"Maekawa Yutaka est né le 28 avril 1951 à Tokyo. Romancier et homme de lettres japonais, professeur de littérature japonaise il se spécialise en littérature comparée et américaine. Après son diplôme de droit, il enseigne au Japon et aux États-Unis. En 2011, le thriller psychologique Creepy remporte le 15ème grand prix de jeune auteur de littérature policière japonaise. Sa publication en 2012 marque le début de sa carrière d’écrivain." (site de l'éditeur Les Editions d'Est en Ouest).
A droite, la couverture japonaise
Creepy (Kurîpî ; クリーピー ; 2011). Roman traduit par Sylvain Cardonnel. Collection polar. Les Editions d'Est en Ouest. 315 pages. 15ème Grand Prix de jeune auteur de littérature policière japonaise.
Takakura enseigne la psychologie criminelle à l'université. Un jour, Nogami, un ancien camarade de classe avec qui Takakura n'était en fait pas très lié, le contacte. Il est policier.
"J'ai longtemps été affecté au commissariat de Kôjimachi. Puis j'ai été nommé au siège. D'abord à la section en charge du crime organisé. - Les yakuza ?...
- Oui, un travail très... physique ! Et puis, il y a deux ans, j'ai obtenu ma mutation au premier bureau des
enquêtes. Comme tu le sais, c'est le bureau qui s'occupe des crimes de sang. Question méchanceté, les méchants se ressemblent mais il en existe tant de différentes sortes que cela en devient perturbant !" (page 25).
Nogami veut son avis à propos d'une vieille affaire qu'il a été chargé de rouvrir et qui concerne la disparition d'une famille entière.
Quelque temps après, Nogami vient voir Takakura, chez lui cette fois-ci, et lui parle de ses voisins, du fait que l'emplacement des maisons est très similaire à celui de l'affaire dont il s'occupe... Ajoutons à cela que le voisin a l'air bien bizarre...On ne voit jamais sa femme, n'est-ce pas étrange ? Et il regarde d'une drôle de façon sa fille partir à l'école...
L'intrigue est globalement tirée par les cheveux, c'est parfois franchement exagéré, et on a du mal à croire à la sorte de pression psychologique dont le méchant est passé maître et qui lui permet de réussir l'impensable.
Et parfois, c'est pire : c'est carrément idiot. Par exemple, notre héros sait que le méchant a tué plusieurs personnes, mais on lit quand même :
"Nous n'avions pas encore tout à fait conscience des horreurs dont était capable [...]" (page 245). Combien de morts aurait-il fallu pour que cette conscience les pénètre tout à fait ?
Du point de vue de la forme, outre le fait que l'écriture n'est que très "fonctionnelle", il y a pas mal de petites fautes dans le texte français : "acquis de conscience" (page 57), "après que" très souvent suivi du subjonctif , beaucoup de "quelques temps" ; un "conservation" au lieu de "conversation", etc. Bref, ça pêche un petit peu au niveau de la relecture, j'espère que cela ira mieux dans les prochains livres que sortira la jeune maison d'édition.
Il y a quand même par moments une bonne atmosphère quasiment surnaturelle à tendance maléfique qui marque : je comprends que Kurosawa Kiyoshi (le réalisateur de Cure) ait adapté le livre.
Il a recentré l'histoire - et donc supprimé par exemple tout ce qui concerne l'étudiante - et en a fait une oeuvre beaucoup plus satisfaisante : il a senti que la méthode par laquelle le méchant parvient à imposer sa volonté devait être plus explicitée pour qu'on y croit (c'est certes encore un peu exagéré, surtout la fin... mais bon, ça peut passer) et en a finalement fait un film à lui, avec ses obsessions et les décors qu'il affectionne, et une mise en scène excellente.
Peut-être parce que le roman est le premier de Maekawa Yutaka alors que Kurosawa Kiyoshi a déjà une longue carrière derrière lui et est très à l'aise dans ce genre, toujours est-il que pour une fois, le film est bien meilleur que le livre dont il est tiré.
Affiche du film Creepy (2016), de Kurosawa Kiyohi.