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ITOYAMA Akiko

(Tokyo, 22/11/1966-)

itoyama akiko

"Après des études en sciences économiques et politiques à l'Université de Waseda, elle est employée chez un fabricant d'équipements domestiques. Elle commence à écrire son premier roman lors d'un arrêt maladie. Après avoir démissionné de son poste en 2001, elle est distinguée par de nombreux prix." (cf le site de JLPP http://www.jlpp.com/itoyama-akiko.html )
Elle a reçu le prix Akutagawa en 2005 pour J'attendrai au large. (que l'on trouve en français dans le livre La Gratitude au travail).

"En raison de ses nombreux déplacements dans le pays, elle maîtrise plusieurs dialectes qu'elle utilise dans ses écrits." dit la quatrième de couverture du Jour de la Gratitude au Travail.

le jour de la gratitude au travail

Le Jour de la Gratitude au Travail. Traduit du japonais par Marie-Noëlle Ouvray. 101 pages, Philippe Picquier.

"Plusieurs fois nommée pour le prix Akutagawa, elle le remporte en 2006 avec Le Jour de la Gratitude au Travail" lit-on sur le rabat de la quatrième de couverture.
En fait, c'est faux.
Le Jour de la Gratitude au Travail a été nominé au 131° Prix Akutagawa, mais ne l'a pas obtenu.
Par contre, le deuxième récit inclus dans le recueil, "J'attendrai au large", a bien obtenu le 134° prix Akutagawa. En 2005, pas en 2006.

Alors : Philippe Picquier, pourquoi raconter n'importe quoi ? Le titre était plus vendeur que "J'attendrai au Large" ?
Franchement ? Comment, après ça, croire ce qu'on lit ?

M'énerve.

Bref.

Ce recueil contient donc deux récits, et deux aspects du monde du travail.

1/ Le Jour de la Gratitude au Travail (Kinrou Kansha no Hi)
"Le Jour de la Gratitude au Travail, qu'est-ce que vous voulez qu'il me fasse, c'est un jour comme les autres pour les sans-emplois. Ou alors vous allez peut-être me dire de remercier humblement la société ? Faut pas pousser, moi aussi j'ai bossé longtemps et les impôts, c'est pas avec le dos de la cuillère qu'on s'est servi non plus. Les allocations chômage auxquelles vous avez droit en fonction du travail passé, par contre, elles sont si faibles et durent si peu de temps que c'est à vous donner envie de hurler. Bien sûr, je suis reconnaissante à ma mère de me laisser habiter avec elle." (page 7).
Le ton est donné : notre héroïne, Kyôko a son franc parler. Elle a trente-six ans, et toujours pas casée (ooohhhh).
Elle a démissionné parce que son patron prenait un peu trop de libertés : tripoter sa mère après la veillée funèbre du père, ça a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Sa main baladeuse, elle connaissait, mais là, fallait pas pousser. Elle a vu rouge, elle a frappé.

Le monde du travail, pour les femmes, ce n'est pas vraiment ça. Pas de vraies perspectives, surtout pour notre héroïne qui n'a "aucun diplôme à part l'anglais et des filles bonnes en anglais, il en sort des cargaisons chaque année. En plus, l'anglais, il ne m'a jamais servi dans l'entreprise." (page 35).
Une gentille personne lui organise une rencontre, ou plutôt un "déjeuner tardif" avec quelqu'un qui cherche à se marier.
Inutile d'en dire plus sur ce sujet, ce serait gâcher un bon moment.
A part ça, elle est un peu véner, Kyôko. Par exemple cette manie de mettre plein de décorations lumineuses à Noël, ça consomme de l'électricité pour rien. Pas écolo, tout ça.
"Et puis je me dis aussi que ceux qui rendent la société d'aujourd'hui de plus en plus vulgaire sont de ma génération. Il n'y a qu'à voir l'évolution des prénoms des enfants du primaire, ça saute aux yeux, ce que fabrique cette génération de merde." (page 26).

