Littérature Japonaise
-> retour Japon <-
|
- J'étais un Kamikaze (publié en 1957). Editions Jourdan. 256 pages. Signé par Yasuo Kuwahara et Gordon T. Allred. Allred écrit que, deux ou trois ans après la publication du livre la femme de Kuwahara décéda de leucémie. Kuwahara s'installa avec son fils près d'Hiroshima où il avait hérité d'une orangerie. Il se remaria et eut trois autres enfants. Il se lança dans la photographie. Il est décédé en 1980. Robert M.Hodge dit avoir perçu des échos de l'impressionnisme et la psychologie de Stephen Crane (La Conquête du Courage), le sentiment de tragédie finale d'Erich Maria Remarque (A l'Ouest, rien de nouveau), les vignettes réalistes d'Hemingway (son recueil De nos jours - In our time), et même L'Etoffe des Héros de Tom Wolfe (écrit en 1979) ; "J'étais un Kamikaze" étant plus que ces simples échos, un livre bien fait, mais sujet à controverse : ce qu'il raconte est-il vrai, ou bien n'est-ce qu'une supercherie ? En 2000, dans le cadre de la préparation d'un film consacré aux Kamikazes, des recherches eurent lieu. À cette occasion, deux hommes affirmèrent que Kuwahara avait raconté des histoires, qu'il n'avait été qu'un étudiant parmi d'autres qui avait travaillé sur une base militaire pendant l'effort de guerre. Dans une édition récente, en 2007, Allred consacre quelques pages à une "Explication vitale". Il dit ne jamais avoir eu la moindre raison de douter de quoi que ce soit de ce que Kuwahara a raconté, qu'il répondait à n'importe quelle question, quelle que soit sa difficulté ou sa technicité, ne se contredisant jamais.Que ce soit vrai ou non, le livre est cohérent avec la réalité historique, écrit Allred en 2007. L'éditeur de la version remaniée par Allred pour améliorer la qualité littéraire ajoute que de toute façon, l'objectif initial n'était pas de faire un documentaire académique pour la recherche historique, mais une oeuvre de littérature. De plus, le livre a été traduit en japonais et publié sans que personne ne dise qu'il s'agissait d'une supercherie ; il ne doit donc de toute façon pas être bien loin de la réalité. Il y a au moins dix problèmes ou incohérences (dates, type d'avions, noms de kamikazes ne figurant pas dans les archives japonaises qui sont maintenant plus facilement accessibles que dans les années cinquante...) mentionnés sur la page : http://www.kamikazeimages.net/books/fiction/kuwahara/kamikaze.htm et qui font, pour moi, pencher la balance en faveur de la fiction.
"Ce fut à l’âge de quinze ans que me revint la grave mission d’incarner à mon tour les traditions d’honneur militaire du Japon. Je venais de remporter le championnat national de vol à voile. Notre héros devient champion de vol à voile de l'Empire nippon, gloire à lui ! Du coup, il reçoit bien vite la visite d'un Capitaine de l'Armée de l'air impériale. Les nouvelles recrues se font frapper à coups de bâton.
"Laissez donc toutes ces notions d’honneur et de gloire ! Il n’y a rien d’honorable dans le fait de mourir pour une cause perdue !" dit la mère d'un ami qui a eu la jambe déchiquetée. En effet, ce code de l'honneur, qui pousse au sacrifice même en sachant qu'il est parfaitement vain, n'est-il pas une perversion du code du Samouraï ? N'y a-t-il pas plus de mérite à survivre ? (C'est un des thèmes du livre Le Masque du Samouraï, d'Aude Fieschi). "L’idée d’envoyer délibérément à la mort des milliers de nos soldats germa dans l’esprit du colonel Motoharu Okamura, de la base aérienne de Tateyama. Son plan fut présenté en secret au vice-amiral Takijiro Onishi et fut plus tard approuvé par le Dahonei. On va assister à quelques duels aériens. Puis, la situation ne s'améliorant pas pour le Japon, il va y avoir de plus en plus de kamikazes. Les pilotes vivent en attendant le moment où ils recevront l'ordre de mourrir. Notre héros a pour mission de les escorter vers la cible et de revenir pour faire le compte-rendu. C'est un livre très intéressant (par exemple, les réactions entre les partisans de la guerre à tout prix et les autres, plus modérés, notamment lors de la reddition), prenant, même si on peut avoir de sérieux doute sur la véracité de tout ce qui est relaté (la fin est un peu "too much" : notre héros se trouve à Hiroshima lors du largage de la Bombe... D'accord, les hasards arrivent, mais cela paraît bien servir la construction du livre).
|
Toute question, remarque, suggestion est la bienvenue.