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MACHIDA Ko

(Osaka, 15/01/1962 -)

Machida Ko



Rock star, acteur, et auteur.
Fondateur du groupe punk Inu - "chien" en japonais - en 1978, qui se sépare en 1981 après que leur premier album (Meshi Kuuna) est sorti, Machida Kou passe par plusieurs groupes et connaît un certain succès.
Il sort un premier ouvrage (Kuge) en 1992, qui comprend des poèmes.
Son premier roman (Gussun Daikoku) sort en 1996 et obtient le prix Bunkamura.
En 1999, il écrit des textes sur des photos d'Araki Nobuyoshi.
Il a obtenu deux prix prestigieux : Akutagawa pour Charivari (2000) et Tanizaki pour Confessions (2005).

Charivari

Charivari (Kire Gire, 2000, 125 pages, Editions Picquier, traduit par Jacques Lalloz). Prix Akutagawa 2000.
L'originalité de ce roman réside dans son style, qui change souvent, du soutenu au relâché, voire au vulgaire, d'une phrase, voire d'un mot, à l'autre.
Il a la forme d'un monologue secoué dans tous les sens, comme la caméra bringueballante des films du Dogme cher à Lars Van Trier et ses petits camarades. C'est un peu agaçant, ça frise le truc, mais parfois ça marche, sans qu'on sache trop pourquoi.
Dans la tête de notre héros, c'est un fameux charivari qu'on trouve, un cocktail de réalité, de rêve, de fantasme et de désir... mais on a rarement de doute quant à ce qui est rêvé ou fantasmé (le narrateur très intelligent) ou ce qui est réel (le narrateur paumé).

L'histoire, plutôt succincte, met en scène un jeune homme qui a arrêté ses études un peu tôt ; il se laisse vivre, glandouille, tape de l'argent à sa mère quand il en a besoin, fréquente des pub-nuisettes, se saoûle, déconne grave, se croit supérieur à tout le monde, lui l'incompris, tellement intelligent.
Par exemple, lorsque sa mère organise une rencontre avec une jeune fille, pour un mariage éventuel :

"
« C'est un joli bateau, n'est-ce pas ? » m'a fait Nitta Tomiko. En quoi diable ce rafiot grotesque peut-il être joli ? Foutaise, je me dis. Je cogite : mais il se pourrait que ce soit moi-mézigue qui me sois mis le doigt dans l'oeil... ne te laisse pas aller, voyons ! Si la musique en sol dièse mineur ensorcelle les coeurs, c'est que la grande majorité du peuple de ce royaume est composée d'ignares, qui se jettent aveuglément sur tout ce qui est beau discours, que nombreux sont les veaux qui étourdissent leur peu de cervelle dans les rêves stéréotypés et la fantaisie la plus plate, que bien peu trouvent ce bateau grotesque, car l'avouer, c'est voir ricaner de soi et se faire traiter d'excentrique, peut-être finir misérablement ses jours dans la solitude et le désespoir ; n'empêche, ce qui est grotesque est grotesque, et pour commencer à quoi est-ce que je m'expose en épousant cet animal sans cervelle de Nitta Tomiko pour qui un pareil rafiot est « joli » ? A faire de mon foyer une vitrine de tout ce qui existe en matière de stérétotypes et de platitudes, à m'esclaffer bêtement en sa compagnie devant la télé, à aller au restau du coin me taper des lunchs frappadingues ou des boîtes-repas abracadabrantesques. Pas de ça, jamais ! J'ai dévisagé de nouveau Tomiko : un boudin. Connasséboudin." (pages 36-37).
S'ensuite une provocation pas très subtile mais assez marrante envers elle, ses parents et l'entremetteuse.

Le narrateur est un drôle de gars à qui il arrive d'avoir du mal à percevoir la réalité : "[...]
et c'est peu après que les fameux trous ont fait leur apparition dans l'espace autour de moi et que le téléphone s'est mis à présenter un cadran inversée." (page 84).
Même s'il est parfois bien léger, il lui arrive d'attacher beaucoup d'importance à pas grand chose et d'ajouter du signifiant dans des détails : il passe ainsi deux pages à tenter d'allumer une cigarette, dehors, alors qu'il pleut comme vache qui pisse : "
Si tu renonces à une clope maintenant, je me suis dit, le reste de ta vie ne sera plus qu'une suite de renoncements. Griller une clope sous le halo d'un réverbère au milieu d'un véritable déluge... C'est une ascèse, ta façon de porter ta croix." (page 70).

Un livre court, parfois un peu lourd, qui semble bouger mais ne va finalement nulle part...
Est-ce que l'absence quasiment proclamée de sens dans ce roman peut in fine donner un sens quant à l'absence de sens de la société, quelque chose comme ça, de même que l'excès de violence est parfois utilisé (chez Oliver Stone, notamment) pour dénoncer la violence ?
A force de bouger pour n'aller nulle part, le lecteur peut être gagné d'un léger vertige... Et comme l'écrivait Sacha Guitry : "Quand une oeuvre d'art vous donne le vertige, souvenez-vous que ce qui donne le mieux encore le vertige, c'est le vide."

Ayako, sur son très sympathique blog (écrit en français) http://folledetoi.over-blog.com/article-2744996-6.html#anchor précise "
Ce n'est pas tout ce qui m'a attirée; son écriture est extraordinaire. Ko Machida mélange exprès de plusieurs styles dans ses livres. Par exemple il emploie tout à la fois le dialecte à sa ville natale Osaka, une langue utilisée pendant l'ère Edo, ou une écriture extrêmement formelle."


Autre livre :
- Tribulations avec mon singe


Film d'après son oeuvre :
- Ningen no kuzu (2001), réalisé par Nakajima Takehiko.


Acteur dans les films suivants :
- Bakuretsu toshi (1982), réalisé par Ishii Sogo
- Robinson no niwa (1987), réalisé par Yamamoto Masashi
- Endless Waltz (1995), réalisé par Wakamatsu Koji
- Mizu no naka no hachigatsu (1995), réalisé par Ishii Sogo
- Yawarakai hada (1998), réalisé par Asakura Daisuke et Kinukawa Nakato
- Minato no rokishî (1999), réalisé par Ishikawa Jun, le réalisateur de Toky Takitani, d'après Murakami Haruki.
- Ôsaka monogatari (1999), réalisé par Morio Agata.
- H Story (2001), réalisé par Suwa Nobuhiro, l'auteur du surestimé M/Other.

- Kyoshin (2006), réalisé par Sogo Ishii.

 

- Site Officiel :http://www.machidakou.com/

Un extrait de l'album de 1981 du groupe Inu :

 

 

Beaucoup plus "pop", ce duo Ko Machida et Taiji Sato (single sorti en 2002) : Kokoro no Unitto.



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