Ce récit est une vision très désabusée du monde du travail pour les femmes.
Lorsqu'elle s'est fait embaucher, elle a cru que c'était parce qu'elle était meilleure que les autres.
"Une fois engagée et mon affectation décidée, je suis allée saluer mon chef et son premier mot a été
« Sachez tirer parti du fait que vous êtes une femme dans votre travail. » C'est là que j'ai fini par comprendre. J'étais un chien qui ne pensait pas en être un. J'avais grandi comme un chien errant mais j'étais en réalité un toutou de compagnie. Avec le recul, j'imagine que nos chefs devaient se suer à chercher à quoi occuper les emplois généraux féminins
." (les emplois généraux, ce sont des emplois plus qualifiés que les "emplois courants", nous explique une note). (page 33)

On rencontre une jolie expression, page 43. Kyôko entre dans un bar :
"Viril, le patron. Je lui demande de la crasse de ses ongles avant de partir ?" petite note de la traductrice : "Se faire une infusion de la crasse des ongles de quelqu'un est une locution proverbiale qui exprime l'admiration et le souhait de faire siennes les qualités de cette personne."

Un récit assez vif, tristement amusant, mais qui ne laisse pas grande trace.

2/ J'attendrai au large (Oki de matsu ; 沖で待つ). Prix Akutagawa 2005.
On est encore dans le monde du travail, mais plutôt côté implication à 200% dans le boulot. Un peu comme la théorie Y de Douglas McGregor.
Itoyama Akiko commence sur une note de fantastique tendance Yoshimoto Banana, mais en mieux (espère-t-on). Elle se rend dans l'appartement vide de Futo, un collègue à elle. Il est là, mais sans savoir ce qu'il y fait, dit-il avec un hoquet.
"[…] ça m'a fait un effet inexprimable.
Car enfin, Futo était mort trois mois plus tôt
" (page 51).
Tadaaam !
Flashback.

La narratrice, Oikawa, entre chez un fabricant d'équipement ménager et sanitaire en même temps que Futo, un homme "rond" qui va bientôt devenir vraiment gros. Tous les deux sortent d'une université de Tokyô, et tous deux sont envoyés à Fukuoka.
"J'ai eu le cafard durant les trois semaines de formation commerciale et de stage en usine qui ont suivi l'annonce de mon affectation par la direction du personnel. Quand j'allais boire le soir, je dépassais pas mal la mesure." (page 52).
Finalement, Fukuoka, c'est pas mal du tout. Difficulté à s'intégrer en province, difficulté à s'intégrer dans un milieu masculin… Mais Oikawa va y faire son trou (même si elle sait qu'elle peut être mutée n'importe où à n'importe quel moment). Les gens sont globalement sympas.
Plus que l'histoire de Oikawa, c'est plutôt celle de Futo.
Un drôle de type, Futo :
"L'argument de vente majeur de Futo, ce n'était ni l'affabilité ni l'adresse manuelle, c'était son don de transpirer en toute occasion. Les clients constructeurs et les gens du bâtiment faiblissent devant un représentant qui transpire. A le voir en plein hiver s'excuser en transpirant comme une fontaine, même un client qui ne décolérait pas jusque-là finissait par baisser pavillon. Quand nous le lui faisions remarquer, M. Soejima et moi, Futo nous répondait d'un air fâché :
- Vous pourriez vanter mon sincère dévouement à la tâche au lieu d'un simple phénomène physiologique.
" (page 60).
Oikawa et Futo sont très amis (mais seulement amis). Futo a un secret, il veut s'assurer que, si jamais il meurt brusquement, tout ce qui est compromettant pour lui sera détruit…

J'attendrai au large est moins une petite chose que Le Jour de la Gratitude au Travail. C'était un récit plus long, plus construit, plus intrigant.
De là à dire que c'est une œuvre marquante, il y a un précipice que je ne franchirai pas.

Peut-être pourra-t-on lire un jour d'autres oeuvres de l'auteur ?



Films d'après son oeuvre :
- Yawarakai seikatsu (2005), d'après Juste Histoire de Parler. Réalisé par Ryuichi Hiroki
- Tôbô kusotawake (2007), réalisé par Keita Motohashi.
- Bakamono (2010), réalisé par Kaneko Shusuke.
bakamono

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