Littérature Japonaise
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"Hiroki Takahashi est né en 1979 dans la province d’Aomori, décor de son roman. En parallèle de son activité de professeur, il est musicien dans un groupe de rock et, bien sûr, auteur. Il s’est fait connaître avec la trilogie Yubi no hone, qui retrace le quotidien de soldats japonais pendant la Seconde Guerre mondiale, qui lui ont valu deux prix littéraires et une reconnaissance critique immédiate. Mais c’est Okuribi qui lui permet de décrocher le prix Akutagawa, un des plus prestigieux prix au Japon. C’est son premier roman à paraître en France." ( source : https://www.lisez.com/livre-grand-format/okuribi/9782714486455 )
Couverture : Cerise Heurteur Okuribi - Renvoyer les morts (Okuribi, 2018). Traduit du japonais par Miyako Slocombe. Belfond. 128 pages. Prix Akutagawa 2018. "Ayumu devina qu'il avait affaire à une figure importante de la classe. À force de multiplier les changements d’école, il avait développé une compréhension intuitive des rapports de force au sein d’un groupe." On nous révèle rapidement un élément prometteur pour l'histoire : "L'affaire des violences commises par Akira, il l'apprit le lendemain. À la fin des cours, alors qu'Ayumu se préparait à rentrer, le groupe des filles, à qui il n'avait même pas parlé jusqu’ici, s'approcha de lui : L’affaire qu’y a eu avec Akira, t'es au courant ? Ayumu resta interloqué. Elles se mirent alors à la lui raconter, avec des yeux bizarrement brillants." Et, bien sûr, ce qui doit arriver arrive, les éléments s'emboîtent : "Une semaine s’était écoulée depuis l’arrivée d’Ayumu dans l’établissement. Un après-midi après les cours, alors qu'il sortait sa bicyclette du parking à vélos situé à l’arrière de l’école pour se diriger vers la route nationale, il remarqua un groupe d'élèves formant un cercle devant l’ancien bâtiment. L’un d’eux leva la tête et lui jeta un regard. C’était Akira. Comme il lui faisait signe de les rejoindre, Ayumu regagna l’enceinte de l'établissement." C'est ainsi qu'Ayumu rejoint le petit groupe de garçons et va participer à des jeux aux enjeux divers... Bien sûr, je m'attendais à ce qu'ils dérapent, qu'il y ait des humiliations, des rapports de force tordus, de la triche, de la manipulation, et des blessés, des morts, car j'avais (quel idiot !) lu la présentation de l'éditeur : "Par le lauréat du prestigieux prix Akutagawa, un roman impressionnant dans la lignée de Battle Royale. Entre lyrisme et violence, une œuvre glaçante et hypnotique sur la psyché adolescente, dans un Japon inattendu, loin des clichés." ( https://www.lisez.com/livre-grand-format/okuribi/9782714486455 ) C'est cette publicité qui m'a gâché la lecture. Parce que, même si je n'ai pas encore lu le bouquin de Takami Kōshun, Battle Royale, j'avais vu le film de Fukusaku Kinji à sa sortie (il y a vingt ans !) et je me souviens bien de ce qui s'y passe, de la violence, du paquet de morts, du bruit et de la fureur, de Kitano, de l'ambiance dans la salle de cinéma, ça avait été une vraie "claque" à l'époque (chouette époque où le cinéma existait encore et où les morts étaient surtout sur l'écran). Donc, me plongeant dans un livre se situant dans cette lignée, je m'attendais logiquement à ce qu'il y ait des ingrédients non pas identiques, mais similaires. Que nenni ! (évidemment, un éditeur n'est pas un critique littéraire, mais bien un marchand). J'aurais dû me douter qu'il y avait un problème : l'éditeur, faisant le grand écart (ou un "en même temps" macronien), me promettait une oeuvre glaçante et hypnotique tout en étant lyrique et violente (un lyrisme glaçant, qu'est-ce donc ? un glaçon chaud ?). Et puis où est le Japon inattendu ? En quoi l'est-il ? (la violence à l'école, est-ce inattendu ? il y a, me semble-t-il, dans la littérature et les films japonais, plus de scènes d'école que dans ceux du reste du monde ? Alors ?) Pour dire la vérité, le style n'est pas lyrique : il est plutôt sobre (et ça n'est pas un défaut). L'ambiance, intrigante, est bonne, avec les mois qui passent, la nature qui change, et l'attente qu'il se passe vraiment quelque chose (ce n'est pas tout à fait le Désert des Tartares, mais pour moi il y a un peu de ça... à cause de l'éditeur ?), les jeux qui dérapent, la tentative, de la part du lecteur, de compréhension des motivations d'Akira. Et puis, il y a la fin. Ce court roman est donc pas mauvais, mais il me rappellera surtout de ne jamais lire ce qu'écrivent les éditeurs (ou bien après coup, ça peut être amusant).
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