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NAKAGAWA Hisayasu
(15/03/1931 - )
Universitaire, spécialiste de Diderot et de Rousseau. Professeur émérite à l'Université de Kyôto, vice-directeur de l'Institut international des hautes études de Kyoto, membre de l'Académie du Japon, il a également été directeur général du Musée national de Kyôto.
Il est fait chevalier de la Légion d'honneur en 2004.
Introduction à la culture japonaise (2005, 101 pages, Presses Universitaires de France).
Il s'agit d'un recueil d'articles écrits en français au Japon.
La quasi-totalité de ces articles ont d'abord "" (page 5).
Vous êtes donc prévenus, ça ne va pas être léger-rigolo comme L'Abécédaire du Japon, de Moriyama Takashi. Mais cela promet sans doute plus de profondeur...
L'auteur, lorsqu'il s'interroge sur les différences de traduction en français et en japonais d'une annonce faite dans un avion, convoque un philosophe français du siècle des Lumières pour... éclairer son propos (dans "Le monde plein et le monde vide").
Dans "Traduire l'identité", il traite du problème de l'expression de l'identité dans la langue japonaise grâce à la traduction japonaise du Rêve de d'Alembert, de Diderot.
"" (page 17). Ce n'est pas le cas pour les Japonais ; c'est l'objet de l'article "Lococentrisme", qui traite donc de la difficulté de définir un "je" absolu en Japonais.
Dans
"Du Partage religieux", il parle du bouddhisme et du shintoïsme.
" [...]" (page 23).
Ainsi, il est enterré pour moitié au cours d'une cérémonie bouddhique, et pour l'autre moitié selon le service commémoratif shintoïste. Les deux religions cohabitent.
Dans "La mort en fusion", Nakagawa traite du sujet suivant : "" (page 39). Et de citer Dostoïevski et Shôhei Ôoka (l'auteur de Feu dans la Plaine).
Dans "Endroit et l'envers", il montre que du moment que l'on respecte la lettre du règlement, on peut bien composer avec... c'est peut-être apparemment plus valable encore au Japon qu'en France...
"Tirer sans viser" est une réflexion sur la dichotomie "réflexion" et "activité", la notion "d'intuition-acte", et de tir à l'arc où il faut avoir pour but de tirer "" (page 60), et non pas de tirer pour atteindre la cible, ce qui ne donnerait qu'un tir sans intérêt.
Comme l'écrit Nakagawa : "" (page 60).
Mmm... c'est une bonne question... Je sens qu'il y a un truc qui m'a échappé. Il faudra que j'y réfléchisse encore...
"Du principe panoptique" permet de parler de Michel Foucault et du Panopticon (ah ! ça me rappelle mes cours de socio, quel bonheur !), de son application dans les prisons japonaises, et d'aboutir, via notamment des citations de la Bible à : "" (page 68). Un article (deux, en fait) un peu long.
A noter (même si Nakagawa, bizarrement, n'en parle pas) que l'application du principe panoptique la plus célèbre à la télévision est le Quartier de Haute Sécurité "Emerald City" de la série Oz : un surveillant au milieu, toutes les cellules en cercle autour, sur plusieurs niveaux, toutes les portes et murs étant vitrés de sorte qu'une seule personne puisse surveiller un maximum de détenus.
"Les arts japonais : juxtaposer pour enrichir" est un des articles les plus intéressants.
Il
pose la question "" (page 79).
Pour simplifier, Nakawaga montre que les oeuvres graphiques européennes (il prend comme exemple un Cézanne) sont généralement structurées autour d'un centre, tandis que dans leurs équivalents japonais (exemple : un tableau de Tessaï) "on ne peut pas parler d'un centre unique. C'est au contraire la juxtaposition de plusieurs lieux, des cimes, des cours d'eau, des bois, des pavillons et des ermites, qui procure au paysage sa structure et son relief. Cette caractéristique est profondément ancrée dans l'esprit japonais." (page 79).
Il parle de la coexistence des religions au Japon, et même des sectes : "" (pages 80-81).
Fort, non ?
Même le bentô répond à ce besoin de coexistence libre : on peut commencer par manger ce que l'on veut. "" (page 82).
Il en va de même pour la musique : en Occident, les écoles ont lutté les unes contre les autres (lullistes contre ramistes, glückistes opposés aux piccinistes...), en visant la disparition de leur adversaire.
Au contraire, le kabuki et la musique japonaise juxtaposent des systèmes différents.
Nakagawa parle aussi de l'art de l'encens, et plus particulièrement du jeu "kumikô" dans lequel on lit un poème, duquel on extrait des images qui sont associées à des parfums. "[...] " (page 85).
"" (page 86). Chaque art enrichit l'autre sans chercher à le supplanter.
A aucun moment l'auteur ne parle de Wagner et de son "art total". Comment voit-il la tentative wagnerienne de fusion des arts ?
Dans "Le nu tout nu et le nu caché", Nakagawa compare le statut de la nudité en Occident et au Japon, où "" (page 93).
Puis il commente plusieurs estampes, en mettant en lumière la "complémentarité chair-vêtement". (page 96). "" (page 98), ce qu'il met en valeur en analysant également deux haïkus de Bashô.
On pourrait dire que cela est également vrai dans le film d'horreur japonais (du moins dans ceux de Nakata Hideo - Ring, Dark Water...) qui suggère tellement plus que son cousin américain... d'accord, mon analyse ne tient pas compte de Pascal ou Diderot, mais au moins, je juxtapose les arts...
Et Nakagawa conclut : "" (page 101).
En conclusion : il faut par moments s'accrocher, les articles sont un peu disparates - pardon : juxtaposés -, et on a parfois l'impression de s'éloigner un peu du sujet commencé.
A part cela, c'est intelligent, cultivé et original - les analyses font intervenir la Bible, Pascal, Diderot, Dostoïevski, Cézanne, Utamaro... - et les articles, particulièrement ceux sur les arts, sont vraiment très intéressants.
Autre livre :
- Des Lumières et du comparatisme - un regard japonais sur le XVIIIème siècle
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