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KUROYANAGI Tetsuko

(Tokyo, 09/08/1933 -)



Kuroyanagi Tetsuko est née à Tokyo en 1933 d'un père violoniste de talent.
Elle est actrice, et surtout présentatrice d'un talk-show qui dure depuis 1975...
Elle a acquis une reconnaissance internationale grâce à un roman autobiographique, Totto-chan (1981). Depuis, elle met sa notoriété au service de nombre de bonnes causes (Unicef, WWF, etc.).
Ambassadrice de bonne volonté de l'Unicef pendant plusieurs années, elle est allée dans de nombreux pays pris dans des conflits (en ex-Yougoslavie, en Afrique...).
Elle s'investit également dans le théâtre pour les sourds.

Totto Chan

Totto-Chan, la petite fille à la fenêtre (Madogiwa no Toto-chan, 1981, 289 pages, Presses de la Renaissance, traduit par Olivier Magnani).
Ce roman, qui se veut autobiographique, s'est vendu à plus de six millions d'exemplaires.
"
Tout ce que j'y décris s'est réellement passé. Je n'ai rien inventé. Il m'a suffi de puiser dans mes souvenirs - et par chance, il m'en restait beaucoup", écrit Kuroyanagi dans sa postface (page 263).

L'histoire se déroule dans les années 1940 à Tokyo.
L'héroïne est une petite fille impulsive, imaginative, intrépide : elle se précipite à la fenêtre lorsqu'elle voit des musiciens de rue passer, ouvre et referme son pupitre sans arrêt... bref, elle ne tient pas en place, elle est insupportable mais ne s'en rend pas compte. Son comportement passe mal dans son école.
"
Si la mère de Totto-chan était tellement inquiète au moment de franchir le portail de ce nouvel établissement c'était parce que sa fille venait de se faire renvoyer de son école primaire... Et ce, dès la petite classe !" (page 14).
Eh oui, elle se fait renvoyer, mais n'en est pas consciente.
Sa mère lui trouve donc une autre école, et là... ta-dam ! Elle arrive dans un établissement hors-norme de type "Cercle des Poètes disparus, section primaire".

"
Au début de la première heure, l'institutrice écrivait au tableau la liste des points à étudier dans toutes les matières au programme ce jour-là. « Allez-y, commencez par ce qui vous plaira », disait-elle ensuite. Les élèves commençaient donc par la matière de leur choix - celui-ci le japonais, celui-là le calcul - sans que cela pose le moindre problème. Ainsi, dans une même classe, un amateur de composition pouvait être occupé à rédiger son texte tandis que, juste derrière lui, un autre élève, féru de sciences physiques, essayait de provoquer quelque explosion en portant à ébullition le contenu d'un tube à essais au-dessus d'un brûleur. Cette méthode de travail était idéale pour les enseignants, car elle leur permettait de savoir précisément ce qui les intéressait, la façon dont ils s'y intéressaient, leur façon de voir les choses, leur personnalité - en un mot, de mieux les connaître." (pages 42-43).

L'histoire est nimbée de bonheur, de la joie simple d'un monde disparu. Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil :
"
- Les enfants, dit alors [leur institutrice], vous avez bien travaillé, ce matin. Qu'aimeriez-vous faire, cet après-midi ?
Avant même que Totto-chan n'ait eu le temps de réfléchir, tous les autres élèves s'écrièrent :
- Une balade !
[...]
De chaque côté du cours d'eau se dressaient, en un couloir interminable, d'immenses cerisiers, en pleine floraison quelques jours plus tôt encore. Et tout autour, à perte de vue, s'étendaient des champs de colza en fleur. Aujourd'hui, la rivière a disparu sous un remblai et chaque parcelle de terrain est envahie par les H.L.M. et les magasins, mais à l'époque, Jiyû-ga-oka n'était constitué, en grande partie, que de champs.
- Nous allons au Temple de Neuf Bouddhas ! dit la fillette au lapin sur sa robe.
Elle s'appelait Sakko-chan.
- L'autre jour, près de l'étang du temple, j'ai vu un serpent ! expliqua-t-elle ensuite. Et il paraît qu'une étoile filante est tombée dans le vieux puits.
En marchant, chacun parlait de tout et de rien. D'innombrables papillons virevoltaient sous le ciel bleu.
" (pages 54-55).
L'institutrice profite de la sortie pour expliquer aux enfants une foule de choses sur les fleurs, les papillons, etc., preuve que l'on peut joindre l'utile à l'agréable, et que l'on peut enseigner autrement que de manière purement théorique devant un tableau noir.

Les réactions de Totto-chan sont décrites avec une fraîcheur naïve, ce qui n'empêche pas la Kuroyanagi Tetsuko d'aujourd'hui de percer, au-delà des années, les motivations profondes de ce type d'enseignement.
Le directeur, sorte de Robin Williams nippon en plus théoricien, "
reprochait à l'éducation contemporaine, trop axée sur les mots, d'avoir rendu les enfants incapables de percevoir la nature de façon instinctive, d'entendre Dieu leur parler à l'oreille, en un mot, de ressentir l'inspiration divine.
« Une grenouille qui saute dans un étang : qui n'a jamais assisté à pareille scène ? Pourtant, seul Bashô a pu écrire :

Le vieil étang
Une grenouille plonge
Le bruit de l'eau !


Et avant Watt et Newton, qui dans le monde entier n'avait jamais vu de la vapeur s'échapper d'une bouilloire ou une pomme tomber d'un arbre ? »
Le directeur rappelait alors la célèbre formule : «
Rien n'est plus à craindre en ce monde que d'avoir des yeux incapables de voir la beauté, des oreilles incapables d'apprécier la musique, un esprit incapable de saisir la vérité et un coeur incapable de s'enflammer ». C'est là sans doute ce qu'il cherchait à éviter en incluant la rythmique au programme de l'école.
Totto-chan, quoi qu'il en soit, était heureuse au plus haut point de pouvoir courir et sauter dans tous les sens, pieds nus, comme Isadora Duncan, et avait bien du mal à croire que cela faisait aussi partie des leçons de la journée !
" (pages 111-112)

On pourra trouver un peu curieux, page 184, de lire à propos d'un professeur : "
Celui-ci avait une frange, un peu comme une femme coiffée à la Mireille Mathieu [...]". Est-ce pour le public français ?


En résumé : un livre très sympathique, plein de bons sentiments sans être niais, une petite fille très kawai qui se met dans des situations impossibles (dès qu'elle voit un journal traîner par terre, elle saute dessus... sans savoir ce qu'il cache !), bref une bonne alternative à la morosité ambiante et à tous les livres truffés de psychopathes et autres seriôôl killers.


Autre livre non traduit en français :
- Les enfants de
Totto-chan, qui relate l'expérience de l'écrivaine au service de l'Unicef.

Film d'après son oeuvre :
- Totto-Chan (Totto Chanel, 1987), réalisé par Omori Kazuki. Plusieurs nominations et récompenses dans des festivals.


Divers :
Kuroyanagi Tetsuko a prêté sa voix à plusieurs films (Arabian naito: Shindobaddo no bôken - 1962- , Hanaori - 1968- ...)
Elle est actrice dans le film Sama soruja (1972), réalisé par Teshigahara Hiroshi.

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