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TAKAHASHI Hiroki

(08/12/1979 - )

  Takahashi Hiroki

"Hiroki Takahashi est né en 1979 dans la province d’Aomori, décor de son roman. En parallèle de son activité de professeur, il est musicien dans un groupe de rock et, bien sûr, auteur. Il s’est fait connaître avec la trilogie Yubi no hone, qui retrace le quotidien de soldats japonais pendant la Seconde Guerre mondiale, qui lui ont valu deux prix littéraires et une reconnaissance critique immédiate. Mais c’est Okuribi qui lui permet de décrocher le prix Akutagawa, un des plus prestigieux prix au Japon. C’est son premier roman à paraître en France." ( source : https://www.lisez.com/livre-grand-format/okuribi/9782714486455 )

 

Okuribi
Couverture : Cerise Heurteur

Okuribi - Renvoyer les morts (Okuribi, 2018). Traduit du japonais par Miyako Slocombe. Belfond. 128 pages. Prix Akutagawa 2018.

Ayumu, notre héros, est un collégien.

"Ayumu était arrivé dans cette région au début du printemps, quand il gelait encore au petit matin. Son père, employé d'une société de commerce, était régulièrement muté et les déménagements se succédaient, la famille se déplaçant toujours plus vers le nord de l'archipel. Alors qu’ils étaient installés depuis environ un an et demi à Tôkyô, le père avait appris, en interne, une nouvelle mutation. Cette fois le poste se trouvait bien plus au nord, à Hirakawa. Lorsqu'il avait entendu ce nom, Ayumu était demeuré perplexe. La géographie était son domaine, pourtant il n’en avait jamais entendu parler. Il s’agissait d’une nouvelle municipalité, issue de la fusion entre plusieurs villes et villages de la région de Tsugaru. Compte tenu du poste qu’occuperait son père, il était très probable qu’à sa prochaine mutation on lui confie une fonction administrative au siège à Tôkyô. L’entreprise avait apparemment pour coutume d'envoyer ses employés dans une région reculée avant de les promouvoir." (page 7).

Voici le père et le fils qui reviennent des bains publics :
"Sur le chemin du retour, Ayumu, le visage encore rouge de chaleur, contemplait la rivière en sirotant une bouteille de lait caféiné froid et sucré. À ses côtés, son père, le visage rouge lui aussi, buvait un lait à l'arôme de fruits. Une grille métallique les séparait de la berge, et au-delà de cette grille on tombait sur une digue de cinq mètres de haut environ. La rivière s’étendait en contrebas. La berge opposée était reliée au versant d’une montagne escarpée, ce qui donnait l’impression que les eaux coulaient au fond d’une vallée."
On est bien loin de Tokyo !

Cela va faire la troisième fois que Ayumu change d'école. Cette fois, il arrive en début d'année scolaire (avril au Japon), en troisième année, dans un établissement qui va bientôt fermer - d'où l'ambiance renforcée de fin de quelque chose - pour être intégré à l'école du centre-ville.

Il fait la connaissance d'un jeune garçon, Akira.
"Ayumu devina qu'il avait affaire à une figure importante de la classe. À force de multiplier les changements d’école, il avait développé une compréhension intuitive des rapports de force au sein d’un groupe."
On nous révèle rapidement un élément prometteur pour l'histoire :
"L'affaire des violences commises par Akira, il l'apprit le lendemain.
À la fin des cours, alors qu'Ayumu se préparait à rentrer, le groupe des filles, à qui il n'avait même pas parlé jusqu’ici, s'approcha de lui : L’affaire qu’y a eu avec Akira, t'es au courant ? Ayumu resta interloqué. Elles se mirent alors à la lui raconter, avec des yeux bizarrement brillants.
"

Et, bien sûr, ce qui doit arriver arrive, les éléments s'emboîtent :
"Une semaine s’était écoulée depuis l’arrivée d’Ayumu dans l’établissement. Un après-midi après les cours, alors qu'il sortait sa bicyclette du parking à vélos situé à l’arrière de l’école pour se diriger vers la route nationale, il remarqua un groupe d'élèves formant un cercle devant l’ancien bâtiment. L’un d’eux leva la tête et lui jeta un regard. C’était Akira. Comme il lui faisait signe de les rejoindre, Ayumu regagna l’enceinte de l'établissement."

C'est ainsi qu'Ayumu rejoint le petit groupe de garçons et va participer à des jeux aux enjeux divers...
Bien sûr, je m'attendais à ce qu'ils dérapent, qu'il y ait des humiliations, des rapports de force tordus, de la triche, de la manipulation, et des blessés, des morts, car j'avais (quel idiot !) lu la présentation de l'éditeur : "Par le lauréat du prestigieux prix Akutagawa, un roman impressionnant dans la lignée de Battle Royale. Entre lyrisme et violence, une œuvre glaçante et hypnotique sur la psyché adolescente, dans un Japon inattendu, loin des clichés." ( https://www.lisez.com/livre-grand-format/okuribi/9782714486455 )
C'est cette publicité qui m'a gâché la lecture. Parce que, même si je n'ai pas encore lu le bouquin de Takami Kōshun, Battle Royale, j'avais vu le film de Fukusaku Kinji à sa sortie (il y a vingt ans !) et je me souviens bien de ce qui s'y passe, de la violence, du paquet de morts, du bruit et de la fureur, de Kitano, de l'ambiance dans la salle de cinéma, ça avait été une vraie "claque" à l'époque (chouette époque où le cinéma existait encore et où les morts étaient surtout sur l'écran). Donc, me plongeant dans un livre se situant dans cette lignée, je m'attendais logiquement à ce qu'il y ait des ingrédients non pas identiques, mais similaires. Que nenni ! (évidemment, un éditeur n'est pas un critique littéraire, mais bien un marchand).
J'aurais dû me douter qu'il y avait un problème : l'éditeur, faisant le grand écart (ou un "en même temps" macronien), me promettait une oeuvre glaçante et hypnotique tout en étant lyrique et violente (un lyrisme glaçant, qu'est-ce donc ? un glaçon chaud ?). Et puis où est le Japon inattendu ? En quoi l'est-il ? (la violence à l'école, est-ce inattendu ? il y a, me semble-t-il, dans la littérature et les films japonais, plus de scènes d'école que dans ceux du reste du monde ? Alors ?)

Pour dire la vérité, le style n'est pas lyrique : il est plutôt sobre (et ça n'est pas un défaut).
L'ambiance, intrigante, est bonne, avec les mois qui passent, la nature qui change, et l'attente qu'il se passe vraiment quelque chose (ce n'est pas tout à fait le Désert des Tartares, mais pour moi il y a un peu de ça... à cause de l'éditeur ?), les jeux qui dérapent, la tentative, de la part du lecteur, de compréhension des motivations d'Akira. Et puis, il y a la fin.
Ce court roman est donc pas mauvais, mais il me rappellera surtout de ne jamais lire ce qu'écrivent les éditeurs (ou bien après coup, ça peut être amusant).



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