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SHIMIZU Kunio

(Nigata, 1936 - )



 

"Né à Nigata en 1936, il publie sa première pièce, Chomeijin, à l’université Waseda [...]
À partir de 1965, il s’engage pleinement dans l’écriture.
En 1969, il fait sensation avec Shinjo Afururu Keihakusa, la première production que Yukio Ninagawa met en scène et désormais, il appartient exclusivement au Ninagawa’s Gendaijin-Gekijo et la compagnie Sakurasha. Ensemble, ils travaillent surtout pour les jeunes générations.
[...] Après la disparition de Sakurasha, il fonde une nouvelle compagnie de théâtre, Kitosha, avec sa femme et actrice, Noriko Matsumoto. Il y joue un rôle très actif en tant qu’auteur et metteur en scène jusqu’à sa dissolution en 2001.

Il écrit également pour la radio et la télévision et est nominé pour le prix Akutagawa pour son œuvre Tsukigatakamawo Kainiiku Tabi.
Il reprend une collaboration avec Ninagawa en 1982, il écrit des pièces comme Tango Fuyuno Owarini (Tango à la fin de l’hiver) et Amenonatsu, 30ninno Juliet ga Kaettekita.

Il remporte le Izumi Kyoka Award de Littérature pour Wagatamashiha Kagayaku Mizunari en 1980 et le Yomiuri Award en Littérature pour Elegy Chichino Yumeha Mau
." (source : http://www.theatredelaville-paris.com/Publish/media/2854/CORBEAUX_NOS_FUSILS_SONT_CHARGES_pedago.pdf )

 

Corbeaux ! Nos fusils sont chargés ! (1971). Mise en scène de Ninagawa Yuki, au Théâtre de la ville, du 8 au 12 décembre 2014.

corbeaux

« On est des corbeaux noircis par la honte de l'homme. »

"Un vent de folie venu du Japon va envahir les travées du Théâtre de la Ville. Corbeaux ! Nos fusils sont chargés ! est un spectacle mythique de 1971 qui revient 43 ans après, transfiguré.

La pièce de Kunio Shimizu n’a rien perdu de sa verdeur et la mise en scène recréée du grand Yukio Ninagawa est plus que jamais explosive avec ses trente héroïnes, trente vieilles femmes en colère, en rut, parlant une langue magnifique à la fois poétique et ordurière.
Au tribunal N° 8 qui juge leurs petits-fils étudiants injustement accusés ou pas, mais victimes d’une justice véreuse et procédurière, elles déboulent, armées de balais et de bombes artisanales. Tout se renverse. Le président et les avocats en slip n’en mènent pas large.
La police cerne le bâtiment.

« Corbeaux nourris par la haine des hommes », elles redoublent d’audace, retrouvent leur jeunesse.
Un spectacle magnifiquement hors normes joué par des actrices et des acteurs de 64 à 89 ans accompagnés par 25 jeunes acteurs. Une mise en scène aussi invraisemblable que magistrale.
" (source :http://www.theatredelaville-paris.com/spectacle-corbeauxnosfusilssontchargesyukioninagawa-741 )

Quasiment tout est dit.

Le début est étrange (on peut la voir dans la vidéo ci-dessous). Sur le fond sonore du Spiegel im Spiegel d'Arvo Pärt, les acteurs sont dans des sortes de boîtes...

corbeaux

... puis deux jeunes arrivent, ils se lancent une grenade, hop hop, et puis l'un des deux fait une mauvaise passe, la grenade va vers la droite : baaam ! ça explose. Erreur ou attentat, on ne le sait pas. Ça a l'air d'être une erreur, mais que faisaient-ils avec une grenade ?

 

Une fois le nuage dissipé, on constate que la scène a changé (c'est rudement bien fait). On est dans le tribunal n°8, les deux jeunes sont jugés. Du côté des magistrats et de l'avocat, l'approximation règne. Surviennent les grands-mères et leurs copines, qui s'installent, font cuire de la nourriture... Et, le nombre faisant la force (sans compter la vieille qui balance pas mal de bombes), elles forcent les magistrats et l'avocat à enlever leur pantalon.

corbeaux    corbeaux    corbeaux

Et se mettent à les juger.
Il faut trouver un chef d'inculpation, mais en réfléchissant bien, le premier venu fait l'affaire.

Les forces de sécurité tournent autour du tribunal, les hélicos survolent le bâtiment, quelqu'un hurle dans un haut-parleur de bien vouloir libérer les otages...
"Mieux vaut mourir ici que d'une crise d'apoplexie dans les latrines", dit une vieille à un moment. Plus tard, elles préféreraient mourir ailleurs.

Certaines s'expriment mieux que d'autres :
"On a perdu la tête depuis longtemps, la haine nous a rendues folles depuis des centaines, des milliers d’années. On est des corbeaux noircis par la honte de l’homme. Une flûte en os humain et taillée avec des os humains résonne constamment dans notre cœur en poussant des cris déchirants. C’est pour cela qu’on ne peut mourir. On ne peut pas crever tant qu’on ne sait pas ce qu’est cette flûte. Ce que crie la flûte, est-ce le sang, est-ce le sommeil, ou bien un amour insaisissable... On est des corbeaux noircis par la honte de l’homme. Des corbeaux noircis."

C'est ouvertement décalé et loufoque ; parfois la provocation tourne un poil à vide, mais la mise en scène est réussie (avec une trentaine d'acteurs sur scène) : belle scène de lynchage au ralenti, notamment (il faut dire que les morts, ça n'est pas ça qui manque, dans la pièce !).


(On trouvera de nombreux commentaires au format pdf sur http://www.theatredelaville-paris.com/Publish/media/2854/CORBEAUX_NOS_FSILS_SONT_CHARGES_pedago.pdf ).

 

 

 


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