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IZUMI Kyôka

(04/11/1873 - 07/09/1939 ; pseudonyme de Izumi Kyotaro)


Auteur de nouvelles, romans, pièces de théâtre et essais, Izumi Kyôka est né à Kanazawa dans un milieu artistique : son père était orfèvre et sa mère appartenait à une famille de musiciens et d'interprètes du théâtre Nô.
Sa mère mourut alors qu'il avait neuf ans, en 1882. C'est elle qui l'avait initié à la littérature grâce à des illustrés. Sans doute en partie à cause de ce traumatisme, les femmes seront très présentes dans son oeuvre.
Admirateur de l'écrivain Ozaki Kôyô, Izumi Kyôka part à Tôkyô en 1890 pour devenir son disciple, un an plus tard.
Il commence à publier des récits "à idées", présentant de grands problèmes (qui ne font pas toujours des grandes oeuvres), comme Loyauté et bravoure (1894), La ronde de l'agent de police (1895), La Salle d'opération (1895) ; puis, il s'oriente vers une création plus imaginaire et poétique, plein de romantisme et de surnaturel.

En 1900, il publie Le Saint du mont Kôya, qui est considéré comme son oeuvre majeure. Il se met en ménage avec une geisha et écrit de nombreuses oeuvres situées dans les quartier des plaisirs.
Izumi Kyôka a passé une grande partie de sa vie dans des conditions matérielles précaires ; il a souffert de graves problèmes de santé (béribéri, pneumonie, cancer du poumon qui finit par l'emporter).
Admiré d'auteurs considérables tels que Tanizaki ou Akutagawa, et plus tard Mishima, son oeuvre a connu un purgatoire qui a pris fin dans les années 1970, éclipse due à la guerre et au style de l'auteur, qui tient plus du XIX° siècle que d'un XX° américanisé, du fait notamment de l'emploi de kanji qui ne sont plus guère utilisés.

une femme fidèle

Une Femme Fidèle (124 pages, Picquier poche, contient deux nouvelles traduites par Elisabeth Suetsugu : Une Femme Fidèle, et L'Histoire de Biwa).
1/ Une Femme Fidèle (Bake ichô, 1896) est une nouvelle qui tient presque de la pièce de théâtre.
Le décor est d'abord planté, la maison décrite, pour ne plus avoir à revenir dessus. Puis vient la discussion entre Tei, la femme du titre, et un jeune homme, Yoshi. Cette discussion tient parfois du monologue au cours duquel Tei exprime ses frustrations.
Elle est un peu hystérique. "
J'en suis venue à haïr mon mari, sans trop savoir pourquoi" (page 47). Elle raconte notamment qu'il lui arrive de se mettre en colère contre sa fille, de la repousser brutalement.
Pourquoi ? Elle n'en sait rien. Tout ça, comme dans une chanson de Renaud, c'est la faute de la société, qui la juge avec des critères différents des siens, purs et innocents : "
Ce n'est pas la faute de mon mari, ce n'est pas non plus notre faute, ni la tienne ni la mienne, non, la responsabilité en incombe à la société" (page 56). Elle se rêve sans son mari, mais ne parvient pas à intégrer que c'est lui qui rapporte l'argent. Elle a perdu le sens des réalités.
La discussion permet de faire un résumé de la situation (comme dans une série américaine "previously in Une Femme fidèle"), et le lecteur ainsi mis au parfum peut assister à la fin de l'histoire.
A noter, page 83, une phrase bien curieuse : "
Tei était une femme, et son système nerveux devenait par moments défaillant." Faut-il y voir une constatation de portée générale que n'aurait pas désavouée Dostoïevski ? Je m'en garderai bien !

2/ La deuxième nouvelle, L'Histoire de Biwa (Biwa den, 1896) a des points communs avec la première dans le fond (le mariage malheureux d'une jeune femme, Tsû) et la forme, avec un style parfois proche du théâtre (certaines descriptions d'entrée en scène, comme par exemple : "
Une forme s'avance jusqu'au milieu de la pièce et la parcourt du regard sans s'asseoir, enfonce le menton dans le col. C'est Tsû, le regard éteint, le visage émacié, qui n'est plus que l'ombre d'elle-même", page 116).
Tsû, donc, est mariée à un homme jaloux, officier. Il a de quoi, car elle est amoureuse de Aimoto Kenzaburô, un jeune homme qui est mobilisé pour la guerre sino-japonaise.
Parviendra-t-il à la revoir avant de partir ? Cette nouvelle est nettement plus intéressante que celle qui donne son titre au recueil : moins manichéenne, des personnages qui ont de vraies motivations (et pas une absence totale de raisons dans leurs actes, justifiée par la pression de la société), un perroquet qui crie le nom de la bien-aimée, une "lune bleutée [qui] avait fait son apparition au-dessus des montagnes d'ébène".
Au final, une histoire rondement menée, poétique, qui n'affiche pas des prétentions sociales trop explicites mais qui, au bout du compte (du conte ?), en dit beaucoup plus.

