoin de beaucoup réfléchir : les éléments importants sont répétés), avec une atmosphère originale (même si on pense souvent à la série Dead Like Me).
Adaptations au cinéma :
-Yôki na gyangu ga chikyû o mawasu (2006), réalisé par Maeda Tetsu.
- Children (2006), réalisé par Minamoto Takashi.
- Ahiru to kamo no koinrokkâ (2007), réalisé par Nakamura Yoshihiro.
- Suwîto rein: Shinigami no seido (2008), réalisé par Kakei Masaya. Avec Kaneshiro Takeshi.
- Fisshu sutôrî (2009), réalisé par Nakamura Yoshihiro.
- Rasshu raifu (2009), réalisé par Mariko Tetsuya,
Nishio Mai,
Nohara Tadashi et
TôyamaTomoko.
- Jûryoku piero (2009), réalisé par Mori Junichi. Plusieurs récompenses pour son interprétation.
- Gôruden suranbâ (2010), réalisé par Nakamura Yoshihiro.
- Film à venir réalisé par Nakamura Yoshihiro, d'après une nouvelle d'Isaka Kôtarô.