femme ailée
Oeuvre en couverture : Ma Quan : Fleurs et insectes

La Femme Ailée (130 pages, Picquier poche, contient deux récits traduits par Dominique Danesin-Komiyama : La Femme Ailée, et Le Camphrier).
1/ La Femme ailée (Kechô, 1897) est l'histoire, racontée à la premère personne, d'un enfant qui vit seul avec sa mère. Ils vivent dans "
une guérite minuscule, guère plus grosse qu'une boîte" (page 31).
Là, loin de la ville, ils subsistent grâce au droit de passage d'un pont rudimentaire. De retour de l'école, il se précipite pour jouer dehors "
et, à mon retour, je prenais mon repas puis, allongé à mon aise, je parlais sans fin en contemplant le visage de ma mère - son beau visage distingué, si rassurant et paisible, quelque peu effilé, aussi, avec ses cheveux noués et son air gracieux... Je croyais avoir les yeux grand ouverts mais, à un moment ou à un autre, je devais glisser dans le sommeil et, au réveil, il fallait à nouveau se préparer en vitesse pour partir à l'école".
C'est un récit entre rêve et réalité. Il parle à sa mère de l'école, de ce qu'il a entendu. Animaux, nature, atmosphère ouatée, et une mystérieuse femme "
splendide, elle a de grandes ailes, de cinq couleurs, et elle vit dans le ciel" (page 72). Très beau récit.

2/ Dans Le Camphrier (Sanjakkaku, 1897), un jeune homme, Yokichi, scieur de bois de son état, part travailler le matin. Il quitte le bateau qui sert d'habitation à lui et à son père mourant. Ce dernier se refuse à manger du poisson, même s'il s'affaiblit. "
Si papa se demande comment on peut poser ses baguettes sur le cadavre qui repose là, dans l'assiette, s'il en a des frissons, il n'a peut-être pas tout à fait tort... Les feuilles du saule aussi souffrent, quand on les arrache avec les dents...".
Comme dans La Femme Ailée, la frontière entre l'homme et les animaux ou les arbres s'estompe. C'est un récit poétique, très bien écrit.
Un très bon recueil, nettement plus intéressant que Une Femme fidèle.



Egalement disponibles en français :
- Les Noix glacées (nouvelle, Anthologie de nouvelles japonaises, tome 1).
- La Ronde nocturne de l'agent de police (nouvelle, Anthologie de nouvelles contemporaines, tome II).


Films d'après son oeuvre :
- Le Pont Nihon (Nihon bashi, 1929), de Mizoguchi Kenji
- Le Fil blanc de la cascade (Taki no shiraito, 1933), de Mizoguchi Kenji
- Osen aux cigognes de papier (Orizuru Osen, 1935), de Mizoguchi Kenji
- Shirasagi, 1941, de Shimazu Yasujiro
- Onna keizu, 1942, de Makino Masahiro
- Zoku onna keizu, 1942 de Makino Masahiro
- La Lanterne du chant (Uta-andon, 1943), de Naruse Mikio, le réalisateur de Nuages flottants ou encore de Le Grondement dans la Montagne, d'après Kawabata.
- Le Pont Nihon (Nihon bashi, 1956) de Kon Ichikawa, le réalisateur de la Harpe Birmane.
- Byakuya no yojo, 1958, de Takizawa Eisuke
- Le Héron Blanc (Shirasagi, 1958), de Kinugasa Teinosuke, réalisateur connu pour son film La Porte de l'Enfer (Jigokumon,1953), Palme d'Or à Cannes en 1954.
- La Lanterne (Uta ando, 1960) de Kinugasa Teinosuke
- Midaregami, 1961 de Kinugasa Teinosuke
- Onna keizu, 1962 de Misumi Kenji
- Collections privées, partie "Kusa-Meikyu" réalisée par Terayama Shuji 1979. Itami Juzo, le réalisateur de Tampopo, y fait l'acteur.
- Yashagaike , 1979 de Shinoda Masahiro, avec Bando Tamasaburo (voir plus bas).
- Brume de chaleur (Kageroza, 1981) du sulfureux réalisateur Suzuki Seijun
- Kusa-meikyu, 1983, de Terayama Shuji, avec Juzo Itami acteur.
- La Salle d'Opération (Gekashitsu, 1992) de BandoTamasaburo
- Tenshu monogatari, 1995 de et avec Bando Tamasaburo

On pourra lire un très intéressant commentaire concernant notamment la traduction en anglais de l'oeuvre de Izumi Kyôka sur le blog de Pollano , ainsi qu'un lien pour télécharger en anglais The Holy Man of Mount Kôya.

 

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